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Scitizen.com est un portail collaboratif en anglais consacré aux questions scientifiques. Il est animé par Gilles Prigent, Docteur en physique.

Captage et stockage du CO2 : est-ce viable économiquement ?


mardi 04 novembre 2008

Dans un article pour European Energy Review, Gilles Prigent fait le point sur le débat qui entoure la technique du captage et stockage de CO2.


Le site d'European Energy Review


« Bien sûr, nous préférerions ne pas avoir à nous servir de cette technologie »
, Jean-Michel Gires, directeur du développement durable au sein du groupe Total, choisit ses mots, « néanmoins dans le panel des solutions pour lutter contre le changement climatique, une solution ambitieuse comme le captage et le stockage du CO2 a sa place, notamment pour abattre les émissions des grands sites industriels ». Une formule qui résume tout à la fois l’engouement et les réticences que suscite cette technique.

Le captage et stockage du carbone (CSC) permet de limiter les émissions de gaz carbonique (CO2) dans l’atmosphère dont l’effet de serre contribue au réchauffement climatique. Son principe est simple : capturer artificiellement le CO2 émis par les chaudières industrielles et l’enfouir sous terre pendant des milliers d’années.

Dans leur dernier rapport, publié en 2007, les experts du Groupement Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) soulignaient les promesses de cette technique qui pourrait permettre de capter 20 à 40% des émissions de CO2 en 2050. Cependant le CSC fait débat. Greenpeace observe, dans un rapport publié en mai, intitulé « False Hope », d’une part que l’étanchéité de la séquestration géologique n’est pas démontrée sur une longue période, et d’autre part, que la technique du CSC ne sera pas réellement prête avant 2020, une échéance trop éloignée dans un contexte d’urgence climatique.

VIABILITE ECONOMIQUE

Le captage et stockage du carbone s’est imposé en un temps très court, une décennie à peine. En 1996, la compagnie pétrolière norvégienne Statoil lance la première expérimentation sur le site de Sleipner, en Mer du Nord. A l’époque, il s’agit pour elle de contourner la taxation du carbone imposée par le gouvernement norvégien. Statoil injecte désormais 1 million de tonnes de CO2 par an dans une formation saline, sous la mer.

Si peu pariaient sur le développement du CSC à la fin des années 90, la médiatisation de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre a propulsé cette technique sur le devant de la scène. Ces dernières années, les projets se sont multipliés. La commission européenne propose de mettre en place 10 à 12 sites pilotes. Les Etats-Unis poursuivent une importante expérimentation sur le site de Weyburn, un ancien réservoir de pétrole. Le Canada, l’Australie et le Japon ont également lancé des expérimentations à plus petite échelle. En France, Total a annoncé début 2007 le lancement d’un projet pilote, sur le site de Lacq, visant à démontrer l’ensemble de la chaîne : captage, transport et enfouissement du CO2 (voir encadré).

Cependant, en dépit d’un contexte favorable, le passage au stade industriel pose problème. En effet, le CSC coûte cher. Pour une centrale électrique au charbon, l’usage de cette technique représente un surcoût de 20 à 40%. Les expérimentations en cours visent notamment à démontrer la viabilité économique du CSC pour les installations industrielles produisant plus de 100 000 tonnes de CO2 par an, soit environ 7 000 sites dans le monde.

Pour l’heure, le prix de cette technologie expérimentale semble devenir le principal obstacle à son développement. L’Union Européenne peine à recueillir les 6 milliards d’euros nécessaires pour financer ses 12 programmes pilotes, et les Etats-Unis ont annoncé en janvier l’abandon du projet FutureGen : trop coûteux.

Gilles Prigent
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