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René MOMPER  a 47 ans .Il est ingénieur territorial et ingénieur généraliste en informatique d’entreprise. Il est également responsable de l’Organisation des Systèmes d’Information dans une collectivité...

Du gaz pour remplacer le charbon


jeudi 26 novembre 2009

Les projets d’installation des centrales thermiques au gaz se multiplient dans l'hexagone…. Une très mauvaise nouvelle pour le climat !


L'actualité énergétique en France est surtout braquée sur l’importation d’électricité cet hiver du fait de l'arrêt de nombreuses tranches de centrales nucléaires.

Il faut pourtant d’intéresser à un autre phénomène qui se prépare tout en douceur. La construction et les projets de centrales thermiques au gaz, appelées cycles combinées au gaz (C.C.G.) et leurs conséquences.

Afin de remplacer les centrales thermiques au charbon à l'horizon 2015, il est fait appel à cette forme de production. Actuellement une vingtaine de C.C.G. sont en projets. Parmi ces projets 13 sont autorisées administrativement et sont en cours de procédure administrative. D’une puissance d’environ 450 Mégawatts par tranche cela représente donc 9 000 Mégawatts de production thermique. Néanmoins, RTE (le gestionnaire du réseau de transport d’électricité) aurait précisé que les demandes de raccordement de C.C.G. représenteraient une puissance de 16 Gigawatts. Nous pouvons donc en déduire que d’autres études de C.C.G. sont en cours.

Passer au « tout gaz » pose néanmoins des problèmes :

- les infrastructures d'acheminement de gaz ne suffiront pas à alimenter toutes ces centrales. Dans sa « note d’intention » G.R.T, le gestionnaire du réseau de transport de gaz naturel, indique que la modulation journalière représente un volume total d’environ 80 Gwh pour une consommation annuelle de l’ordre de 500 Twh. L’intégration sur son réseau d’une vingtaine de C.C.G. fonctionnant 8 heures par jour engendrerait, en supplément, une modulation estimée à 100 Gwh et un débit 3 fois supérieur au débit horaire moyen de la journée ; 

- la France sera entièrement dépendante de ses importations de gaz pour faire fonctionner ces centrales prévues, en principe, essentiellement pour les pics de consommation. Ces pics de consommations sont plus importants en hiver. Rappeler vous qu'en début d'année, le gaz Russe n'était plus acheminé et qu’actuellement il y a à nouveau des tensions entre la Russie et l’Ukraine. Comment pourrons-nous faire face à ces pics de consommation en cas de coupure de gaz si toutes les centrales sont au gaz ?

- ces centrales ne font pas que remplacer les centrales thermiques au charbon, mais vont augmenter la part de production de l'énergie thermique au détriment des énergies renouvelables. Il y a actuellement un retard dans le développement de l’éolien. Il est plus facile d’obtenir les autorisations d’exploiter une centrale thermique au gaz que celles d’exploiter un parc éolien. D’après le dernier bilan prévisionnel de RTE, les C.C.G. devraient représenter une production totale de 5,9 Gw et l’éolien 9,5 Gw en 2015. Or nous constatons que ce prévisionnel est déjà largement dépassé vu le nombre de centrale à gaz en projet.

Se pose également la question du prix du gaz qui va, très certainement, augmenter vu la consommation énorme de ces centrales ;

-et enfin, la forte augmentation des émissions de CO2 vu le nombre de centrales en projet. Si l’on considère un fonctionnement moyen de 4 500 heures pour les C.C.G., cela représente environ 730 000 tonnes de CO2 par an et par unité. Une vingtaine de C.C.G. engendrerait une émission de 14 600 000 de tonnes de CO2 par an. Ce qui est énorme. Il faut également savoir que certaines C.C.G. ont une autorisation de 8 000 heures de fonctionnement par an. Dans ce cas l'émission de CO2 serait de 26 000 000 tonnes"

Le sommet de Copenhague approchant les français doivent être informés de ce qui se passe sur leur territoire et des conséquences qui en découleront.

