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Benjamin Cros est Senior manager en charge de l'énergie pour le pôle Conseil en Stratégie de PricewaterhouseCoopers

Solaire : un bel avenir mais attention au tournant de 2012


vendredi 15 mai 2009

Au moment où se tiennent les "Journées européennes du solaire", où en est le photovoltaïque en France? Il progresse mais attention après 2012


Le site européen des Journées européennes du solaire (solar days) 
Le
 site français

Le groupe de conseil PricewaterhouseCoopers a publié son premier rapport sur l'état de la filière photovoltaïque en France. Voir le document complet. Un de ses auteurs, Benjamin Cros, le commente pour la chaîne Energie
 
Le marché français du photovoltaïque confirme son état de décollage accéléré depuis 2007 : la capacité annuelle installée en 2005 était de 7 MW, en 2008 de 100 MW, et on attend entre 200 et 300 MW de capacité supplémentaire pour 2009.

«Le sentiment partagé par les acteurs professionnels du secteur est que nous pouvons en gros doubler ou tripler en 2009 les nouvelles capacités installées par rapport à 2008. Ce sont des progressions très encourageantes, souligne Benjamin Cros.

Plusieurs facteurs ont permis ce résultat :

- d’abord le fait que les installations résidentielles ont continué, quoique légèrement impactées par la crise. Pour un particulier, une installation revient en moyenne à 20.000 euros de matériel, et même si l’on a 8.000 euros de crédit d’impôt, c’est un investissement lourd. Il y a un peu moins de demandes, mais cela reste l’élément moteur.

- la nouveauté, c’est le boom des projets dans le segment professionnel, c’est-à-dire les grandes surfaces de panneaux installées sur un toit, avec une intégration au bâti.

- et bien sûr, les tarifs de rachat de l’électricité qui tirent le secteur car le photovoltaïque reste coûteux. Mais la baisse des coûts de revient des modules est très encourageante. Une baisse qui a l’avantage d’être assez prévisible, car on est proche de ce qu’on a observé dans les semi-conducteurs
».

La structuration du secteur, principal enjeu de son développement

Le contexte actuel très favorable devrait continuer d'alimenter la croissance du nombre de sociétés présentes sur le secteur, en provenance de tous horizons (grands groupes de l'énergie et du BTP, filiales de groupes étrangers, entrepreneurs, etc.).

«La filière française, estime Benjamin Cros, a commencé à se construire, avec un profil un peu particulier :

- en aval, c’est-à-dire dans l’installation et l’exploitation, il y a un foisonnement d’acteurs, plus de 180 sociétés. Il y a eu un effet d’aubaine qui a attiré les investisseurs, notamment cette année, à la fois en raison des tarifs de rachat élevés, mais aussi de la baisse du prix du silicium et des modules. La pression concurrentielle couplée à une baisse des tarifs de rachat dès 2012 devrait accentuer la consolidation. Il y a des
business models qui vont résister, d’autres qui vont échouer.

- en amont (recherche, fabrication des cellules et des modules), le marché est très concentré. Il profite d'abord aux fabricants étrangers de cellules et modules, en particulier allemands, chinois et japonais, qui bénéficient d'une avance technologique. En France, il y a des efforts importants dans le domaine de la recherche, notamment autour du CEA, et on n’est pas tellement en retard. La question, c’est l’industrialisation de notre savoir-faire. Pour cela, il faut des investissements lourds pour passer en stade de production et de ce point de vue le timing n’est pas très bon en raison du marché du crédit. Et on a un concurrent juste à côté , l’Allemagne, avec une filière très développée car ils ont commencé plus tôt
».

Au-delà de 2010-2012, un tournant pour l'avenir de la filière photovoltaïque

Cependant des incertitudes demeurent quant à la pérennité de cette croissance. Au-delà de 2012, la visibilité est limitée. Le gouvernement a annoncé son intention de maintenir les tarifs de rachat jusqu'à 2012 mais des aménagements par segments (entre parc professionnel / résidentiel, et intégré ou non au bâti) peuvent se produire à partir de 2010.

