Energie hydraulique : un potentiel mal considéré
mardi 15 décembre 2009
A l'instar de l'éolien, le développement de l'hydraulique rencontre de nombreuses difficultés en France. Pourtant,les pouvoirs publics auraient tout à gagner à privilégier de nouveaux acteurs pour exploiter cette énergie propre, renouvelable et bon marché.
L’exemple Suisse
La Suisse a lancé une grande étude sur le développement de nouvelles infrastructures et sur la rénovation en profondeur des infrastructures existantes, pour faire face en 2020 à l’obsolescence de ses centrales nucléaires. Celle-ci révèle que la revalorisation du parc hydraulique vieillissant et la création de nouveaux sites permettront, d’une part d’améliorer la productivité des moyens mis en place et d’autre part, d’augmenter la capacité de production sur le territoire en privilégiant les « petites » centrales hydrauliques (<10MW).
A l’image de la Suisse où l’hydraulique représente plus de 25% des moyens de production de courant, les grands pays européens doivent reconsidérer les barrages. Autre élément à prendre en compte : développer l’hydraulique permet d’absorber la montée en puissance des sites éoliens et solaires, qui, par leur caractère aléatoire sont dépendants d’une source de production rapidement mobilisable et à moindre coût.
Il existe également des pistes complémentaires au développement de nouveaux sites avec la réactivation de centrales arrêtées, la transformation de sites d’eaux potables ou de stations d’eaux usées en petites centrales électriques. Ces chantiers peuvent d’ailleurs apparaitre plus «acceptables » par les populations qui en sont paradoxalement les premiers bénéficiaires (énergie et pression fiscale).
La question de l’accompagnement du changement
Force est de constater qu’aujourd’hui, toute installation de nouvelle infrastructure quel qu’elle soit, est quasi impossible quand elle n’est pas portée par l’action des pouvoirs publics. A titre d’exemple, la diminution du nombre de projets d’implantations de parc éoliens en est une bonne illustration. Le pouvoir politique a un véritable rôle à jouer pour changer les mentalités, et faciliter l’accompagnement de la mise en place de tels investissements. A ce titre, en France, cette action permettrait de respecter en tous points l’engagement n°55 du Grenelle de l’environnement qui prévoit le développement de chacune des filières renouvelables en tenant compte des exigences environnementales.
D’autre part, il est difficile aujourd’hui de mobiliser des fonds pour mener des projets d’envergure dans la filière hydraulique. L’amortissement des dépenses dédiées à ces grands projets n’est possible que sur des horizons longs, et donc incompatibles avec les exigences des entreprises traditionnelles. Ici encore, l’action de l’État doit être incitative aussi bien envers les particuliers qu’envers les grandes entreprises hors « énergie », pour encourager un engagement sur le long terme dans la production d’énergie propre et rentable.
Développer des passerelles pour les nouveaux acteurs
Les derniers renouvellements de concessions ont été remportés par de « gros » acteurs de l’énergie, dont les motivations sont souvent réglementaires ou commerciales. Par exemple, ces derniers privilégient souvent la gestion de leur émission de CO2 ou le maintien de leur part de marché, à défaut d’utiliser pleinement les centrales. L’utilisation des barrages ne doit plus être limitée au franchissement des pics de charges. Les centrales à cycle combiné gaz (CCCG) permettront de répondre à ces pics de consommation.
Le renouvellement des concessions doit donc être l’opportunité de faire émerger de nouveaux acteurs, qui auront une motivation d’exploiter totalement leur moyen de production sur le marché de l’électricité « bon marché » et propre.
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