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Auteur
Léa-Sarah Goldstein, journaliste, collabore à "la chaîne Energie".Léa-Sarah Goldstein a 26 ans. Après une classe préparatoire de Lettres Supérieures au Lycée Paul Valéry de Paris, puis,...

Radioactivité du volcan islandais : la note rassurante de l’IRSN


mercredi 16 juin 2010

L'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire le confirme : oui, le nuage du volcan Eyjafjöll est bien passé au-dessus la France. Mais, pas d'inquiétude : il était bien trop haut pour que ses cendres radioactives n'affectent significativement le territoire.


Le nuage du volcan Eyjafjöll n’a pas eu de retombées radioactives dangereuses sur le sol français. C’est en tout cas ce qu’il ressort de la note de l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire), parue le 10 juin 2010. Dans le cadre de sa mission de surveillance journalière de la radioactivité de l’atmosphère, l’institut "a  porté une attention particulière au suivi du panache volcanique au-dessus du territoire français" dont les conclusions sont aujourd’hui rendues publiques.

Selon cette étude, ce sont les conditions météorologiques -peu de précipitations et peu de vent- qui auraient épargné le sol français de retombées de poussières. '"En raison de la dilution des masses d’air, de l’altitude de transport des cendres et de leurs relativement faibles teneurs en uranium et en thorium à l’origine, et de l’absence de précipitations pluvieuses qui auraient pu rabattre les poussières pendant cette période, les résultats de mesures s’inscrivent dans les plages de variations habituellement constatées en France".

Ainsi, l’étude montre que le "panache s’est maintenu relativement en altitude (entre 1000 et 2000m) entre le 15 et les 21 avril", distance à laquelle le signal de rétrodiffusion caractéristique de particules volcaniques se perd. L’IRSN accorde cependant que selon les calculs de l’INERIS (Institut National de l’Environnement Industriel et des Risques), la première intrusion du nuage au-dessus de la France "aurait pû entraîner ponctuellement un excédent d’empoussièrement de l’ordre d’une dizaine de Hg/m3 et ce, essentiellement sur une portion du territoire allant des côtes normandes à la Forêt Noire".

C’est à Rouen, dans la nuit  du 18 au 19 avril, que  l’empoussièrement  aurait été le plus élevé, "d’environ 10 % 4, soit tout au plus une dizaine de Hg/m3 d’air". Selon l’INERIS, les niveaux d’uranium- 238 et de thorium-232 relevés dans les cendres (2 ppm), et leur "activité volumique portée (…) dans le compartiment atmosphérique au niveau du sol" a représenté environ 1 HBq/m3 pour l’uranium-238 et 0,8 HBq/m3 pour le thorium-232. Soit des niveaux de un à dix millions de fois moins élevés que le niveau en césium-137 le plus élevé mesuré en France lors du passage du nuage de Tchernobyl en avril-mai 1986.

Lire la note de l’IRSN dans son intégralité

Voir l’article d’Hervé Nifenecker "Le nuage du volcan Eyjafjöll plus radioactif que Tchernobyl"



