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Europe : le gaz bousculé par le charbon


vendredi 25 janvier 2013

Que faire pour limiter la "renaissance" du charbon en Europe ? Faire grimper son prix ou aller vers un marché du gaz plus intégré et transparent, et le découpler du pétrole ?


 Un article de Maria van der Hoeven, directrice exécutive de l'Agence internationale de l'Energie, sur European Energy Review.


Le charbon fait un retour spectaculaire en Europe.

L'Europe, qui collectivement fait tant pour rester en première ligne de la révolution pour une énergie propre, consomme toujours plus de la source d'énergie la plus sale... Cette renaissance du charbon ressort clairement dans l'étude faite en décembre par l'Agence internationale de l'Energie (Medium-Term Coal Market Report).

Que faire ? La solution au problème ne peut pas être simplement de réformer le marché des quotas de carbone via le EU-ETS (EU Emission Trading Scheme) (cf l'article précédent de "la chaine Energie").  Faire simplement croître le prix du charbon serait extrêmement coûteux pour les utilisateurs et mettrait à mal l'économie européenne. En fait, la vraie solution est que les décideurs politiques prennent enfin à bras le corps la réforme du marché du gaz pour faire de celui-ci une énergie compétitive.

Plutôt que de se lamenter sur l'impact environnemental provoqué par cette avancée du charbon par rapport à un gaz plus propre, les Européens doivent examiner les raisons profondes de ce mouvement et y porter remède.

L'une des causes de la progression du charbon est que la révolution du gaz de schiste aux Etats-Unis pousse aux exportations du charbon vers l'Europe, où il devient un concurrent du gaz dont les prix sont souvent liés à ceux actuellement hauts du pétrole. Ce lien est d'autant plus douteux que les applications du gaz et du pétrole ne sont pas identiques.

Une autre cause réside dans la chute du prix du carbone dans le système ETS, provoquée par la récession globale de l'économie, la baisse de la production industrielle et de la demande énergétique. D'autres facteurs vont dans le même sens, comme la faiblesse de la production hydro-électrique espagnole due à la sécheresse qui pousse la consommation du charbon dans ce pays ou le ralentissement de la croissance chinoise qui met la pression sur les cours mondiaux du charbon.

Les dirigeants européens travaillent actuellement à la réforme de l'ETS, un effort que l'AIE soutient et qui est essentiel pour maintenir les investissements à long terme l'investissement dans les énergies propres. Baisser les plafonds de l'ETS ou retirer certains crédits carbone en circulation peut répondre au problème de surcapacité et faire monter le prix du charbon.

Cependant ce serait une erreur d'utiliser l'ETS comme l'outil principal pour améliorer la compétitivité du gaz. Cela exigerait des mesures très draconiennes, bien au delà de la réforme envisagée. Faire grimper le prix du charbon assez haut pour enclencher un mouvement significatif en faveur du gaz coûterait aux consommateurs européens des milliards d'euros en pleine crise économique, et reviendrait à subventionner une source d'énergie, le gaz,  qui est actuellement handicapée par les particularités de son marché et qui a connu des crises sévères en Europe de l'Est dans la dernière décennie. Ce serait un signal politique négatif.

Le gaz est une énergie relativement propre dans sa combustion et c'est pour cela que l'AIE a salué les perspectives d'un « âge d'or » du gaz au niveau mondial. L'expérience américaine a prouvé combien une industrie du gaz en expansion peut créer de l'emploi et servir de transition vers une économie réellement durable. Mais bousculer le marché pour favoriser artificiellement le gaz est une proposition trop coûteuse.

(...) La solution réside dans des marchés de l'énergie et des crédits carbone plus efficaces, mieux intégrés. Pour le gaz, cela exige de réduire les différentiels de prix au niveau européen, à promouvoir des échanges gaziers plus concurrentiels et transparents, à aller vers un marché plus intégré. En même temps, dans quelques années, les exportations de gaz naturel américain vont s'accélérer et certaines énergies renouvelables vont atteindre leur maturité, (et donc rééquilibrer la situation par rapport au charbon).

En fin de compte, la meilleure façon de soutenir le prix du carbone et les investissements en faveur des énergies propres sera d'assurer la reprise de l'économie européenne et la restauration de la confiance. C'est une incitation pour les leaders européens à œuvrer pour une solution rapide de la crise de l'euro.

