Par Arnaud Mine
Auteur
Arnaud Mine, 51 ans, a rejoint la direction du Groupe URBASOLAR durant l’été 2009.
Créateur de Solelec Caraïbes en 1985, vendu à Total Energies en 1990, créateur
dÂ’Apex (devenu Apex BP Solar) en 1991,...
Energie solaire : "l'Etat devait intervenir pour réguler les tarifs"
Par Arnaud Mine
lundi 25 janvier 2010
Dans une interview du 13 janvier 2010, Jacques Percebois, professeur d'économie de l'énergie à Montpellier, considérait l'énergie verte comme "un luxe". Arnaud Mine, responsable du solaire au Syndicat des Energies Renouvelables, nous donne, à son tour, son point de vue.
La chaîne Energie : Pensez-vous que l’on puisse parler de la création d’une bulle spéculative autour des tarifs de rachat du kwh d’électricité photovoltaïque ?
Arnaud Mine : Je ne parlerai pas de bulle spéculative, mais plutôt d’opportunisme. En tout cas, il est indéniable qu’entre novembre et décembre 2009 le nombre de dépôts de dossier a explosé par rapport à la courbe de croissance du secteur depuis 2006 (date où les premiers tarifs ont été fixés). Par contre, de là à dire que tous étaient le fait d’entrepreneurs peu scrupuleux, je ne suis pas d’accord. Ce raisonnement est trop simpliste, il ne faut pas réduire la filière à cela !
Le gouvernement devait-il intervenir pour réguler le secteur ?
Oui, évidemment, et cela faisait longtemps qu’on parlait de revoir les tarifs de ce dispositif incitatif : nous avions (le SER et d’autres syndicats) d’ailleurs présenté au gouvernement, dès le mois de septembre 2009, une nouvelle grille de tarification. Ce n’est pas cette partie de l'arrêté du 13 janvier que nous contestons, mais bien son caractère rétroactif et le fait qu'il n'établisse pas de frontières entre "bons" et "mauvais" projets.
Certains considèrent que la production d'énergie solaire en France est trop aléatoire, et qu'elle n'est, au final, que trop peu rentable pour le consommateur. L'énergie verte serait-elle un luxe?
Cette analyse, à mon sens incomplète, est bien trop éloignée de la réalité. Le photovoltaïque est en plein essor : dans 5 ou 10 ans nous saisirons toute sa pertinence économique, et surtout, écologique. Si nous avions évalué à leur juste valeur les coûts totaux du nucléaire, nous n'aurions peut-être pas opté pour une si grande nucléarisation du pays. Pourtant, ce fût un choix plutôt judicieux. Il s'agit aujourd'hui de réguler le secteur du bâtiment et d'en finir avec la toute puissance de la valeur foncière, qui ne crée pas d'emploi. Le surcoût supporté par le consommateur est le prix à payer pour satisfaire nos nouvelles orientations industrielles.
Pensez-vous que cette baisse des tarifs de rachat et leur baisse prévisionnelle de 10% à partir de 2012 auront des conséquences sur l’emploi ?
Non, tant que le corps de ce dispositif –les tarifs de rachat de préférentiels- reste en place, ces baisses n’auront pas de conséquences négatives sur l’emploi. La filière se porte bien.
Ces mesures ne sont-elles pas en contradiction avec les objectifs du Grenelle, qui fixe la production d’énergie solaire photovoltaïques à 1 100 mégawatts en 2012 et à 5.400 mégawatts en 2020 ?
Ces objectifs sont parfaitement réalisables, et ce, malgré la baisse des tarifs de rachat. Cependant, pour les atteindre plus facilement, nous préconisons leur régionalisation.
Propos recueillis par Léa-Sarah Goldstein
Lire l'interview du professeur Jacques Percebois, cliquez ici.
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