Par Philippe PERCHOC
Auteur
Philippe Perchoc préside le mouvement qu'il a lancé, Nouvelle Europe. Diplômé de la Sorbonne (histoire), de l'Université catholique de Louvain (Affaires européennes) et d'un master II de recherche (Europe)...
L'Europe de l'énergie s’apprend au lycée ! (avec video)
Par Philippe PERCHOC
dimanche 15 février 2009
Une expérience originale de Nouvelle Europe, avec Sciences Po : « jeu de rôles » au lycée où les élèves questionnent un candidat au poste de commissaire européen à l’énergie.
Il y a deux ans, avec des collègues de Nouvelle Europe (*), nous nous sommes posé la question : « Comment faire passer l’Europe aux lycéens français, en les rendant plus acteurs que consommateurs ? ».
L’idée d’un jeu de rôles, fondée sur une simulation d’une audition au Parlement européen, s’est imposée. Elle est courante dans les grandes écoles, mais rien ne prédisait qu’elle marcherait avec des lycéens. Et deuxième évidence : l’énergie est apparue comme un excellent thème. En effet, l’exploration des multiples enjeux que recouvre la question énergétique permet d’aborder avec les lycéens les relations de l’Union européenne avec ses grands voisins comme la Russie, la nécessité de la mutation de notre mode de vie vers un modèle plus durable, tout comme celle de bâtir une véritable solidarité européenne.
Résultat : S(t)imulation européenne est un programme de simulation parlementaire européenne dans lequel une classe de Terminale, transformée en Parlement européen, auditionne un commissaire pressenti pour le portefeuille de l’énergie.
Dans une première étape de deux heures, l’énergie constitue un fil rouge pour introduire à la fois l’histoire de la construction européenne et ses mécanismes de fonctionnement : de la CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier) jusqu’au dernier « paquet énergie-climat » signé en 2008. Cette première présentation est de préférence réalisée par deux Européens, venus de l’Est et de l’Ouest du continent, permettant de souligner les sensibilités différentes que peuvent avoir les Etats membres vis-à-vis de ces enjeux de société.
A l’issue de ces deux heures, les lycéens repartent avec un « kit » du député européen, ayant eu le choix entre 32 profils différents (8 Etats membres et 4 sensibilités politiques). Celui-ci leur permet de retrouver un ensemble de fiches sur les politiques énergétiques européennes, le fonctionnement de l’Union européenne, l’histoire et les intérêts du pays qu’ils sont censés représenter à Strasbourg …
Dans une seconde étape de la simulation, les « parlementaires » se retrouvent pour tenter d’harmoniser leurs positions par groupe politique. Cette phase est particulièrement intéressante à observer : les lycéens découvrent la diversité des approches européennes en matière de nucléaire, de gaz à effets de serre, de modes de production et de dépendance vis-à-vis des grands fournisseurs. Nos « députés estoniens » ont souvent le plaisir d’expliquer à leurs collègues européens l’importance des schistes bitumeux dans leur production nationale !
Ces discussions donnent lieu à la rédaction d’une position de groupe, avant que le « Commissaire pressenti » ne fasse son entrée dans la salle décorée aux couleurs de l’Europe. Après son propos introductif, clivant pour permettre aux apprentis députés de se situer par rapport à lui, les représentants de chaque groupe prennent la parole pour l’exposition de leurs attentes. Par la suite, chaque groupe dispose d’un temps d’échange avec le candidat.
Les questions qui intéressent le plus la jeune génération sont très clairement le nucléaire, les relations avec la Russie et les énergies renouvelables. Il faut y ajouter la dose de passion qui caractérise les lycéens, illustrée par cette « députée écologiste de Slovaquie » qui interpella le candidat aux mots de « Mais vous nous parlez de quelques milliards d’euros, Monsieur ! Quel sens cela a-t-il de faire des économies, si demain notre planète ne peut plus nous nourrir ? Il y a urgence, Monsieur, celle de sauver la Terre, pas celle des économies ! »
Par ailleurs, l’expérience montre que les lycéens des zones d’éducation prioritaire, pour lesquels le jeu a été plus particulièrement conçu, ne sont pas moins impliqués, conscients des enjeux et curieux de solutions innovantes que les autres. Au contraire !
Au terme de ces échanges, les députés ont un temps de réflexion en groupe pour définir leur position, avant de procéder au vote. Le candidat a toujours du mal à se faire accorder la confiance des députés, exigeants et conscients des enjeux d’une politique énergétique cohérente pour l’Europe.
Du côté des organisateurs, à la fois rédacteurs de Nouvelle Europe et étudiants de Master Affaires européennes de Sciences Po Paris, le challenge de chaque simulation est grand : ouvrir des perspectives et répondre aux exigences de nos apprentis députés européens.
Une des leçons de cette expérience est, sans doute, que le lien « énergie / climat » reste un des meilleurs moyens d’intéresser le citoyen à la nécessité de l’Europe, à son fonctionnement et à ses enjeux. 2009 étant une année d’élections européennes, il faudra s’en souvenir.
(*) Nouvelle Europe est un groupe de réflexion sur l’Europe élargie et son voisinage. Le projet, né en 2004, est aujourd’hui porté par 25 jeunes professionnels, jeunes chercheurs ou étudiants européens de 10 nationalités vivant dans 6 pays différents. Stimulation européenne est l’un de ses trois programmes, aux côtés de sa revue en ligne et de son cycle de rencontres mensuelles « Nouvelle Europe Débats ».
Voir ci-dessous une vidéo de présentation :
S(t)imulation Européenne
envoyé par NouvelleEurope
Et je ne les avais jamais vus si sapés!!!!
Il y eut beaucoup de sérieux , de la passion au sujet du gaz russe et pas mal d'humour!!!
Cher EPR
vendredi 5 décembre 2008.
Selon l’AFP, la facture de l’EPR de Flamanville (Manche) devrait atteindre 4 milliards d’euros contre 3,3 milliards prévus en 2005, du fait du renchérissement des matières premières et de difficultés techniques rencontrées sur le site.
D’après Le Monde, EDF aurait fait savoir que le nouveau coût complet de l’électricité produite grâce au futur réacteur nucléaire de troisième génération de Flamanville s’élèverait donc à 54 euros par mégawatt/heure, contre 46 euros annoncés initialement.
Mais selon Stéphane Lhomme, du réseau Sortir du Nucléaire, l’écart est pire encore : « EDF avait annoncé 43 euros par Mwh, et non 46 comme écrit dans tous les médias. Il suffit de se reporter au doc officiel d’EDF pour le débat public. Le surcoût est donc proche de 30%. »
l’EPR finlandais est quant à lui évalué à 4,5 milliards d’euros. En Angleterre, en Allemagne ou aux États-Unis, on évoque désormais les chiffres de 5 à 6 milliards d’euros la pièce, pour les EPR en gestation.
Que d’économies d’énergie pourrait-on réaliser avec de tels investissements !