Le péage urbain : une idée qui plait à l'Europe, mais pas à Paris
lundi 15 mars 2010
Relancée par Chantal Jouanno dans la campagne des municipales, l'idée de créer un péage urbain à Paris n'a pas fait l'unanimité. Pourtant, en Europe, de nombreuses villes sont passées à l'acte, et leur bilan est loin d'être négatif. Et vous, qu'en pensez-vous?
En Allemagne, bien avant la crise que traverse l’industrie automobile, le Gouvernement avait proposé une "prime à la casse" de 2 500 €, et, de nombreuses initiatives avaient été prises par les villes pour inciter les automobilistes à acquérir des véhicules légers moins polluants. Depuis le 1er janvier 2008, à Berlin, Cologne et Hanovre, seuls les véhicules répondant à des normes très précises sont autorisés à circuler dans les zones à faibles émissions polluantes (ZFE pour Umweltzonen). Ils doivent être munis d'une vignette spécifique, vendue entre 5 et 10 euros. D'autres villes d'Allemagne se sont engagées sur la même voie - Stuttgart , ainsi qu’une dizaine de villes du Bade-Würtemberg - suivent cet exemple qui s’inspire d’expériences menées dans une soixantaine d’autres villes européennes (4 en Suède, 16 aux Pays-Bas, 5 au Danemark…).
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À Stockholm, les élus ont souhaité diminuer fortement la circulation intramuros et ont interrogé, par référendum, les habitants sur l’opportunité un "péage de ville". Une (petite) majorité y étant favorable, il a été mis en place en 2007. Le montant de la taxe d’entrée ou sortie du centre-ville varie de 10 à 20 couronnes (1,05 à 2,10 euros) selon les horaires, avec un plafond de 60 couronnes (6,30 euros) par jour et par véhicule. Les revenus du péage sont réinvestis dans les transports en commun et les premiers résultats sont positifs. Le nombre de kilomètres parcourus en centre-ville a chuté de 15 % et s’est accompagné d’une réduction des particules fines de 13%.
Le pari gagnant de la municipalité de Londres
La municipalité du Grand Londres a mis en place en 2003 un péage urbain (Congestion charge). Même si la zone concernée a été étendue en février 2007, le péage ne "filtre" les entrées que sur une petite partie du territoire du centre ville, relativement peu habitée, mais où l’activité est intense et le nombre d’emplois importants.
Entre 7 heures et 18 heures, pour pénétrer dans cette zone contrôlée en voiture particulière (VP), il faut s’acquitter - par SMS par exemple - d’une taxe de 8 £ (9,15 €) du lundi au vendredi (à l'exclusion des jours fériés). Les résidents bénéficient d’une réduction de 90 % et les véhicules 100 % électriques comme les véhicules hybrides (thermique + électrique, essence + GPL, essence + GNV) ou encore les véhicules de 9 places et plus sont exonérés de toute taxe.
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On sait aujourd’hui que le système a répondu aux attentes :
- le trafic des VP a diminué d'environ 15 % ;
- la vitesse des véhicules a augmenté de 20 % pour les VP, de 7 % pour les autobus ;
- l’augmentation des déplacements en transports en commun a été substantielle ;
- la réduction de la pollution - due à la conjonction de deux facteurs, la diminution du trafic et l’augmentation de la vitesse -, a été significative.
Enfin, la municipalité de Londres poursuivant sa politique de réduction de la pollution, a institué le 4 février 2008 une Zone à faibles émissions polluantes (Low Emission Zone - LEZ). Plus large que la zone couverte par le péage, fonctionnant 24 h/24, elle ne concerne ni les VP, ni les motos, mais seulement les camions, autobus, autocars, autocaravanes, véhicules utilitaires et autres véhicules à moteur diesel qui ne satisfont pas au moins aux normes Euro 3. La redevance pour ces véhicules est de 200 £ (230 €) par jour.
Paris se met au courant
Paris veut devenir exemplaire en matière de circulation automobile et de lutte contre pollution. La ville ne cache pas ses ambitions de conjuguer les enjeux de mobilité avec les impératifs de santé publique et d’environnement. Les efforts faits pour développer le tramway, renforcer l’offre de bus et de métro renforcée, mais aussi de navettes fluviales, étendre Vélib’, le vélo en libre service, vont dans ce sens. Le meilleur, cependant, reste à venir !
La ville souhaite en effet généraliser l’usage des véhicules électriques pour le transport des personnes et des marchandises. Déjà, elle a décidé de subventionner l’achat des cyclomoteurs électriques et le Conseil de Paris, fin septembre, a voté une mesure similaire pour l’achat des vélos à assistance électrique.
Le Maire de Paris, Bertrand Delanoë, a aussi été très clair sur le projet de voitures en libre-service, Autolib’ : l'appel d'offre qui doit être lancé avant la fin 2009 concernera des véhicules électriques (4 000 disponibles dans 1 400 stations).La ville de Paris, met, de plus, à la disposition des utilisateurs de véhicules électriques des bornes de recharge gratuites et encourage les sociétés concessionnaires de parcs de stationnement dont elle est propriétaire, à faire de même. Pour ces véhicules, il existe une carte de stationnement gratuit.
Le péage urbain aurait bien pu aussi arriver en France. Le projet d’un péage à l’entrée de Paris, évoqué depuis longtemps mais toujours éludé, est revenu, sur le devant de la scène, relancé par un amendement du Sénat de septembre 2009 autorisant les communes françaises de plus de 300 000 habitants à tenter l’aventure pendant 3 ans. Le principe aurait été d’investir le produit du péage acquitté par les automobilistes dans un programme d’amélioration des transports publics.
Inclus dans la loi Grenelle II, la mesure a pourtant été supprimée en commission à l'Assemblée Nationale le 14 février.
Voir l'article dans son intégralité sur le site mobilité-durable.org
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