Par Gaëla Lamer
- Consultante énergie
Auteur
Diplômée d'un master économie et droit de l'énergie de Montpellier, Gaëla Lamer a travaillé sur le développement des services énergétiques au sein d'entreprises publiques et privées et est chargée de cours...
Compteur intelligent : quelles fonctionnalités ?
Par Gaëla Lamer
- Consultante énergie
mercredi 11 avril 2012
Un des grands projets énergétiques européens est le développement des réseaux intelligents. Le compteur intelligent, en aval du marché, en est une pièce essentielle.
L'enjeu technologique mais avant tout économique du réseau intelligent, se trouve dans sa définition.
«Un réseau capable d'intégrer efficacement les comportements de tous les utilisateurs qui y sont raccordés, producteurs, consommateurs afin de constituer un système rentable et durable, présentant des pertes faibles et un niveau élevé de qualité et de sécurité d'approvisionnement ».
Le contexte
Avec l'ouverture et la construction d'un marché électrique dans les années 2000, l'énergie est devenue un bien marchand. Pour accroître l'efficacité de ce marché les directives européennes demandent aux états que 80% des consommateurs soient dotés d'un compteur intelligent relié au réseau en 2020.
C'est le moyen pour l'Europe d'accéder plus rapidement a son objectif des 320, plus d'efficacité d'énergétique, plus d'énergie renouvelables et moins d'émission de carbone.
Les caractéristiques du compteur intelligent
Le compteur intelligent doit communiquer, de manière bidirectionnelle.
- Pour le distributeur, il doit informer de la quantité d'électricité consommée.
- Pour le consommateur, il doit donner des informations quant à la consommation. L'information devrait être d'une résolution suffisante pour définir une courbe de charge exploitable, c'est-à-dire prenant en compte le plus possible des appels de puissances.
Par ailleurs, cette courbe de charge devrait être donnée en temps réel, pour avoir un effet immédiat sur le mode de consommation. Dans le cas contraire, l'utilisateur se désintéresse le plus souvent de cette information.
A terme, le compoteur devrait être capable d'informer de la nature de l'électricité consommée (autoconsommation, production alternative, locale...) mais également du coût instantané de l'électricité consommée.
Le financement
La réglementation a posé une autre condition qui est celle du financement. Celui-ci ne doit pas être porté par le consommateur mais intégralement par l'industriel. Le financement de ce compteur devra être basé sur les coûts épargnés en gestion de client (facturation, communication, prévention de pannes, absence de relevé de compteur, etc..), mais aussi sur la valorisation de l'efficacité énergétique. C'est ce que l'on appelle le changement de paradigme, c'est un nouveau modèle économique que l'on doit trouver. En effet, les énergéticiens jusqu'à maintenant dégageaient une rentabilité sur une quantité vendue ou produite, dorénavant il leur est demandé de le faire sur une énergie épargnée.
Au-delà du compteur, des services
Le développement de services est une opportunité pour de nombreux industriels, extérieurs au secteur, d'entrer sur le marché de l'énergie gardé par les opérateurs historiques depuis toujours.
Pour ces derniers, alors que le prix du KWh ne laisse que très peu de marge de manœuvre et ou le tarif régulé fait encore légion, ces services sont un moyen de se différencier sur le marché.
Des barrières existent
Les initiatives américaines ont démontré qu'il est difficile, voire impossible, de trouver dans les nouveau équipements et services une rentabilité économique. Cette barrière se retrouvera immanquablement en Europe, car l'intérêt écologique des consommateurs a ses limites, il ne peut porter l'aspect financier de ces équipements et services.
Mais l'augmentation des systèmes de marchés en Europe, tels que les certificats de carbone et d'économie d'énergie ou très récemment les contrats d'effacement, sont autant d'outils offerts pour développer les services de l'énergie.
L'arrivée des premiers équipements
On voit émerger les « box énergie » ou « boitiers », mis en place par des informaticiens, des énergéticiens ou des opérateurs de télécommunication, dont le but est d'offrir des services de gestion énergétique au consommateur.
Ces projets de « box énergie » sont en développement, certains sont déjà en fonction.
On peut d'ores et déjà identifier 2 formes de « boitiers ».
- - Un payant qui vous informe
de votre profil de consommation, global ou par usage à partir d'une
plateforme internet.
- - Un second gratuit qui agit sur vos équipements de
chauffage (convecteur, ballon d'ECS) par mesure d'effacement. Elle
vous offre l'information de vos consommations globales à partir
d'une plateforme internet.
Le développement de ces offres traduit avant tout une demande. Depuis plusieurs mois, on envoie des signaux de prix de l'énergie à la hausse. Le consommateur ressent le besoin de maîtriser ses factures, en effet, il ne veut plus qu'on lui impose une énergie, il veut avoir le choix.
Le compteur intelligent qui doit être déployé par ERDF doit avoir l'ensemble des fonctionnalités nécessaires pour la mise en place de services, dans le cas contraire ce sont vraisemblablement les « boitiers » qui vont se développer. Ceci risque de se faire au détriment de l'ensemble des parties car les applications et services seront fonction de la disposition à s'équiper.
Sources :
- Directive Européenne (2009//72/CE) de l'électricité
- Directive Européenne relative à l'efficacité énergétique dans les utilisations finales et aux services énergétiques (2006/32/CE)
- Directive Européenne relative aux instruments de mesure (2004/22/CE)
International Agency Energy, road map technology 2010, Smart Grids
The climate group on behalf of the global sustaitanibility initiative GeSI-2009
- Smart 2020-Enabling the low carbon economy in the information age
Rapport Poignant-Sido, groupe de travail sur la pointe électrique, Avril 2010
Alors la, laissez moi rigoler, le consommateur paiera d'une facon ou d' une autre, indirectement par des subventions ou n' importe quel autre moyen qui fera appel aux budgets ministériels que les consommateurs alimentent.
Cela veut dire que le prix de l'électricité variera heure par heure en fonction de la charge du réseau, vs la capacité de production, et que quand il y aura une pointe, le prix atteindra des sommets. Mais vu qu'on ne pourra pas avoir, gratuitement (le gouvernement a finalement renoncé à son prétexte d'afficheur gratuit, trop cher pour EDF). Ceux qui souscriront un abonnement resteront devant leur afficheur savoir s'ils peuvent brancher le lave linge ou non selon le prix courant.
C'est du côté du PRIX que les consommateurs/abonnés à EDF pourront "gérer" (constater) leur consommation, en euros, pas en kWh. On connait tous le moyen de consommer moins de kWh (appareil A++, éteindre éclairage quand pas besoin, chauffer à 19, ou 18°, ..), mais là, ça sera le prix qui varie en permanence (un peu comme une action à la Bourse !).