Maria van der Hoeven est Directrice exécutive de l'Agence intgernationale de l'énergie depuis septembre 2011. Auparavant, elle était ministre des affaires éconolmiques des Pays-Bas.
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7 commentaire(s)
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Commentaire par brmomo
samedi 26 janvier 2013 14:32
c est une nouvelle attendue mais terrible. on veut assurer notre confort aujourd'hui et tant pis si nos enfants toussent demain. quel égoisme chez l' être humain!
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Commentaire par patrig k
samedi 26 janvier 2013 15:12
[...//...En fait, la vraie solution est que les décideurs politiques prennent enfin à bras le corps la réforme du marché du gaz pour faire de celui-ci une énergie compétitive....//...] Dès le début de l'article, le propos ne manque pas de culot, comment les politiques européens peuvent-ils agir, sur une matière dont ils ne disposent pas en quantité sur leur territoire, sauf à briser la roche et polluer la ressource H2O ! .. Du gaz contre des Rafales aux Monarchies ou de pactiser avec l'Ours à gaz russe ! [...//...l'AIE a salué les perspectives d'un « âge d'or » du gaz au niveau mondial. L'expérience américaine ...//...] L'ag d'or, surtout que ce filon est financé par une monnaie papier dollar, dont tous les six mois, les palabres et discutions de cours d'écoles font minent d'une démocratie made in US, finissent par s'accorder pour continuer d'endetter cette fédération gloutonne en énergie .. Prendre ce modèle, c'est de regarder le doigt plutôt que la Lune .. "Business as usual" ..
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Commentaire par carlino
lundi 28 janvier 2013 14:47
la raison principale c'est en fait nos écologistes anti nucléaires ....trés actifs et influents politiquement. ils nous ont trompés en soutenant et favorisant l'industrie de l'éolien et du solaire en Europe de nord... .....solutions inefficaces et surtout trés pervers dans des pays comme la France ou l'Allemagne ...on le voit aujourd'hui ...les centrales thermiques vont fleurir pour pallier au manque de vent ou trop de vent aussi !!!! ...les émissions de co2 vont exploser ....et bientôt il sera trop tard pour revenir en arrière !!! une catastrophe écologique est annoncé, bien soutenue voir orchestrée par les mouvements écologistes dominants depuis une dizaine d'année . Alors comment faire ? nucléaire , hydrolique , recherche et recherche plus plus et en attendant, géothermie et économies d'énergie ....le meilleur des kwh et le moins coûteux ( dans le sens large de terme ) est celui non consommé .
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Commentaire par patrig k
lundi 28 janvier 2013 17:32
carlino //// le nombrilisme des pro nucléaires cocorico, est a mourir de rire, avec 77% de sa production d'électricité d'origine nigérienne, canadienne, namibienne, australienne, et nucléaire en France, elle est l'exceptionnelle anerie au monde , aux USA, les premiers promoteurs de ces façons dangereuses et stupides, en sont à 20%, comme au Japon, avant l'arret, une seule corde à son arc énergétique, et ça continue de cocoricoter... Afligeant de gauloiserie. La Chine, 1.4 milliards de pékins, et avec un programme ambitieux de construction ne dépassera jamais 3% ! Sortez de votre cocon franco coq ..Et d'appuyer que les écolos sont puissants ! Elec NUK = 2.5% de l'énergie primaire mondiale, chiffres AIEA ... ça changera pas ..
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Commentaire par carlino
lundi 28 janvier 2013 18:23
patrig K ....vous répondez à côté ....ce que j'ai dit ne veut pas dire que je suis pro nucléaire !!!! ...par contre je suis trés inquiet de la croissance de nos émissions de co2 ...ça oui Aussi , je serais trés satisfait de voir des milliards dépensés pour diminuer le nucléaire et les émissions de co2 ..hors vos éoliennes et solaire, sans solution de stockage, vont avoir l'effet inverse ...cet article en est une nouvelle preuve ...retour au charbon .....c'est logique . désolé mais j'aime pas le gaspillage , l'inefficacité , la stupidité , le mensonge , la fausse écologie , les business malsains attisés en sus par des tarifs garantis orchestrés par des politiques vendus ou irréfléchis . l'avenir nous le dira mais pour l'instant on s'enfume !
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Commentaire par patrig k
lundi 28 janvier 2013 18:56
Carlino, ce que vous condamnez, c'est la cupidité, le capitalisme, le profit et rien d'autre ... la cupidité, inscrit dans la bible comme l'un des péchés qui est punit par le père éternel à faire son séjour en enfer ou purgatoire ! C'est dire si l'on en parle depuis tant de siècles, par dogmatisme ou conviction, et pourtant nous en sommes toujours là... Aussi, veuillez bien m'en excuser, d'avoir mal interpréter votre commentaire. Néanmoins, et à choisir , entre un cupide éolien, d'un cupide atomique, y a pas photo ! Je choisit le vent , pour les couvertures sur les bâtiments, nul désaccord ... ;0)
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Commentaire par Hervé
lundi 28 janvier 2013 23:02
Il y a juste un détail qui m'échappe dans votre article. Comment pourrait on faire baisser le prix du gaz? Pour rappel, il me semble que c'est en partie Poutine qui fixe ce détail. Et ils n'est pas certain que Hollande ait une influence vraiment importante sur ce charmant monsieur. Le prix Américain a chuté en dessous du prix de reviens des shale gaz ce qui va conduire a une hausse des prix dés que la production va rebaisser. Associé aux frais de transport trés élevés, pas sur que le prix du gaz ne baisse sensiblement à l'avenir en Europe. Le potentiel des shale gaz n'est pas vraiment trés clair non plus. D'autre part il faut se rappeler que certains pays européens disposent de charbon en quantité importante, ont réalisé d'importants investissement pour l'exploiter et ne sont pas prêts d'arrêter de l'utiliser.
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