Par Xavier Hémeury
- Directeur des services de la ville de Perpignan
Auteur
Xavier Hémeury est Directeur Général des Services de la Ville de Perpignan.
Perpignan, ville à énergie positive en 2015. Comment ?
Par Xavier Hémeury
- Directeur des services de la ville de Perpignan
jeudi 15 juillet 2010
Que se passe-t-il quand une ville veut produire, avec des énergies renouvelables, plus d’électricité qu’elle n’en consomme ? Il faut d’abord trouver le bon mix, les financements et surtout vaincre les inerties de toutes sortes. Un point sur l’expérience de Perpignan.
Comment peut-on y parvenir ? Par de multiples voies, rendues possibles par les spécificités de la ville la plus ensoleillée de France et soumise à un régime de vents forts et réguliers :
- de l'éolien : une ZDE (Zone de Développement éolien) de 41 éoliennes pour une production de 294 000 MWh/an, soit 67 % des besoins en électricité de l'agglomération.
- du solaire sous plusieurs formes :
- du photovoltaïque sur les toitures pour une production attendue de 48.000 MWh/an, avec des bâtiments publics (mairies annexes, hôtel d'agglomération, stades, piscines, parkings, etc) selon un programme démarré dès 2006, et accéléré en 2009 ; et du photovoltaïque sur des bâtiments privés. C'est l'exemple du marché Saint Charles, dont la première partie a déjà été réalisée: l'objectif final est d'assurer 10% de la consommation, grâce à 120.000m2 de toitures. Ce sera la plus grande centrale photovoltaïque intégrée en toiture du monde. Le groupe CEMOI, 1er producteur et exportateur de chocolat français, vient également d'investir dans un nouveau site de production avec 11 000 m2 de panneaux photovoltaïques...
- un parc de fermes solaires, d'environ 100 ha. Production attendue : 42 000 MWh/an.Une ferme photovoltaïque a déjà un permis favorable, d'autres projets sont en gestation...
-
- Du thermique : Un réseau de chaleur récupérant la chaleur produite par un incinérateur pour alimenter en énergie un parc de 30 hectares de serres agricoles : 39 000 MWh/an.
- Un programme d'économies d'énergies (-10%) particulièrement dans le secteur du bâtiment (qui représente 43% de la consommation d'énergie en France) et avec la rénovation du parc d'éclairage public.
Des injonctions contradictoires
Est-ce simple à réaliser ? Les obstacles sont nombreux et exigent une volonté politique forte et continue.
Car on a quelquefois le sentiment que l'on travaille sous un régime d'injonctions contradictoires : la France prend un engagement d'augmentation de la part des énergies renouvelables dans l'électricité de 23% mais, de l'autre côté, on multiplie des procédures renforcées qui viennent compliquer la course d'obstacles. Le récent débat sur l'éolien à l'Assemblée nationale en a été l'illustration. Il a montré que l'on n'est pas dans un schéma consensuel, avec beaucoup d'acteurs aux intérêts divergents et des associations souvent très remuantes.
Localement, malgré une démarche ZDE contraignante qui a reçu l'avis favorable de l'Etat, nous avons été confronté a des réactions inattendues de la part de services de l'Etat, lors du premier dépôt de permis. Les négociations sont en cours pour arriver à un accord qui satisfasse tout le monde. on se heurte à des problèmes inattendus, qui peuvent aller aux demandes de l'aviation civile ou aux objections de Metéo France qui considère que ses éoliennes sont trop proches de sa station radar ...
En outre, on ne fonctionne pas toujours dans un cadre stable et homogène, alors que les investissements dans le secteur des renouvelables sont lourds et surtout de long terme. Or le doute que font peser les débats sur le coût de rachat de l'électricité pénalise les plans d'investissements. Et les délais de raccordement des toitures solaires au réseau sont souvent très longs, par manque de clarté dans les responsabilités des gestionnaires de réseaux.
Et je ne parle pas des questions purement techniques, comme les contraintes de l'habitat ancien, où les surfaces et les orientations des toitures ne sont pas toujours adaptées à l'installation de panneaux. Sans compter les exigences liées au centre historique de Perpignan qui est un des secteurs sauvegardé le plus grand de France.
Mais les obstacles ne peuvent compromettre l'ambition de ville positive, tout au plus risquent-ils d'allonger tel ou tel délai. L'objectif de production de l'ensemble du dispositif reste de quelque 440 000 MWh/an, soit la couverture des besoins résidentiels en électricité, pour un investissement évalué à environ 500 M€, avec un retour compris entre 10 et 15 ans.
Plus d'actualités
-
17/12/15
Des panneaux solaires pour améliorer le rendement des cultures
-
09/12/15
La grande vague des réseaux de chaleur
-
07/11/15
Corse, laboratoire du stockage électrique
-
03/11/15
Eolien flottant : la France entre dans la course
-
29/10/15
Du charbon au soleil : Carmaux s'est converti au photovoltaïque
On n'est dans quel délire ????
Vous dites : "Un dispositif de 440 000 MWh pour un investissement de 500M€" ???
Si EDF fournissait cette énergie, il faudrait un générateur de 56 MW électrique (440 000 / 8600) avec un rendement de 90%!!!
Or, au Havre, on construit une centrale de 700 MW électrique pour une production théorique de 5 418 000 MWh/an pour un budget de 400 M€
Si on applique le ratio pour votre production, on trouve un investissement d'environ 35 M€ !!!!
Comment justifiez-vous de cette différence (entre vos 500 M€ et le coût réel de 35 M€)???
Doit on encore s'attendre à un scandale financier ????
Et vous vous étonnez que l'administration traîne des pieds ???
Êtes vos conscient de votre incompétence ???
Vous ne pensez pas qu'il serait plus judicieux de dépenser cet argent autrement et de façon bien plus utile ???
Et pensez-vous que les Français vont autoriser encore longtemps cette gabegie uniquement à leur dépend ?