Par René Momper
Auteur
René MOMPER a 47 ans .Il est ingénieur territorial et ingénieur
généraliste en informatique d’entreprise. Il est également
responsable de l’Organisation des Systèmes
d’Information dans une collectivité...
Oui, les centrales thermiques au gaz sont dangereuses !
Par René Momper
mercredi 10 février 2010
En période de pointe de consommation électrique, la France fait souvent appel à des centrales thermiques au gaz. Moins polluantes que celles au charbon, ces centrales comporteraient néanmoins de nombreux dangers...
En prenant l’exemple de ma région, la Lorraine, vous pourrez constater le nombre de centrales thermiques au gaz en projet : à Blénod-lès-Pont-à-Mousson (Poweo), à Saint-Avold (EON) et à Hambach, en Moselle (Direct-Energie).
3 poudrières autour de nous, cela fait beaucoup. D’autant que la centrale de Saint-Avold est, en plus de sa dangerosité naturelle, construite sur un site industriel, à seulement 2km d’un complexe pétro-chimique ! Imaginez un instant que survienne le même accident que celui de ce week-end, dans le Connecticut… Les conséquences seraient encore plus graves que celles inhérentes de la catastrophe d’A.Z.F.
A Hambach, la demande d’autorisation d’exploitation de la centrale Hambrégie (par Direct-Energie) est en cours d’instruction. Bien que le commissaire enquêteur ait émis un avis défavorable au projet, ainsi que 8 communes (sur 11) environnantes, son développement suit son cours. Cinq manifestations citoyennes contre ce projet ont eu lieu à ce-jour, rassemblant, à chaque fois, entre 1000 et 2000 personnes, et, malgré ces vives contestations, le permis de construire a été accordé (pas l’autorisation d’exploiter) et laisse apparaître, à mon sens, de nombreux dangers :
D’autres risques vont se greffer sur la prolifération des ces centrales. En effet, le déploiement de ces centrales va également poser un problème d’approvisionnement en gaz. Il faudra augmenter les capacités de stockage de gaz pour subvenir aux besoins de ces centrales et dimensionner les canalisations de gaz dans tout l’hexagone. Ainsi, d’autres dangers potentiels...
On ne peut évidemment pas entièrement se passer de moyens de production d’électricité dite de pointe. Je rappellerais tout de même que ces centrales au gaz ne peuvent que répondre en semi-base et non en pointe comme certains exploitants veulent bien nous laisser croire, car il faudra déjà commander la veille la quantité de gaz qu’on aurait besoin pour le lendemain.
Ces centrales remplacent, certes, des centrales au charbon plus polluantes, mais l’implantation de ce genre de centrales ne devrait se faire qu’au strict besoin de remplacement de ces centrales au charbon. Or actuellement nous dépassons déjà largement ce strict remplacement.
Il faut, bien sur développer les énergies renouvelables (biomasse, photovoltaique, éolien dans certains cas …) mais on peut également changer notre façon de fabriquer de l’énergie. Rien qu’en remplaçant nos chaudières à gaz par des chaudières de micro-cogénération, nous pourrions déjà faire l’économie de 12 centrales thermiques. Quelle explication plausible peut expliquer la prolifération de ces centrales?
D'autant que le Grenelle de l’environnement préconise une réduction de 20% de notre consommation d’électricité à l’horizon 2020.
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- Stockage de produits chimiques près des chaudières de cette centrale
- Stockage bouteilles de gaz dans le bâtiment administratif à coté des douches pour le personnel
- Une des tranches de cette centrale de 892 MW va être construite sur environ 6 mètres de remblai
- Un Pipeline PRL 18" (457mm) passe non loin de cette centrale
- Des canalisations de gaz DN900 à 80 bars passent également non loin de cette centrale et cette dernière doit être alimentée par le gaz.
-etc.
Mais le plus surprenant dans ce dossier est la position d’une canalisation de gaz DN900 de 80 bars, qui passe, allègrement, autour des bâtiments de l’usine Smart (qui fabrique des véhicules dont les nouvelles voitures électriques), alors que plus d’un millier de personnes travaillent sur ce site. Comment cette caractéristique a-t-elle pu être validée ?
Voici ce qu’il en ressort des études de risques faites pour les besoins de l’enquête publique :
« Les potentiels de dangers des installations de la centrale ont été analysés sur la base d'une analyse des risques (environnement et process), de la prise en compte des barrières passives existantes, des quantités mises en jeu et de l'estimation des niveaux de gravité des conséquences de leur libération...
- explosion gaz du caisson acoustique contenant la turbine à gaz.
