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La voiture en libre service : dérapage non contrôlé


mardi 25 août 2009

La polémique continue. Grisé par le succès du Vélib', Bertrand Delanoë est-il devenu un apprenti sorcier qui, avec Autolib', va promouvoir l'usage de la voiture à Paris ? Donnez-nous votre avis.


Le projet Autolib Paris du Maire Bertrand Delanoë fait couler beaucoup d'encre.
L'association La Voiture Autrement a déjà eu l’occasion (lire ici) de souligner le caractère peu réaliste et dangereux d’un tel projet de voiture en libre service.

C'est le concept de one-way mis en avant qui nous dérange. Dans un service d'autopartage classique, la voiture doit être reposée à la station de départ. Le modèle parisien repose lui sur le même principe que les vélos en libre service. On prend une voiture dans une station et on la dépose dans la station de son choix. Mais alors, pourquoi prendrais-je les transports en commun alors même qu'une voiture m'attend en bas de chez moi et que je peux la garer facilement ?!

Notre méfiance rejoint celle de la communauté technique et scientifique et d'une majorité d'élus,
ainsi que quelques réactions dans la presse.

Nous préférons de loin la formule d’autopartage ou de locations qui permet, à partir de stations fixes, par exemple dans des parking souterrains, de disposer ponctuellement de véhicules, avec une formule d’abonnement.

La Ville de Paris a déjà promu un label autopartage Paris et cinq sociétés existent déjà : Caisse Commune, Carbox, ConnectbyHertz, Mobizen et Okigo.

La formule exite aussi à Lyon, avec Autolib Lyon, qui n’a rien à voir avec Autolib Paris ! Le service ne cesse de croître (on a fêté récemment le 1000e abonné) et de nouvelles pistes de développement sont étudiées : stations sur voirie, stations dans des parcs-relais, intégration dans les écoquartiers,...

Nous pensions que le débat sur le one-way à Lyon était clos, mais lors d’un débat en conseil municipal, Gilles Vesco, vice-président du Grand Lyon, a rappelé son attachement à ce système, la seule solution, selon lui, pour développer le système Autolib à Lyon ( voir extrait sur le site de la ville de Lyon).
 
C'est d'abord l'innovation technologique qui est mise en avant. Certes, le one-way est un sacré défi technologique puisqu'il nécessite une connaissance précise de la localisation des véhicules et de leur disponibilité future, tant pour l'usager qui cherche une voiture que l'exploitant qui doit optimiser la flotte et rééquilibrer les stations.

Mais sur le plan de la mobilité durable, il s'agit d'une vraie régression sociale, économique et environnementale en créant une concurrence avec les services de transports publics pour lesquelles la collectivité investit, à juste titre, des sommes importantes.

Gilles Vesco fait référence à des "succès", des "chiffres qui explosent". Malheureusement, les quelques retours d'expériences de la sorte que nous connaissons ne vont pas dans ce sens.

-  A La Rochelle, le service Liselec mis en service en 1999 n'est pas une grande réussite et pointe déjà quelques points faibles (disponibilité des voitures, génération de mobilité inutile liée au rééquilibrage des stations)

- Plus récemment, la ville d'Ulm en Allemagne a mis en place un service de voiture en libre service nommé Car2go (cliquez pour (voir notre article). Un article paru en juillet 2009 dans le Monde rapporte le commentaire d'une étudiante pour qui Car2go lui "économise un long trajet en bus". Est-ce réellement ça que nous voulons ? Transférer dans personnes des transports collectifs vers des voitures qui même si elles roulent un jour à l'électricité seront toujours source de pollution visuelle, d'insécurité, d'encombrement, de congestion et de coûts élevés.

- Enfin, selon Gilles Vesco, seul le système one-way permettrait de développer massivement l'offre en passant par exemple de 100 à 500 voitures. Pourtant, il ne parait pas plus compliqué d'accroitre fortement le nombre de voiture dans un système d'autopartage classique. Il s'agit simplement d'une question de volonté politique.
Et justement, c'est ce que montre le service Communauto au Québec . Il s'agit bien d'un système d'autopartage classique qui compte aujourd'hui 830 voitures et 17 000 utilisateurs, soit dix fois plus qu'à Lyon. Le système a été créé en 1994 à Québec avec, la première année, 3 voitures pour une quinzaine d'usagers ! (voir chiffres)

- Cet exemple, comme celui de Mobility en Suisse (1 abonné pour 100 habitants contre 1 pour 10 000 en France...), prouve qu'il est possible d'avoir des résultats significatifs en développant l'autopartage classique de manière massive (voir chiffres).
4 commentaire(s)
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Commentaire par Massip
mardi 25 août 2009 06:41
Cette position qui vient des Verts est débile, voir le dossier que j'ai constitué dans http://groups.google.com/group/fr.misc.transport.urbain/browse_thread/thread/4f580d3bbaefd6e8?hl=fr#
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Commentaire par Yves
mardi 25 août 2009 18:06
Ce ne serait pas un si mauvais système en soi, mais il n'est pas vraiment compatible avec un manque de courage politique d'interdire les voitures (les vraies) en ville.
Tout est question d'arbitrage après cela: entre un transport en commun peu couteux et un "autolib" bien plus onéreux, l'usage ne doit pas être le même puisque le prix en lui-même devra nécessairement être différent.

Si nous ne sommes pas capables de produire des voitures électriques, et que cette électricité soit non carbonée, alors nous n'avons tout simplement pas les moyens de faire ce genre de service et l'aventure s'arrête là.
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Commentaire par ECO-Transport
mardi 25 août 2009 18:11
Encore un projet novateur qui va avoir du mal à voir le jour ...
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Commentaire par laurence
vendredi 28 août 2009 11:55
Autolib: une mauvaise idée, coûteuse et inutile !
Est-ce qu'il faut vraiment dépenser tous ces sous pour rajouter des bagnoles à Paris ? L'auto-partage existe déjà dans la capitale, cela permet d'utiliser un véhicule sur de courtes durées, un système économiquement beaucoup plus intéressant que d'avoir une voiture à l'année...
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