 

 

1 commentaire(s)
[1]
Commentaire par Nicolas Goldberg
jeudi 26 novembre 2009 11:34
"Ces centrales ne font pas que remplacer les centrales thermiques au charbon, mais vont augmenter la part de production de l'énergie thermique au détriment des énergies renouvelables. Il y a actuellement un retard dans le développement de l’éolien."

Il y a effectivement un retard dans le développement de l'éolien et c'est dommage; mais cela n'a rien à faire là. Les centrales à gaz sont là pour gérer la pointe, chose que ne peut pas faire l'éolien, ne mélangeons pas tout.

Vous parlez aussi d'augmentation des émissions... mais combien seront évitées grâce à ces centrales à gaz qui prendront le relai du charbon, beaucoup plus polluant, ou de l'importation des centrales allemandes?

Enfin, vous soulevez un problème intéressant : celui de la sécurité de l'approvisionnement en gaz, mais il est dommage de se focaliser sur le conflit Ukraine-Russie alors que les projets South Stream et North Steam ont le vent en poupe selon lemonde.fr d'hier...

[Réponse de l'auteur]
Il est certain que l'éolien ne remplace pas les centrales thermiques à ce jour. Mais couplé à des éléments de stockage d'énergie elle pourront fournir l'électricité nécessaire au moments des pics de consommations. Elles ne fourniront plus de l'énergie fatale. Je suis d'accord sur le point que les centrales au gaz émettent moins de CO2 que les centrales au charbon mais là il y en aura plus que nécessaire au détriment des autres énergies renouvelables. Une fois qu'elles seront en ligne il y a moins de nécessité à prévoir autre chose. L'exemple de l'Ukraine-Russie est simplement un exemple. Hormis la Norvège tous les approvisions se font par des pays "politiquement fragiles". Pour étayer ces affirmations voici quelques éléments tirés du document : "Principes relatifs à l'acheminement de gaz pour les centrales de production d'électricité raccordées au réseau de transport de gaz naturel" (C.R.E. du 26 février 2009) 1.1 "A ce jour, douze contrats de raccordement ont été signés avec GRT gaz, dont quatre donneront lieu à une mise en gaz en 2009, quatre en 2010 et quatre en 2011. Ces projets représentent une puissance électrique totale de l'ordre de 6 000MW" 6 000MW sont déjà supérieurs à ce que prévoit la PPI. Voir 2.3 : "...un objectif d'installation de CCCG à hauteur de 3 000MW en 2015 était fixé par la PPI électrique de 2006..." 4.1 "Il n'existe pas à ce jour d'étude d'ensemble portant sur la capacité des infrastructures gazières françaises à répondre aux besoins des centrales électriques prévues" Ce qui veut dire que toutes les centrales au Gaz pourraient ne pas être correctement approvisionnées. 4.3 "...il est nécessaire que les centrales électriques, qui ont un fonctionnement exigeant pour l'équilibrage du réseau, fournissent aux GRT, au minimum la veille pour le lendemain, leur programme horaire de consommation de gaz naturel" Les centrales au gaz ne peuvent donc pas répondre aux pics de consommation horaires. Seuls les pics déjà connus la veille pourraient être traités. 4.4 "Si des surcoûts réels et directement liés au fonctionnement des centrales de production d'électricité étaient avérés, la CRE pourrait alors, comme le prévoit la loi, proposer de nouveaux tarifs d'utilisation des réseaux de transport aux ministres, de façon à ce que ces coûts soient couverts" D'après vous qui va payer ces surcoûts ? Les consommateurs bien sur, donc tous ceux qui utilisent du gaz naturel ! 4.6 "...de nombreux projets devraient faire l'objet d'une décision finale d'investissement, que les incertitudes actuelles risquent de retarder ou d'empêcher Donc tous les projets ne pourront probablement pas voir le jour. Tant mieux.
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René MOMPER  a 47 ans .Il est ingénieur territorial et ingénieur généraliste en informatique d’entreprise. Il est également responsable de l’Organisation des Systèmes d’Information dans une collectivité...

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