- explosion de la station de compression de gaz naturel
- explosion de gaz de combustion sur chaudière auxiliaire
- explosion d'un ciel gazeux au niveau du stockage F.O.D. (Fuel Oil Domestique)
- feu de cuvette sur le stockage de fioul domestique.
- perte de confinement du ballon tampon du compresseur gaz.
- incendie de fuite d'huile sous transformateur principal.
Les cinq premiers sont considérés comme risques faibles ne devant pas faire l'objet d'une surveillance particulière. Les deux derniers scénarios ont eux une criticité résiduelle située dans la zone ALAROP (As Low as Reasonably Praticable) et doivent faire l'objet d'une surveillance particulière. »
Où parle-t’on d’éventuels percements accidentels de canalisations de gaz, d’un incident sur le poste de livraison de gaz pour cette centrale ? On voit bien que tous les facteurs de risques ne sont pas pris en comptes. On utilise des termes comme « effets à seuils ou déterministes », »effets à seuils probabilistes », etc. En somme on joue à la roulette russe...
A ce jour, la capacité maximale de production française est de 117,66 Gw
63,3 Gw Nucléaire
25,4 Gw hydraulique
24,6 Gw Thermique
4,3 Gw Energies renouvelables
En admettant une diminution de la consommation d’énergie primaire de 20% à l’horizon 2020 (donc compatible au grenelle de l’environnement).
D'ici 2020 la production d'électricité devrait être de 439 Twh au lieu de 549 Twh actuellement. Ceci donne une production journalière annuelle de 50,1 Gw. Soit une diminution de 12,7 Gw par rapport à 2008.
Les énergies renouvelables devront représenter 20% de la production totale d'électricité. Le nucléaire passera à 65 Gw (avec l’E.P.R.), nous devrions diminuer le thermique à 15 Gw. pour arriver à 80 Gw (soit 80% de la production). Il reste donc 20 Gw pour les énergies renouvelables (20% de l’énergie primaire). Nous aurions donc une capacité de production, rien qu’avec le nucléaire, de 65 Gw en moyenne, ce qui est supérieur aux 50,1 Gw nécessaires. Il faut y ajouter les 6 Gw de production hydraulique, ce qui donne 71 Gw de production de base. Le thermique, en pointe pourra apporter 15 Gw et l’hydraulique en pointe pourra également ajouter 19 Gw. Rien qu’avec cela, nous aurions une production, en pointe, de 105 Gw...
Donc nulle besoin de laisser proliférer ces centrales aux gaz ainsi que les dangers réels qui les entourent.
Bien sûr, on va nous dire, à travers les médias, que ce type d’accident ne risque pas d’arriver en France parce que … Mais aux U.S.A. ce ne sont pas des manchots tout de même et la catastrophe a bien eu lieu.
Je pense qu’il serait, enfin, temps d’entendre ce que le « peuple » dit ! Même si les services d’Etat parlent de « risques maîtrisés », la réalité est tout autre !
Quant aux constructeurs , ils n'en sont qu'à la cogénération. La mise sur le marché de chaudières à micro-cogénération demandera certainement quelques années encore.
[Réponse de l'auteur]
En fait la micro-cogénération est déjà très présente en Grande-Bretagne, Pays-Bas et Belgique. Le marché français commence à peine à être développé. Je suis en contact avec GDF Suez qui, bien sur, fait tout pour développer ce marché auprès des constructeurs et distributeurs français. Mais je pense que courant 2010 cela va, enfin, se développer en France. Quelques exemples : - http://www.cogengreen.com/cogeneration_belgique/cogeneration_technique.htm - http://www.greenlodges.net/Deliverables/folleto%20microcogeneracion/Brochure%20microcogeneration%20(France).pdf - http://cogeneration.discutforum.com/la-chaudiere-electrogene-a-moteur-stirling-type-siemens-double-effet-n13.htm Il ne faut pas tenir compte des prix qui sont mentionné dans certains articles, ces prix vont largement diminuer pour inonder le marché français.
- Les quatre scénarios d’explosion gaz n’ont pas été étudiés !
- La proximité du site INEOS, classé SEVESO Niveau 2, avec notamment une grande proximité avec les zone de dépotage des wagons de propylène de cette usine, n’est nullement abordée !
- Les éventuels « effets dominos » liées au passage de transports de matières dangereuses sur l’autoroute A4 à proximité immédiate, sont écartés !
- Les « effets dominos » sur le site lui-même ne sont pas approfondis, alors qu’il s’y stocke des matières dangereuses parfois en grandes quantité, présentant plus de 30 combinaisons incompatibles entre les produits en question !
Une nouvelle pétition contre ce projet absurde et dangereux est en ligne, merci pour votre soutien :
http://www.mapetition.ch/signatures.php?idsig=vzzHd7fTvPRebBlGVKLW