Par Vincent Le Biez
Auteur
Diplomé de l'Ecole Polytechnique en 2004, Vincent Le Biez est l'auteur de l'étude "Eoliennes : nouveau souffle ou vent de folie ?" publiée par l'Institut Montaigne
Eolien : Obama prépare déjà "le coup d'après"
Par Vincent Le Biez
jeudi 07 mai 2009
Le développement de l'éolien semble assuré, grâce aux soutiens publics. Mais c'est le solaire qui apparaît déjà comme l'énergie de l'avenir
La crise financière a ralenti le développement d'un secteur très dépendant du crédit. Pensez-vous qu'une "bulle" a vraiment éclaté ou que les facteurs restent structurellement favorables à l'éolien (soutien public, prix du kWh, etc…) et que cela va donc redémarrer ?
Par rapport à la date de parution de mon étude sur l’éolien, deux éléments structurels ont radicalement changé. Tout d’abord le prix des hydrocarbures, qui était au plus haut l’été dernier a été divisé par trois, ensuite la crise économique et financière qui s’est accentuée à l’automne 2007 a considérablement renchéri le coût du crédit. Ces deux éléments affectent fortement les projets et la compétitivité de l’éolien, surtout par rapport aux centrales à gaz. Vis-à-vis du nucléaire, le changement est moindre puisque ces deux moyens de production sont très capitalistiques et donc tous deux sensibles au coût du crédit.
Mais cette difficulté conjoncturelle ne me paraît pas remettre en cause le développement structurel de l’éolien tant qu’il bénéficiera de fortes incitations publiques. Dès lors que l’Union Européenne s’est fixée un objectif de 20% d’énergie renouvelable en 2020, la croissance de ce secteur semble assurée, c’est le coût global pour la société qui demeure la grande inconnue. Moins l’éolien sera compétitif, plus il nécessitera des mécanismes de subvention généreux.
On parle beaucoup aujourd’hui de croissance verte en mettant en avant les investissements et les emplois générés par les énergies renouvelables, mais cette croissance tient avant tout aux politiques publiques favorables à ces modes de production d’énergie. On ne pourra proprement parler de croissance verte que quand des gains de productivité seront observés, ce qu’aucune politique énergétique ne peut décréter.
D'autres énergies renouvelables bénéficient aussi de prix d'achat soutenus, comme le solaire. Avez-vous les mêmes réserves ?
Les politiques de subventions publiques peuvent se justifier dès lors qu’il s’agit d’accompagner un secteur en développement afin de le rendre plus rapidement compétitif. Contrairement à l’éolien, le solaire n’est pas arrivé à maturité sur le plan industriel. Des politiques publiques qui encouragent son développement sont donc justifiées dès lors que leur coût pour la société est contenu. De ce point de vue, on peut se demander si un soutien direct à la R&D de ce secteur n’aurait pas un impact plus important que des prix d’achat garantis élevés, qui peuvent générer d’importants effets d’aubaine. L’argent public est une denrée rare, il doit donc être utilisé de manière à produire l’effet de levier le plus important.
Le développement des réseaux intelligents et d’une électricité décentralisée est-il susceptible de changer la donne ?
Le développement des énergies renouvelables décentralisées augmentent considérablement le nombre d’unités de production d’électricité et exige donc une modification profonde des réseaux de transport et de distribution d’électricité. Mais l’enjeu principal des smart grids doit être de pouvoir piloter la demande afin d’utiliser au mieux les moyens de production existants et d’éviter ainsi un trop fort développement de la consommation de pointe.
Cet enjeu est, de loin, le plus important pour un pays comme la France qui dispose d’un parc de production d’électricité particulièrement sobre en termes de CO2. Si nous voulons diminuer nos émissions dans ce secteur, c’est donc sur la demande, bien plus que sur la production d’électricité, qu’il faut jouer.
Vous êtes aux Etats-unis. Comment voyez vous l'avenir du développement de l'éolien dans ce pays ?
Le développement des énergies renouvelables est l’axe principal de la politique énergétique de l’administration Obama, le développement de l’éolien a donc de beaux jours devant lui dans ce pays. Il bénéficie ainsi fortement du plan de relance qui vient d’être voté. Mais il me semble que les Etats-Unis préparent déjà le coup d’après, à savoir l’énergie solaire, avec une forte croissance des start-up dans ce secteur, notamment dans la Silicon Valley.
Propos recueillis par l'Agence Newsteam
Le site de l'Institut Montaigne
Une vidéo de Vincent Le Biez - été 2008
Plus d'actualités
-
17/12/15
Des panneaux solaires pour améliorer le rendement des cultures
-
09/12/15
La grande vague des réseaux de chaleur
-
07/11/15
Corse, laboratoire du stockage électrique
-
03/11/15
Eolien flottant : la France entre dans la course
-
29/10/15
Du charbon au soleil : Carmaux s'est converti au photovoltaïque
Et puis il faut savoir qu'on commence à retrouver exactement les mêmes stratégies, les mêmes rapaces, les mêmes réunions, les mêmes slogans, les mêmes plaquettes publicitaires en papier glacé sur le solaire de demain que sur l'éolien d'hier.
Certes le solaire se font beaucoup plus facilement dans le paysage mais attention si on venait à le surdévelopper sous la forme de « fermes », mot trompeur à la mode, jargon impeccable du petit Livre Vert.
D’accord pour le solaire (principalement le thermique) conçu en harmonie avec l’habitat ou les bâtiments industriels, mais attention au paysages photovoltaïques. Ca va faire très mal dans quelques années, c’est une certitude.
Mais surtout, vive la géothermie, énergie renouvelable totalement écrasée par ses rivales !!! Il faut dire que pour la com.com, la géothermie, c’est moins sexy que les jolis moulins à vent blanc sur fond bleu !