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 - Journaliste-écrivain algérien

Auteur
Nordine Grim est journaliste, écrivain et chroniqueur économique à El Watan. Expert des questions économiques, il a publié de nombreux ouvrages : "Entrepreneurs, pouvoir et société en Algérie",...

Le retour de Galsi, le gazoduc Algérie-Europe


mardi 23 septembre 2014

Conséquence de la crise ukrainienne, le gazoduc sous-marin entre l'Algérie et l'Europe est de nouveau d'actualité. Le déclic ? Les menaces, réelles ou supposées, sur les livraisons de gaz russe.


La dépendance de nombreux pays européens à l'égard du gaz russe est connue : 67 % de sa consommation en gaz pour l'Autriche, 37 % pour l'Allemagne, 20 % pour l'Italie, 14 % pour la France, sans compter une dépendance à plus de 80 % pour la plupart des pays de l'ancien bloc soviétique.

La tension des relations diplomatiques et économiques entre la Russie et les pays occidentaux et, notamment, les membres de l'Union européenne, suite à la crise ukrainienne et à l'annexion de la Crimée, a fait prendre conscience à toutes ces nations de leur extrême vulnérabilité face à cette source d'approvisionnement, qu'une crise politique majeure peut du jour au lendemain tarir.

La diversification des sources d'approvisionnement en hydrocarbures est devenue depuis une des préoccupations des autorités politiques européennes qui suggèrent de chercher au plus vite d'autres fournisseurs et plus pragmatiquement d'entamer la réalisation du projet de gazoduc Algérie-Sardaigne-Europe, dont les travaux peinent, pour diverses raisons, à démarrer. Appelé Galsi, c'était devenu un peu un serpent de mer? On l'avait oublié !

On avait invoqué, il y a environ quatre années, l'insuffisance des disponibilités en gaz algérien à moyen terme, du fait du déclin de la production et de la consommation interne en forte progression. Mais de récents chiffres plus rassurants, donnés par le ministre de l'Energie Youcef Yousfi, sont venus contredire cette vision pessimiste en donnant au projet Galsi une certaine viabilité économique et financière.

Le redémarrage de ce grand gazoduc intercontinental, dont une bonne partie en off-shore, redevient donc une possibilité sous la pression des autorités politiques européennes. Des séances de travail regroupant les parties algérienne et italienne associées au projet ont déjà eu lieu, le but de ces réunions étant de trouver les meilleures voies possibles pour entamer les travaux au plus tôt. La réalisation de ce gazoduc dans les meilleurs délais possibles constitue un enjeu capital, non seulement pour l'Italie, mais aussi pour la France qui sera ravitaillée à partir de la Corse, et finalement pour tous les pays de la rive nord de la Méditerranée.

Cette grosse conduite de gaz naturel, d'une longueur de 900 km, dont 600 km sous la mer, acheminera le gaz naturel du gisement de Hassi R'mel (Algérie) vers l'Italie du Nord à travers la Sardaigne. Ce projet, confié à une entreprise créée en janvier 2003 par Sonatrach et quatre firmes italiennes (Edison, Enel, SFIRS et T.Hera), disposerait déjà des 4 milliards d'euros nécessaires à la réalisation de ce gazoduc supplémentaire.

Environ 8 milliards de m3 de gaz supplémentaires que l'Algérie devra impérativement mettre à la disposition du Galsi y transiteraient annuellement. Ce n'est pas rien (un septième de la grande liaison Nord Stream entre la Russie et l'Allemagne). Les rallonges budgétaires qui seront sans doute requises en raison du tracé très contraignant de ce gazoduc, venu du désert pour franchir les montagnes européennes, seront sans doute faciles à trouver compte tenu des enjeux stratégiques. La Commission européenne et un consortium bancaire se tiendraient déjà prêts à cette éventualité.


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