Participez aux débats sur l'énergie de demain
 - Professeur honoraire au CNAM

Auteur
Professeur au Conservatoire national des Arts et Métiers, Jacques Foos a tenu la chaire de "rayonnements, isotopes et applications", de 1983 à 2008, formant ainsi plusieurs centaines d'ingénieurs...

Electricité : les taxes doublent presque le coût du kWh


vendredi 29 mai 2015

L'instauration de la CSPE en 2002 et d'autres taxes en 2011 et 2012 a eu un effet impressionnant : leur part en pourcentage par rapport au prix du kWh s'élève à 90 %...














Pourquoi ne nous présente-t-on jamais cette courbe terriblement ascendante représentant les taxes (hors TVA) qui doublent pratiquement aujourd'hui le coût du kWh sur notre facture d'électricité par rapport à celle de 2001 quand ces taxes n'existaient pas ?



     
















La plus importante de ces taxes est la CSPE (Contribution au Service Public d'Électricité). Elle date de 2002 et reflète essentiellement le surcoût associé aux politiques de soutien aux énergies renouvelables et à la cogénération, selon les termes de la loi du 10 février 2000. Deux autres taxes vont s'ajouter en 2011 et 2012. On voit ainsi que ces diverses ponctions, si pratiques dans l'usage et apparemment si indolores vu la non-réaction des usagers, n'ont cessé de croître.

De plus, la TVA, une « taxe sur les taxes », s 'applique, à hauteur de 20% sur les 2/3 du montant pour les deux premières et 5,5% pour la 3e.
     
 Et ce n'est pas fini !

En 2016, une nouvelle taxe va s'ajouter : un bonus/malus en application de la loi sur « la tarification progressive de l'énergie » votée par les députés le 11 mars dernier. Pour chaque site de consommation, on calculera un volume raisonnable de consommation. Sur quelle base ? Comment sera calculée la consommation d'une famille où tant de critères vont intervenir entre l'espace à vivre, le chauffage ou non à l'électricité, le nombre de personnes dans le foyer, leur âge, etc. ?

La part de consommation qui dépassera ce volume sera pénalisée par un malus, la part en deçà bénéficiant d'un bonus. Pour les foyers bénéficiaires de tarifs sociaux, le malus sera minoré : un bonus dans le malus en quelque sorte ! On ne sait pas si, en cas de dépense moindre, ils auraient droit à un « bonus majoré » ?.

Amusons nous à aller plus loin : nos députés ne vont-ils pas imaginer ensuite un malus dans le bonus pour des foyers dits « aisés » qui dépenseraient moins d'énergie que leur volume de base mais à qui on appliquerait un « bonus minoré » ! Plus fort qu'Ubu !

Pourquoi un tel acharnement sur le consommateur ?

Quel argument justifie cet acharnement. Pas écologique en tout cas puisque, en France, près de 90% de la production d'électricité se fait sans émission de gaz à effet de serre. Notre pays est l'un des meilleurs élèves en Europe et même dans le monde, comme on le sait. Que veut-on au contraire ? Que le consommateur qui, jusque-là se chauffait à l'électricité se mette, s'il le peut, à se chauffer au bois, au gaz, au charbon ou au fuel pour baisser ainsi sa consommation électrique et rester dans le volume du bonus ? Où est l'intérêt ? Augmenter ainsi les rejets de gaz à effet de serre et sortir du groupe de tête des bons élèves en cette matière ?

Plus fort encore, le P-DG d'EDF, Jean-Bernard Lévy, a expliqué dans une interview le 19 mai sur Europe 1 qu'une forte augmentation du kWh en France se justifie par le fait que nous avons beaucoup de retard sur nos voisins allemands qui paient ce kWh 88% plus cher que nous et donc qu'il convient que nous comblions ce retard, ce qui permettra de financer les énergies renouvelables !

