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Interview : Thierry FORNAS


Thierry Fornas (Eco-Act) : bilan carbone mais aussi compensation solidaire


mercredi 14 novembre 2007

Eco-Act est l’une de ces entreprises agréées par l’ADEME pour effectuer des bilans carbone, mais elle a aussi l’originalité de conduire des opérations de développement au Brésil ou en Afrique.
Son directeur, Thierry Fornas, explique.


default textThierry Fornas, vous dirigez Eco-Act (www.eco-act.com), une société qui s’est spécialisée dans l’établissement des « bilans carbone », destinés à réduire les émissions de gaz à effet de serre des entreprises/collectivités, mais aussi dans des opérations dites de « compensation ». Qu’est-ce qu’un bilan carbone ?

Thierry Fornas - Le bilan-carbone a pour but de synthétiser les émissions de gaz à effet de serre dus aux différents postes d’une entreprise ou d’une collectivité. Celle-ci va donc connaître les postes les plus émetteurs de CO2 , qu’il s’agisse du transport, de la fabrication des produits, de la gestion des déchets. Elle va avoir un diagnostic, poste par poste.

Newsteam - Concrètement, comment est-il réalisé ? Vous envoyez quelqu’un sur place ? La personne s’installe dans un bureau ?

Thierry Fornas - En général, la personne que nous envoyons dans l’entreprise ou la collectivité entame une première démarche : sensibiliser les dirigeants, identifier les interlocuteur avec qui elle va travailler par la suite pour réaliser son bilan carbone. Une deuxième phase est la collecte des données, soit sur site, soit à distance après avoir pris connaissance de la vie de l’entreprise. Pour cela, nous établissons un ou plusieurs questionnaires, ciblant les postes les plus pertinents. Ces questionnaires sont transmis à notre interlocuteur, qui aura charge de collecter, avec ou sans notre concours, les données.
 
Newsteam - Ensuite, vous établissez combien de kilogrammes de CO2 sont émis sur une période donnée et vous suggérez des mesures de réduction …

Thierry Fornas - Le bilan carbone prend en compte les six gaz énumérés dans le protocole de Kyoto, dont les émissions sont rapportées en tonnes-équivalents CO2. Après avoir été compilées, toutes les données sont rentrées et synthétisées dans l’outil « bilan carbone » de l’ADEME.
Tous les postes sont pris en compte : les déplacements domicile-travail du personnel, les
déplacements professionnels, tout le fret clients en amont et en aval, les transports de marchandises en interne, les processus de production, les dépenses énergétiques pour chauffer les bâtiments, etc.
Le diagnostic du bilan carbone est accompagné de préconisations de réduction de ces émissions de gaz. On va regarder les postes les plus émetteurs et c’est là que vont porter essentiellement nos préconisations. Par exemple sur le poste énergie, on pourra avoir plusieurs niveaux : des plus simples à mettre en œuvre ( celles portant sur les changements comportementaux), jusqu’aux investissements légers (par exemple utiliser des ampoules basse consommation) et aux investissements plus lourds (comme le changement d’une chaudière plus efficace). Il y a donc trois niveaux de recommandations

Newsteam - Combien de temps cela prend-il ?
Thierry Fornas - Pour une petite entreprise, jusqu'à 5 jours de travail. Une grosse peut demander autour de 20 jours. Cela dépend du nombre de sites, du périmètre déterminé, et de la complexité de la phase de collecte des données.

Newsteam - Combien coûte un bilan carbone ?

Thierry Fornas - Il est évalué en homme-jour de travail. Le coût d’un homme-jour est d’environ 900 euros/jour hors taxe. Il y a une aide de l’Ademe qui peut aller jusqu'à 50% de la prestation.

Newsteam - Quelle est la garantie de sérieux que peut fournir un prestataire ?

Thierry Fornas - La garantie, c’est que le prestataire suive les recommandations de l’Ademe. EcoAct suit rigoureusement les recommandations de l’Ademe. Et quand le client choisit d’avoir recours à la subvention Ademe, le cahier des charges que nous lui présentons est préalablement remis à l’Ademe pour approbation, ce qui ouvre la possibilité d’une prise en charge partielle.

Newsteam - Ensuite vous proposez des compensations…

Thierry Fornas - Quand on a épuisé toutes les pistes de réduction d’émissions de CO2, on va arriver à un seuil incompressible. L’entreprise ou la collectivité peut vouloir adopter une démarche volontaire pour « compenser » ces émissions par des opérations solidaires dans les pays en voie de développement. L’originalité d’EcoAct est d’être maître d’œuvre de ces programmes de compensation carbone. Nous avons deux personnes au Brésil, deux
au Maroc pour l’Afrique de l’ouest. Nous proposons un portefeuille de projets qui vont de la production d’énergie propre, d’opérations de gazéification de la biomasse jusqu’à la reforestation ou à la création de chambres froides en Afrique.

Newsteam - Ce type de compensation est parfois critiqué. En bref : c’est le droit pour les pays riches de polluer en échange de restriction de croissance dans les pays en développement…

Thierry Fornas - Si on fait un bilan carbone et qu’on passe directement à la compensation, d’accord avec vous. Mais si on étudie toutes les pistes à mettre en œuvre pour faire de la réduction, quand l’entreprise a véritablement réduit jusqu’à 50%, voire 60 % de ses émissions, quand elle a fait tout ce qui est préconisé par l’Ademe, alors on peut aller au delà. La compensation, c’est aller au delà.
Ensuite, on ne va pas faire de la décroissance, de la régression dans les pays en développement. La compensation est un mécanisme mis en place par le Protocole de Kyoto pour aider ces pays à se développer sans faire les mêmes erreurs que les pays du nord, c’est-à-dire mettre en place des systèmes polluants en terme de GES.

Newsteam - Quel est l’intérêt pour une entreprise de faire un bilan carbone ? On le voit bien pour une grande entreprise, pour valoriser son image, communiquer. Mais quel intérêt pour une PME ?

Thierry Fornas - C’est déjà d’avoir une attitude responsable vis à vis de la planète. Tout citoyen aujourd’hui est sensibilisé à son empreinte écologique. Les entreprises, qu’elles soient petites, moyennes ou grandes, se doivent de réfléchir à leur empreinte écologique et aux moyens de la réduire. Qu’elle ait 30 ou 2000 ou 10000 salariés, c’est la même philosophie, un dirigeant doit avoir une attitude responsable. Chacun à son échelle doit être capable de le faire.
L’image, c’est quelque chose d’important. Etre un acteur au niveau environnemental, c’est aussi quelque chose qui peut être un facteur de différenciation, au niveau de la concurrence.

Newsteam - Mais cela conduit-il aussi à réduire les factures d’énergie ?

Thierry Fornas - Oui, à moyen et long terme, utiliser des technologies peu émettrices de CO2 a un impact positif sur les factures. Cela me paraît évident dans les transports. Quand on fait des préconisations de réduction d’énergie aux trois différents niveaux dont j’ai parlé, on parle en euros : que va représenter, en réduction de dépenses, un changement comportemental , un investissement léger , que va représenter un investissement lourd ?

Photo d’illustration : © jeff gynane - Fotolia.com

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