Participez aux débats sur l'énergie de demain

Auteur
Diplômé de l'Institut d'études politiques de Lille, de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences sociales et du Celsa-Paris, Gery Lecerf est responsable des affaires publiques dans une société du secteur de...

Europe : voile de brume sur l'avenir du gaz


lundi 06 avril 2009

Un quart des approvisionnements de l'Europe en gaz viennent de Russie. Tout le monde est d'accord pour les diversifier. Encore faut-il que la demande en gaz se maintienne


La crise russo-ukrainienne de ce début d’année, les perspectives incertaines pour la consommation de gaz naturel à l’horizon 2030 et la crise économique, ont jeté un voile de pessimisme sur l’avenir de cette ressource en Europe. L’approvisionnement serait menacé et, de surcroît, les débouchés pourraient se réduire.

Mais ce discours de Cassandre est-il justifié ?

Sur le premier point, la médiatisation des vicissitudes ukrainiennes et de leur impact sur l’approvisionnement européen n’a pas permis d’analyser froidement la situation. Aujourd’hui, 25% des approvisionnements de l’Europe en gaz viennent de la Russie. Faut-il s’inquiéter ? Claude Mandil, ancien directeur de l’AIE, soulignait il y a quelque mois que l’Union européenne, en se montrant plus inquiète qu’elle ne devrait l’être, donnait des armes à la Russie, qui se croit plus forte qu’elle ne l’est. Certes. Et le fait que la Russie dépende très largement de l’Europe pour écouler sa production nous met en partie à l’abri d’arbitrages dictés par la raison politique.

Néanmoins, les risques existent. Dès lors, le mot d’ordre – aujourd’hui largement partagé – tient en trois mots : diversification des approvisionnements. Cela veut dire augmenter la capacité des gazoducs existants, notamment ceux provenant de la mer du Nord, afin de mieux bénéficier des ressources de la Norvège ou du Danemark. Cela veut dire aussi investir dans le GNL et dans les terminaux méthaniers qui permettent de l’accueillir. Pour cela, il faudra gérer le trop fameux syndrome NIMBY (« Not In My Back Yard ») qui risque de geler certains projets. Cela veut dire améliorer la fluidité du transit au sein du marché intérieur européen : le gaz étant très majoritairement importé, il emprunte forcément les tuyaux d’un voisin pour arriver à destination. Avec des investissements ciblés, on pourra à l’avenir mieux bénéficier du gaz algérien qui ne peut pas encore remonter par gazoduc vers la France, en raison d’une interconnexion franco-espagnole unidirectionnelle. Enfin, la patate chaude des projets de gazoducs South Stream, North Stream et Nabucco, qui cherchent tous à éviter l’Ukraine, devra être réglée … Tout en gardant à l’esprit que multiplier les tuyaux, c’est bien, mais être certain de pouvoir les remplir, c’est mieux.

En complément, il faut bien évidemment améliorer les mécanismes de solidarité au sein même de l’UE, mais également vis-à-vis de certains pays membres de la Communauté de l’énergie qui associe l’UE et les pays des Balkans.

Reste que la sécurisation de l’offre n’a de sens qu’en réponse à une demande. A ce propos, les sons de cloche diffèrent. Selon certains analystes comme W. C. Ramsay de l’IFRI, le gaz devrait continuer à jouer un rôle de plus en plus déterminant.

Dans le scénario business as usual de la Commission européenne, la consommation d’énergie primaire de l’Union européenne augmenterait de 10% d’ici à 2030, et ce essentiellement grâce à la consommation gazière poussée par la production d’électricité via le gaz. Les nombreux projets de développement de centrales électriques à cycle combiné gaz en Europe permettent d’attester cette perspective. Les objectifs 3x20, désormais actés par l’Union européenne, pourraient également avoir tendance à favoriser la substitution de centrales à charbon par des centrales à gaz plus performantes sur le plan des émissions de CO2.

D’autres scénarios, prenant en compte les objectifs de type « Grenelle », prévoient une relative stabilité de la consommation gazière. La faiblesse principale du gaz réside dans le fait qu’il s’agit d’une énergie substituable pour un certain nombre d’usages. Le récent conflit sur les intérêts comparés du chauffage électrique et du chauffage au gaz, lors débat législatif sur le Grenelle de l’environnement, en est une illustration
PARTICIPEZ !
Cet espace est le vôtre !
La chaîne Energie de LExpansion.com
vous ouvre ses colonnes. Partagez vos analyses !
Auteur
Diplômé de l'Institut d'études politiques de Lille, de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences sociales et du Celsa-Paris, Gery Lecerf est responsable des affaires publiques dans une société du secteur de...

Lire la suite

Du même auteur