«On attend pour le 2e semestre 2009 une prise de position gouvernementale autour des tarifs de rachat, des règles sur l’intégration au bâti. Cela peut influer sur l’orientation générale. Actuellement, on pousse le résidentiel. On peut imaginer progressivement de favoriser les installations de plus grande taille. Mais nous n’avons pas actuellement d’éléments d’information solides sur ces intentions gouvernementales», précise Benjamin Cros.

Jean-Louis Borloo a annoncé le lancement de parcs solaires dans chaque région française. «Ils vont être une source de croissance, mais le potentiel final ne sera pas si fort car on n’utilise que des terres non agricoles qu’on ne peut valoriser autrement. Sur le long terme cela va rajouter 300 MW, on est loin des 3 GW qui existent en Espagne», selon M. Cros.

«A partir de 2012, les tarifs de rachat vont baisser, mais on ne sait pas avec quelle ampleur. Il y a des choix politiques à faire. Il est prévu , selon les scénarios, qu’entre 2015 et 2020, le photovoltaïque devienne en Europe une source d’électricité compétitive par rapport au réseau. Cette question dite de la parité réseau est très discutée par beaucoup de fabricants qui trouvent les prévisions trop optimistes. C’est un grand sujet de discussion», note encore Benjamin Cros.

Benjamin Cros est Senior manager en charge de l'énergie pour le pôle Conseil en Stratégie de PricewaterhouseCoopers.


7 commentaire(s)
[1]
Commentaire par g.jacquin
vendredi 15 mai 2009 09:55
Oui.... Encore les Français qui vont payer !!!

C'est curieux comme en France, un texte de loi qui est proposé à l'assemblée change de nature dès qu'il est voté!

Le photovoltaïque contrairement à l'éolien est justifié car de façon simple, on explique ou passe l'énergie produite et surtout quand ...
S'il y a du soleil, on peut dire sans trop ce tromper qu'il fait chaud et quand il fait chaud, on met la clim. !!! Normal ou pas, c'est l'évolution de la société et c'est démontré tous les étés!

Donc, que les particuliers soient aidés pour réaliser une installation PV se conçoit!!! qu'il soit aidé à concurrence de 60 Cts le KWh vendu à EDF dès lors que l'installation est intégrée au gros-œuvre (32 Cts si elle ne l'est pas) se conçoit car ce principe devrait permettre de couvrir une bonne partie des toits de France. En même temps cela permet à un grand nombre de Français de se faire une petite rente tout en œuvrant pour le bien de la France !!!
Que des professionnels commencent à couvrir des hectares de champs fertiles parce que le tarif de rachat est le même que les particuliers est INADMISSIBLE (32Cts) !
D’une part parce que ces champs produisent ce qui manque le plus à la planète… A MANGER !...
D’autre part, parce que les marges gigantesques de ces promoteurs sont payées par l’ensemble des Français.


[2]
Commentaire par Wind Flip Flop
vendredi 15 mai 2009 16:35
Absolument d'accord avec le commentaire précédent !

Cela dit, le bilan écologique du solaire photovoltaique me laisse sceptique au regard de la quantité d'énergie nécessaire à sa création. Surtout quand ces panneaux sont fabriqués en Chine.
Qu'on installe ces panneaux dans des pays en voie de développement, et particulièrement dans les villages reculés seraient une très grande avancée. Mais en France, il y a t'il un réel intérêt écologique ?
[3]
Commentaire par tiptop
vendredi 15 mai 2009 20:06
ce qui me gêne, c'est qu'à aucun moment on ne pose le problème de comment sera régulée la production d'énergie : le soleil, il n'y en a pas lesoir en hiver ni la nuit. Je suis très "écolo" dans l'âme, mais soyons réalistes, on ne peut pas assurer 100% de notre consommation avec du solaire, à moins de se coucher avec les poules. Et soyons clairs : en dehors du nucléaire, on n'a pas d'autre solution pour les décennies proches.
[4]
Commentaire par Lambert
samedi 16 mai 2009 11:11
Part. 1/2

Un tarif de rachat non-régional du PV est socialement injuste et incohérent. Il conduit à des déséconomies très importantes pour la collectivité.

