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Dipômé de Harvard, Chalom Schirman est Professeur associé à l'ESG Management School. Expert en géopolitique, ancien diplomate, professeur associé au MBA de l'Ecole Nationale des Ponts et Chaussées...

Nationalisation pétrolière en Argentine : un jeu à 3 avec la Chine


lundi 30 avril 2012

La renationalisation de la compagnie pétrolière argentine, au détriment de l'Espagnol Repsol, ne serait pas simplement la manifestation d'un classique nationalisme énergétique. Signe des temps, se profile un jeu à trois avec la Chine en arrière-plan.


La présidente argentine Cristina Kirchner a décidé fin avril d'exproprier le groupe pétrolier espagnol Repsol de sa filiale YPF, qu'il contrôlait à hauteur de 57,4%. L'Etat argentin et les provinces détiendront désormais 51%. Cette décision, qui a été élargie au secteur du gaz, a ouvert une crise sans précédent entre l'Espagne et l'Argentine, deux pays traditionnellement amis (Voir les infos sur Lexpansion.com). Le commentaire de Chalom Schirman sur le site RiskEnergy de l'ESG Management School.

Voici l'histoire :

Repsol, société espagnole, possédait la majorité absolue des actions dans YFP.

Il semble bien qu'elle avait entamé, depuis plusieurs mois, des négociations secrètes avec Sinopec (société chinoise) pour vendre le contrôle du pétrolier argentin YFP aux Chinois, avides de pénétrer cet espace énergétique prometteur.
Au courant de ces négociations, la présidente argentine, sachant ainsi qu'elle trouverait un acheteur très solvable pour reprendre YFP après sa nationalisation, aurait contré les plans de Repsol au profit de l'Argentine.

Cette manœuvre argentine illustre un écueil bien connu des experts en négociations : écarter au cours des négociations une tierce partie qui possède un pouvoir de nuisance (pour l'une et/ou l'autre des parties impliquées dans la négociation) peut s'avérer fatal pour le succès de l'accord. Repsol a eu le tort malheureux de ne pas informer le gouvernement argentin (qui avant même la nationalisation, détenait une golden share dans YFP) de ses négociations avec Sinopec, ce qui aurait pu permettre aux trois parties de négocier un partage du "gâteau". En tentant d'écarter, ne fût-ce que "provisoirement" le gouvernement argentin, les Espagnols ont commis une erreur tactique qui leur coûtera cher.

Car, à supposer même qu'ils gagnent en procédure d'arbitrage international, au bout de 10 ans minimum (comme Suez dans l'affaire d'Aguas Argentinas), la probabilité que l'Argentine s'acquittera du montant des compensations décidées par l'arbitre est extrêmement faible. L'Argentine est déjà "condamnée" par de multiples décisions arbitrales qu'elle continue à refuser d'honorer.

Reste à savoir si Sinopec ne risque pas de s'aliéner son partenaire Repsol au Brésil en devenant demain partenaire du gouvernement argentin qui vient d'évincer Repsol d'Argentine ?

Les négociations énergétiques sont toujours à la croisée de l'économie (du commerce) et de la géopolitique.
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