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Chronique transports : beaucoup de semi-remorques européens sont trop hautes !


lundi 24 septembre 2007

Journaliste à Bâle, spécialiste des transports européens, Sylvain Meillasson tient une rubrique régulière sur Cité Durable. Il relève ici que les premiers chiffres de la desserte de ferroutage Perpignan-Luxembourg conduisent à une constatation surprenante....


Voir aussi les chroniques hebdomadaires du Pr Jacques Foos, professeur au Conservatoire des Arts et Métiers.
default textLe premier retour d'expérience de la desserte de ferroutage Perpignan-Luxembourg, une semaine après son ouverture, a permis une constatation surprenante : une part significative du parc européen de semi-remorques ne respecte pas la législation de l'Union Européenne dans le domaine du gabarit haut.

En effet, il est apparu que beaucoup de semi-remorques qui se sont présentées à l'embarquement des trains qui assurent la nouvelle liaison de fret entre le Boulou, près de
Perpignan, et Bettembourg, avaient une hauteur d'angle qui excède nettement 4 m. (norme de l'Union européenne) ou 4,04m (admissible par les wagons du constructeur Modalohr).

Des semi-remorques, principalement espagnoles, mesurant jusqu'à 4,30m de hauteur d'angle, ont été recensées. Pourtant estampillées du label CE par leur constructeur, elles dérogent à la directive européenne 96/53/CCE, confirmée par la directive 97/27/CCE et fixant la hauteur maximale à 4m à plus ou moins 1%. Or, cette norme est formellement reprise par l'essentiel des pays d'Europe de l'Ouest – sa mise en œuvre par la France ne devrait tarder - et notamment par l'Espagne…

Outre l'impossibilité de charger des véhicules et le manque à gagner correspondant pour Lorry Rail , l'exploitant de la ligne Luxembourg-Perpignan, cette situation peut être lourde de conséquences à plus d'un titre.  Si les autorités n’appliquent pas de contrôles plus strictes, la tendance à accroître la hauteur des véhicules routiers pourrait renchérir les investissements de mise au gabarit des lignes ferroviaires, voire priver les chargeurs et la collectivité de solutions intermodales performantes.

Avec l'actuelle propension des véhicules routiers à la « sur-hauteur », il pourrait ne pas être nécessaire d'attendre l'arrivée des Gigaliners de 60t –la formule est en cours d’examen  par l’UE- pour ranger le transfert modal et le ferroutage dans la catégorie des chimères du passé…

Cette question de la hauteur a  eu pour effet de réduire de 50% la fréquentation initialement prévue de l'autoroute ferroviaire Perpignan – Luxembourg. Une situation d’autant plus regrettable que par ailleurs plusieurs signes encourageants ont été notés.   Les clients présents depuis le premier jour renouvellent quotidiennement leur utilisation de l'autoroute ferroviaire et pensent amplifier leur volume. Incidemment, cela les conduit à sélectionner des semi-remorques compatibles avec l’autoroute ferroviaire.  De plus, les chargeurs commencent à demander aux transporteurs d'utiliser ce service, ce qui pourrait rapidement donner un coup d'accélérateur à la tenue du trafic.
 
Sylvain Meillasson

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