- Injuste et incohérent: des subventions régionales (voire municipales) existent, donc le principe d'égalité des français est déjà malmené. Les particuliers qui peuvent installer des panneaux sont parmi les plus fortunés (propriétaires, maison individuelle, etc.). Leur rémunération sera prélevée sur la facture des plus pauvres aussi, qui ont en partie payé les équipements.

- La productivité du PV et encore bien plus son utilité économique varient considérablement selon la région. Il est absurde d'installer du PV à coté d'une centrale nucléaire dans le Nord alors que cet équipement aurait été plus utile au sud en zone rurale. Les déséconomies consistent aussi (par ex.) à utiliser du PV pour alimenter in fine des chauffe-eau électriques collectifs. Dans un immeuble d'une trentaine d'appartements on observe un 'foisonnement' intéressant de la demande d'eau chaude. Le solaire thermique a alors un rendement (physique et surtout économique) considérablement plus élevé que le PV! Une évaluation même rapide montre que les déséconomies sont franchement massives.
[5]
Commentaire par Lambert
samedi 16 mai 2009 11:12
Part 2/2

Les énergies renouvelables ont un grand rôle à jouer dans le mix énergétique français, mais doivent être gérées avec rigueur. Cela ne pourra être le cas qu'avec un signal de prix régional et des instruments économiques régionaux cohérents, permettant d'évlauer finement l'intéret des différentes énergies. L'État et les collectivités locales doivent se doter d'uregence de ces nouveaux instruments économiques, aisément financables avec des gains d'efficacité démontrés. Chiche?
[6]
Commentaire par g.jacquin
samedi 16 mai 2009 14:52
@ M. Lambert

Dans le détail, 100% d'accord avec vous !

C'est une vérité évidente que l'on donne à ceux qui sont aisés, la possibilité de gagner encore plus d'argent!

Soyons clair: Ceux qui installent 3 KWc sur le toit, avec le crédit d'impôts et les primes régionales, déduits, dépensent environ 12 000€. Les revenus de la vente à EDF leurs rapportent environ 2200 €/ans soit un temps de retour, s'ils n'ont pas emprunté, d'environ 6 ans... soit sur 20 ans un gain net de 32 000€. Même s'ils doivent changer une fois d'onduleur, à environ 1500 €, il reste : 30 500€.

Maintenant ? concernant le bien-fondé du photovoltaïque…

Actuellement, les panneaux vendus à un tarif compétitif, ont des rendements qui se situent entre 12 et 16%. La technologie actuelle permet des rendements de 30% et est réservés aux sondes spatiales. La recherche permet déjà de produire des prototypes au rendement supérieur à 40% et vise 50%.

Qu’EDF où le gouvernement, décide de valoriser cette filière pour compenser notre surconsommation l’été, part d’une décision logique mais,
1) Faut-il persister dans cette filière ?
2) Faut-il en vérifier le coût au cas par cas (comme l’explique Lambert) ?
3) Quel est le bilan carbone réel du PV ?
4) Est-il pertinent pour EDF de payer le KWh 60 cts alors que le prix de revient du KWh nucléaire est de l’ordre de 3 Cts ? soit 20 fois moins cher en intégré et 10 fois moins cher sur champs.
[7]
Commentaire par g.jacquin
samedi 16 mai 2009 14:53
suite 1


Ce sont des questions importantes auxquelles il serait bon de répondre avant de couvrir des dizaines d’hectares de champs de panneaux PV qui dans 2 ou 3 ans, pour une même surface, seront 3 fois plus puissants !
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Benjamin Cros est Senior manager en charge de l'énergie pour le pôle Conseil en Stratégie de PricewaterhouseCoopers

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