6 commentaire(s)
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Commentaire par BELBEOCH Bella
mercredi 16 juin 2010 17:00
La minimisation des effets sur la santé du césium 137 est scandaleuse, en particulier pour les femmes enceintes, les adolescents et enfants de 1986. Il n'y a pas que le Cs137 et dès août 1986 les experts soviétiques annonçaient le rôle nocif que jouerait le strontium 90 à l'avenir, et cet avenir est devenu le présent au Bélarus pour les habitants de zones contaminées proches de la zone interdite, ceux vivant sur des taches de strontium situées le long de toutes les rivières se dirigeant vers la Russie et aussi en Russie au-delà de la frontière. Et là où il y a eu du Sr90 il y a eu aussi du plutonium...
Les mineurs, les travailleurs sur uranium meurent de cancer. Mais il y a d'autres effets nocifs comme ceux affectant les travailleurs de l'usine du Bouchet fermée en 1971 et difficiles à « recaser » car leur santé était mauvaise. Au lieu d'exercer ses talents sur les quelques centaines de kilos d'uranium qui ont été rejetés très haut par le volcan islandais Hervé Nifenecker devrait s'inquiéter des 199 900 tonnes d'oxyde d'uranium appauvri stockées à Bessines dans des hangars, sous forme de poudres directement inhalables. Le crash d'un avion gros porteur, accidentel ou par action terroriste, avec explosion de kérosène et incendie, quel beau panache d'aérosols nocifs cela ferait, à faible hauteur celui-là, arrosant au gré des vents tout le Limousin et bien au-delà. La population, les élus, les commissaires enquêteurs avaient refusé le stockage mais pas le pré
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Commentaire par Une_blague
jeudi 17 juin 2010 08:19
C'est la même blague qu'à l'époque de Tchernobyl.
Sauf que cette fois le nuage de s'arrête pas à la frontière, il survole le pays sans y faire étape.
Les éléments lourds volent comme par magie sans jamais atteindre le sol.
C'est incroyable ce qu'on arrive à raconter de nos jours.
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Commentaire par Nifenecker
dimanche 27 juin 2010 13:44
Je me réjouis de cette intervention un peu tardive, de l'IRSN. Les chiffres donnés concernant les quantités d'uranium et de thorium envoyés dans l'atmosphère et ceux que j'avais estimés ne sont guère différents: 400 tonnes d'uranium et 1300 tonnes de thorium pour l'IRSN, 600 tonnes et 1800 tonnes pour mon estimation sommaire.
Je ne comprends pas bien pourquoi l'IRSN retient le facteur 4 entre l'activité de l'Uranium 238 et celle de la chaîne de désintégration puisque les éruptions volcaniques donnent généralement lieu à ample émission de Radon et de Polonium.
L'IRSN fait une estimation des retombées sur la France. C'est, bien sûr justifié pour un organisme français. Mais on aurait pu espérer que la réflexion sorte du seul cadre franco-français. Le fait est que la totalité de l'Uranium et du thorium retombera bien quelque part, à plus ou moins longue échéance. La plus grande partie des retombées aura (ou a déjà eu) lieu sur l'Islande, tout comme celles de Tchernobyl ont eu lieu en Ukraine ou en Biélorussie. Doit on considérer que la vie d'un Islandais ne vaut pas celle d'un Français? Comme je l'avais suggéré, l'estimation de l'IRSN pour la France est rassurante, tant mieux pour nous.
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Commentaire par Nifenecker
dimanche 27 juin 2010 13:48
Dans sa comparaison avec les retombées de Césium 137 due à Tchernobyl, l'IRSN ne prend en compte que les activités. Il y a lieu de compléter cette approche par une comparaison en terme de radiotoxicité. Si, en ce qui concerne l'ingestion, les radiotoxicités du Césium et de l'Uranium sont du même ordre de grandeur, il n'en n'est pas de même de la radiotoxicité à l'inhalation qui est pluieurs centaines de fois plus grande pour l'uranium 238 que pour le Césium 137.
L'IRSN estime que, en France, l'activité radioactive au niveau du sol due à l'éruption islandaise est environ 500 fois plus faible que celle observée habituellement. En même temps, il affirme que l'activité au sol, en France, due au Césium de Tchernobyl serait de un à dix millions de fois plus importante que celle due à l'éruption. Elle ne serait donc qu'environ 1000 à 10000 fois plus forte que celle observée du fait de la radioactivité naturelle. Si on applique les facteurs de dose à l'inhalation on voit donc que la radiotoxicité due au Césium 137 ne serait qu'une dizaine de fois plus importante que celle due à la radioactivité naturelle. Ajoutons que le Césium 137 est, en pratique, fixé dans le sol alors que la source essentielle de radioactivité alpha, le Plomb 210 est bien en suspension dans l'air et susceptible d'être inhalé. Il est donc certain que la radiotoxicité naturelle à l'inhalation est bien supérieure à celle due au Césium 137 de Tchernobyl.
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Commentaire par Nifenecker
dimanche 27 juin 2010 14:31
Il me semble indispensable que l'IRSN replace systématiquement les conséquences des incidents et accidents nucléaires dans le cadre de la radioactivité naturelle, d'autant plus qu'on n'a jamais démontré la toxicité de l'irradiation naturelle. Une telle approche permettrait de rassurer nos concitoyens dont la peur de la "radioactivité artificielle" touche à l'obsession. Ceci n'ôte rien à la nécessité de respecter des normes, tout comme il est nécessaire de respecter les limitations de vitesse même lorsque ces limitations ne nous paraissent pas justifiées.
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Commentaire par Nifenecker
dimanche 27 juin 2010 17:34
@Bella.
Je découvre ton commentaire qui me mets en cause. Ta passion ne devrait pas t'empêcher de garder ton sens critique. D'un côté tu dis (à tort) que je minimise les effets du césium 137. D'autre part tu soulignes les dangers de l'uranium. Quelques réflexions sur ton commentaire. L'uranium est surtout un toxique chimique pour les reins et le système nerveux. Comparée à cela sa radiotoxicité est assez faible. Les cancers des mineurs sont liés au Radon, tu le sais, et non à l'uranium. Et la santé des ouvriers qui ont travaillé sur l'uranium comme ceux du Bouchet est plutôt lié à sa toxicité chimique. Mais ce n'est pas moins grave pour cela. Compte tenu du régime de Loukachenko ce qu'on dit sur la Biélorussie me semble peu fiable, dans un sens ou dans l'autre. Je pense qu'il est préférable de s'appuyer sur les observations faites en Ukraine. Le forum Tchernobyl ne fait pas mention d'effets nets du césium 137 sur les populations. Il est vrai que toute irradiation importante des femmes enceintes peut entraîner des malformations congénitales des enfants.
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