Par Lionel Exposito
- Conseil aux entreprises
Auteur
Lionel Exposito a fond� Exaya Consulting, cabinet de conseil en transformation des organisations et transition vers des pratiques durables.
contact : l.exposito@exaya.fr
La méthanisation : un nouveau souffle pour l'agriculture ?
Par Lionel Exposito
- Conseil aux entreprises
mercredi 13 novembre 2013
Dans le contexte de crise du secteur agricole, la valorisation des biodéchets en biogaz pourrait représenter un relais de croissance précieux au service des agriculteurs, de la transition énergétique et de l'environnement.
Son développement n'en demeure pas moins embryonnaire à ce jour. Avec seulement 90 installations de méthanisation à la ferme fin 2012**, la France est très loin des 4.200 installations de nos voisins Allemands.
En cause, le coût des installations 1,6 à 2,3 fois plus cher en France qu'en Allemagne et les contraintes techniques en matière de qualité et de saisonnalité des intrants dans l'hexagone. D'autres freins sont relatifs aux contraintes juridiques et administratives, au manque d'expertise technique des acteurs, et à l'équilibre économique fragile d'installations non rentables sans subventions publiques massives.
La méthanisation agricole, de quoi parle-t-on ?
La méthanisation consiste en la dégradation de la matière organique (ou substrat entrant) par des microorganismes, en conditions contrôlées et en l'absence d'oxygène.
Ce procédé aboutit à la production combinée de digestat et de biogaz.
Le digestat produit par une installation de méthanisation est considéré comme un déchet et ne peut sauf exception qu'être utilisé dans le cadre d'un plan d'épandage, en dépit de ses qualités agronomiques.
Quant au biogaz, il est principalement transformé par cogénération en chaleur et électricité. Son injection dans le réseau de gaz est techniquement possible après purification.
L'instruction d'un projet de méthanisation agricole est un processus long, qui requiert 30 mois en moyenne afin de réaliser l'étude d'opportunité et de faisabilité, les études techniques, les démarches administratives et la construction de l'installation.
3 défis à relever
- La mutualisation : à l'échelle d'un territoire, la méthanisation mutualisée ou codigestion prend tout son sens car elle permet de traiter les déchets organiques agricoles en addition de ceux issus de l'industrie agroalimentaire et des collectivités. La codigestion permet ainsi de partager les risques et les bénéfices et parfois d'atteindre la taille critique nécessaire à la viabilité économique d'un projet. Souhaitons la montée en puissance des instances locales favorisant le dialogue entre les acteurs d'un territoire, qu'ils soient concurrents ou partenaires, dans une logique de collaboration de circonstance.
- Le subventionnement : il doit être contrôlé afin de ne pas répéter les erreurs du passé, en témoigne le financement indirect des industriels chinois par l'Etat français dans le cadre du subventionnement de la filière photovoltaïque. Certaines voix s'élèvent à ce titre contre le recours massif à des technologies allemandes. Souvent surdimensionnées par rapport à la typologie des exploitations agricoles françaises, elles fragiliseraient ainsi l'équilibre financier des projets, en limitant les retombées économiques sur l'hexagone. Il est donc à souhaiter la réelle éclosion d'une R&D amont tricolore, permettant le développement de technologies françaises, demain exportées.
- Les retombées économiques : toute subvention accordée à un porteur de projets devrait être adossée à deux conditions. La première pourrait concerner un engagement de bénéfices du projet sur l'emploi et l'économie à l'échelle locale. La seconde pourrait imposer aux bénéficiaires de subventions à partager leur savoir-faire notamment dans le cadre d'études conduites par des institutions publiques à l'instar de l'ADEME.
Pour en savoir plus :
www.ademe.fr/methanisation
www.agriculture.gouv.fr
www.aile.asso.fr
www.trame.org
www.biogaz.atee.fr
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3 commentaire(s)
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Commentaire par papijo
vendredi 15 novembre 2013 08:45
Franchement, la France a-t-elle 2 Mds d'Euros � d�penser pour faire pourrir ("m�thaniser" en langage �colo) du ma�s pour r�cup�rer presque rien en �nergie (contrairement � ce que sugg�re l'article, les d�chets agricoles produisent tr�s peu de m�thane, et donc, comme en Allemagne, on doit alimenter la fili�re avec des c�r�ales comme le ma�s, et bien s�r avec des "subventions publiques massives"). Ne vaudrait-il pas mieux mettre � disposition des agriculteurs et des industries agro-alimentaires en g�n�ral une �nergie abondante et bon march� (je pense bien s�r au gaz de schistes et au nucl�aire) qui leur permettrait de produire plus, d'exporter et m�me de payer des imp�ts !
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Commentaire par Lionel Exposito
vendredi 15 novembre 2013 21:16
@papijo
L?Allemagne n?est pas un mod�le � suivre ?j?en conviens- car la fili�re a �t� pens�e dans une logique �lectro-intensive. Mais cultiver la terre � des fins �nerg�tiques n?est pas envisageable en France, j?aurais tendance � dire qu?il en est mieux ainsi.
En France, la m�thanisation est porteuse d?espoirs � condition que son d�veloppement soit encadr�. L?objectif 1er doit rester le recyclage des d�chets en les valorisant sous forme d?�nergie et de fertilisants. Ainsi, un d�chet sera transform� en centre de profits, avec � la cl� la cr�ation (souhait�e) d?emplois, la pr�servation de l?environnement (en respect de la r�glementation sur la valorisation des biod�chets: D�cret n�2011 ? 828) et donc de l?outil de travail des agriculteurs, et enfin l?apport d?un revenu compl�mentaire aux exploitations.
Enfin, si le subventionnement des �nergies renouvelables peut poser question, il en va de m�me pour le subventionnement de l?agriculture fran�aise ayant encourag� un mod�le productiviste, qui semble montrer ses limites.
Donc subventionner oui, mais sous conditions
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Commentaire par papijo
vendredi 15 novembre 2013 22:12
@Lionel Exposito - Nous sommes donc d'accord pour refuser les cultures d�di�es � la m�thanisation. Mais alors, avec quoi alimenter ces usines ? Chacun sait que par exemple la m�thanisation des "d�chets verts" ou des d�chets m�nagers n'est m�me pas capable de produire suffisamment d'�lectricit� pour faire tourner l'usine (broyage / tri en amont, auxiliaires du m�thaniseur, traitement des effluents liquides, ventilation et d�sodorisation, s�chage des r�sidus solides ...). Si l'on veut produire de l'�lectricit�, alors il faut passer � l'incin�ration qui dans la plupart des cas aura un bilan tr�s largement positif et ne coutera pas plus cher ! Franchement, je ne vois aucun avenir � cette fili�re, sauf peut-�tre quelques usines pour traiter les restes de cantines, les boues de station d'�puration ... , mais dans une optique "traitement de d�chets", sans espoir de "produire de l'�nergie".
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