Par Bruno Lafont
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Bruno Lafont est Président-directeur général du groupe Lafarge depuis mai 2007. Né en 1956, diplômé de HEC et ancien élève de l'ENA, il a fait toute sa carrière au sein du groupe cimentier où il a notamment...
Le bâtiment idéal : un cube de quatre ou cinq étages
Par Bruno Lafont
mercredi 29 avril 2009
On pourrait faire beaucoup, à peu de frais, pour que les bâtiments du monde entier consomment moins d'énergie. Ils dévorent actuellement 40% de l'énergie de la planète
M. Bruno Lafont, PDG de Lafarge, a été interrogé par « la chaîne Energie » en marge du Forum EE Global (Energy Efficiency Global Forum), organisé du 27 au 29 avril à Paris par l’ »Alliance pour économiser l’énergie » (Alliance to Save Energy).
Quels enseignements principaux retirez-vous de ce rapport établi par un organisme qui rassemble quelque 200 sociétés internationales, dans 36 pays, et relevant de plusieurs secteurs industriels ?
L’enseignement principal est qu’il y a beaucoup de choses à faire, dont certaines ne coûteront rien, à condition qu’il y ait une approche concertée de tous les acteurs : les investisseurs, les architectes, les planificateurs urbains, les entreprises du bâtiment, les fabricants de matériel.
40% de la consommation mondiale d’énergie est utilisée dans les bâtiments, privés ou professionnels. Or beaucoup ne pensent pas à prendre des décisions simples qui permettraient de réduire la consommation, à coût nul souvent.
Par exemple, il suffit d’une bonne orientation par rapport au vent et au soleil pour changer les données du chauffage ou de la ventilation naturelle. La forme du bâtiment est essentielle : on sait que la plus grande efficacité est obtenue avec une forme compacte, comme un cube, sur 4 ou 5 étages. En effet, il est bon de diminuer au maximum la surface de l’enveloppe du bâtiment pour réduire les pertes thermiques et bénéficier le plus possible de l’éclairage naturel. Ce type de choix ne coûte rien et peut être fait au moment du lancement de programmes immobiliers. Souvent, il ne l’est pas.
Ensuite, notre rapport préconise la mise en place d’aides publiques non financières : par exemple autoriser une plus grande densité dans une zone si les bâtiments répondent à des normes d’économie, ou réduire le temps d’attribution des permis de construire. Autant de mesures qui aideront l’investissement dans un nouvel habitat.
Pour cela, il faut que chacun soit sensibilisé. Il faut une culture consciente de l’efficacité énergétique. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. C’est donc une des recommandations du rapport.
Il y a le bâtiment neuf, mais aussi des millions de bâtiments anciens dévoreurs d’énergie…
Il faut de la même façon une approche globale de la rénovation et donc développer de nouveaux métiers techniques qui permettent d’embrasser tous les aspects.
Quand vous engagez une rénovation, il faut envisager un « bouquet de travaux », avec une séquence bien définie des travaux. Il ne sert à rien de remplacer les fenêtres si vous n’avez pas établi un diagnostic sur l’isolation des murs. Il ne faut pas remplacer votre grosse chaudière avant d’avoir vu si une meilleure efficacité énergétique de votre bâtiment vous permet d’acheter un modèle plus petit et moins cher. Actuellement, c’est l’ingénieur thermique ou l’architecte qui peuvent établir ce constat. Avec un coût relativement élevé. Développons des métiers techniques qui permettent de le faire plus systématiquement et moins cher.
Pourquoi des règles aussi simples n’ont-elles pas été mises en place plus tôt ?
Parce qu’il y a encore une mauvaise connaissance des réalités, qui ne peut s’améliorer qu’avec l’information et les échanges entre professionnels dans une approche globale.
En 2007, nous avons fait une étude auprès des professionnels sur leur sensibilité aux questions d’efficacité énergétique dans le bâtiment et nous avons constaté deux choses :
- ils sous-estiment la part de l’habitat dans les émissions de CO2. Alors que l’habitat est responsable de 40% des émissions, les professionnels interrogés donnaient en moyenne le chiffre de 19%.
- ils surestiment le coût supplémentaire d’un immeuble « économe ». Pour eux, il faut compter 17% de plus, alors que le surcoût est seulement de 5%.
Il faut faire reculer ces deux approches erronées. Le rapport du WBCSD veut y contribuer.
Propos recueillis par l'Agence Newsteam
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