Dans tous les cas, le consommateur est désarmé devant ces diverses ponctions et augmentations qui s'ajoutent les unes aux autres à une fréquence de plus en plus élevée. Un véritable marché libre de l'électricité devrait permettre au consommateur de choisir la source de production d'électricité la plus économique et la plus écologique, sans subvention pour aucune de ces sources. A chaque producteur d'assumer et de définir un coût de kWh qui prend en compte toutes les dépenses avec ainsi un coût réel.
Réagissez à cet article
 (10) 
Nom *
Email *
Votre commentaire * (limités à 1500 caractères)
10 commentaire(s)
[1]
Commentaire par Gépé
vendredi 29 mai 2015 18:20
La taxation de l'énergie doit être utilisée pour réduire le cout du travail, à niveau constant.
[2]
Commentaire par Gépé
samedi 30 mai 2015 07:22
Cette taxation de l'énergie correspond à "l'internalisation des couts externes".
[3]
Commentaire par Gépé
samedi 30 mai 2015 07:28
En conclusion, il faut financer les retraites par une taxe sur l'énergie. Qui voudrait en débattre?
[4]
Commentaire par Gépé
dimanche 31 mai 2015 07:36
Taxer l'énergie nucléaire inciterait à réduire sa consommation et permettrait aussi de bénéficier de la rente nucléaire.
[5]
Commentaire par Gépé
dimanche 31 mai 2015 17:22
Non, M. Foos, le marché n'est pas capable de s'appliquer à l'énergie, car il faut tenir compte du climat, du chomage, de la croissance. Il faut établir un équilibre entre le cout du travail et le prix de l'énergie par la fiscalité.
[6]
Commentaire par M.Mathieu
lundi 01 juin 2015 11:40
Bonjour, Il y a une erreur d'unité dans le titre de votre article (kWh et pas kWH)
[7]
Commentaire par papijo
lundi 01 juin 2015 21:20
Six morts de froid parmi les SDF en décembre 2014 d'après le Figaro: http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2014/12/30/01016-20141230ARTFIG00330-au-moins-six-sans-abri-morts-a-cause-du-froid-en-france.php. Gépé, en rendant l'énergie plus chère, vous espérez combien de morts de froid l'hiver prochain ?
[8]
Commentaire par Gépé
mardi 02 juin 2015 07:50
Non, Papijo, il ne s'agit pas d'énergie plus chère, mais de réduire le cout du travail. Cela correspond à un double raisonnement; répartir les charges sur le travail et sur l'énergie. Merci.
[9]
Commentaire par papijo
mardi 02 juin 2015 13:24
Gépé, si on veut réduire le coût du travail sans pénaliser les plus pauvres (ou sans favoriser les copains "bobos"), on peut par exemple taxer les revenus des particuliers, ou la propriété des terrains (avec exemption pour l'outil de travail). En taxant l'énergie, on ne fait que transférer de l'argent des "pauvres mal isolés et roulant dans une vieille voiture" vers les ménages financièrement à l'aise, possédant un logement bien isolé et une voiture neuve ! Autre exemple de "fiscalité écolo anti-sociale": offrir une prime de 10 000 euros aux bobos pour l'achat d'une voiture électrique en échange de la vieille diésel qu'utilisait le fiston, ou la bonne, ou qui ne servait qu'à la campagne ... Croyez-vous qu'un "pauvre" qui roule en diésel dans une vieille voiture parce qu'il habite loin de son boulot a de quoi s'offrir une voiture neuve (qui n'aura en plus pas l'autonomie permettant de faire l'aller-retour jusqu'à son boulot, surtout s'il y a quelques côtes ou si le vent souffle dans le mauvais sens !) ?
[10]
Commentaire par SolarHome
jeudi 11 juin 2015 01:36
Plutôt que de faire de l'intox primaire anti-renouvelables en diabolisant la CSPE qui ne représente que 10% de la facture EDF, j'ai une question très impertinente pour Monsieur le Professeur: Si un pilote fou d'une compagnie Low Cost (genre Germanwing...) avait la mauvaise idée de crasher son Airbus à 700 km/h, chargé de 50 T de kérosène, sur un des réacteurs d'étude de Cadarache ou sur la piscine des combustibles usagés de La Hague, elle se chiffrerait à combien la taxe que les moutons-contribuables Français seraient obligés de payer ????
PARTICIPEZ !
Cet espace est le vôtre !
La chaîne Energie de LExpansion.com
vous ouvre ses colonnes. Partagez vos analyses !