Auteur
Caroline Ducharme est consultante au sein du Pôle Énergie et Environnement de Sia Conseil.
Traitement des déchets: la France mal notée
mardi 21 décembre 2010
La bonne politique de traitement des déchets consiste à combiner les méthodes de recyclage, d’incinération et de compostage, en évitant la pire des solutions, le stockage. En misant tout sur le recyclage -mais sans s’en donner les moyens- la France ne brille pas par son efficacité.
Le Danemark, la Suède, la Belgique, les Pays-Bas, et l'Allemagne ont mis en place une politique durable de gestion des déchets, faisant d'eux les meilleurs élèves européens en termes de traitement durable des ordures ménagères : moins de 5% des ordures sont stockés et une grande partie est recyclée selon les statistiques d'EUROSTAT.
La France n'est pas bien placée, comme le montre le graphique ci-dessous. Selon l'ADEME, seulement 18% des déchets français étaient recyclés en 2008, contre une moyenne européenne de 23%. 36% étaient enfouis -la pire des solutions- et 32% étaient incinérés.
Plusieurs solutions peuvent être utilisées pour traiter les déchets :
· Le stockage dans des Centres d'Enfouissement Technique (CET). C'est la plus simple mais elle est à proscrire de par l'espace qu'elle requiert.
· Le compostage. Il permet une valorisation des déchets organiques.
· L'incinération. Elle permet la production d'électricité et de chaleur, mais est handicapée par sa mauvaise image et chaque incinérateur a un coût de construction non négligeable.
· Le recyclage. Favori du grand public, il permet de réutiliser les déchets sous une nouvelle forme.
Bien sûr, la meilleur solution -comme pour l'énergie- est l'économie, c'est-à-dire une responsabilisation de notre mode de consommation pour produire moins de déchets.
Les quatre solutions de traitement ont été représentées graphiquement pour les pays européens, en partant de celui qui « stocke » le plus (donc qui a la moins bonne politique) jusqu'à celui qui stocke le moins.
Les différentes méthodes de traitement dans l'UE
(Source : EUROSTAT, 2007)
Le recyclage ne peut supporter à lui seul toute la réduction des déchets
Souvent perçu comme la solution miracle, le recyclage présente pourtant des difficultés. Trier et réutiliser les déchets comprend un coût conséquent que la vente des matériaux réutilisés ne peut compenser. La « matière première » constituée par les matériaux recyclés est de plus en compétition avec les matériaux neufs, dont le coût fluctue selon la demande contrairement aux matériaux recyclés, devant couvrir le coût fixe de traitement. L'opportunité économique est donc soumise aux fluctuations du marché.
Enfin, le recyclage a une limite physique : au fur et à mesure des recyclages, le matériel perd de sa qualité et devient finalement un déchet inutilisable. Par exemple, le papier ne pourra être recyclé que 6 à 7 fois pour aboutir finalement à du carton grossier.
L'Allemagne, par sa politique de tri des déchets et de sensibilisation est le pays le plus avancé avec plus de 40% de ses déchets recyclés. En 2004, l'Allemagne stockait dans les CET 104 kg de détritus par an et par personne. En 2007 elle a réussi à les réduire à 3 kg, grâce à une politique active de recyclage inégalée. De plus, la politique fédérale allemande de gestion des déchets permet un recyclage adapté à chaque région, selon son caractère rural ou urbain. Elle n'a pas non plus négligé le compost et l'incinération qui représentent 60% de la part de gestion des déchets.
L'incinération, un traitement essentiel méconnu
Le Grenelle Environnement, contrairement à la politique de nombreux pays européens, considère l'incinération comme une pratique à éviter. Lors des délibérations, certaines associations se sont élevées contre l'incinération, exigeant un moratoire sur la construction de nouveaux incinérateurs, avançant que ce procédé réduit la part de recyclage et présente un danger pour la santé publique. Cette position n'a pas été adoptée par le Grenelle, même si la diminution du tonnage de déchets incinérés est l'un des objectifs finalement adopté.
Ce rejet massif a pour principal argument une crainte obsolète : celle des nombreux gaz et toxines nocives, en particulier les dioxines, résidus cancérigènes de la combustion, provoquant entre autres des lésions cutanées. Cependant, depuis 1985 où les dangers liés à ces toxines furent découverts, tous les incinérateurs ont été adaptés pour respecter le niveau réglementaire d'émissions.
Il fut aussi noter l'apparition de nouvelles technologies, telles que la gazéification ou les torches à plasma. Celles-ci bénéficient, d'une meilleure image auprès du public, en particulier la gazéification. Comme l'expérience internationale l'a montré, la part des déchets enfouis ne peut être réduite sans l'incinération et ces nouvelles technologies pourraient permettre d'incinérer plus de déchets tout en produisant de la chaleur ou de l'électricité, créant ainsi une nouvelle source d'énergie.
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cette étude n'a pas été financée par une entreprise, elle fait suite à ma thèse réalisée pour mon master américain, encadrée par le Earth Engineering Center de Columbia University (disponible sur leur site internet).
Je sais bien qu'il faut bien vivre ma bonne dame et vendre ses compétences mais alors qu'on vient de sortir du procès de l'incinérateur de Gilly-sur-Isère (plus grande pollution à la dioxine en Europe depuis Seveso) c'est quand même un peu osé d'aller affirmer qu'il n'existe plus aucun problème depuis 1985... Les services de l'état qui ont fait fermé plus d'une centaine d'incinérateurs entre 98 et 2002 parce que ça faisait plus de 10 ans qu'ils rejetaient des niveaux de toxines dangereusement au dessus des normes de sécurité européennes c'était des gauchistes attardés théoricien de la fin du monde peut être ?