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Vice-président exécutif d'Assystem, groupe d'ingénierie spécialisé dans le nucléaire, Stéphane Aubarbier, ingénieur Insa Lyon, est également administrateur du SYNTEC Ingénierie depuis 2008.

Le nucléaire a besoin de milliers d'ingénieurs et techniciens


lundi 28 décembre 2009

Si la France veut garder son leadership nucléaire, il va falloir former des milliers d’ingénieurs et techniciens dans les prochaines années. Un responsable du Syntec tire la sonnette d'alarme


Stéphane Aubarbier est vice-président exécutif d’Assystem, un groupe d’ingénierie spécialisé dans le nucléaire. Il est aussi depuis 2008 un administrateur du SYNTEC Ingénierie (la Fédération Syntec représente au total près de 1250 groupes et sociétés françaises spécialisés dans les professions de l'Ingénierie, des Services Informatiques, des Études et du Conseil, de la Formation Professionnelle).



Conséquence sociétale ou tropisme naturel de la culture des grands corps d’état techniques, les débats autour du nucléaire français – s’ils s’abreuvent largement de questions politiques, environnementales, financières, de choix technologique – passent largement sous silence un aspect pourtant déterminant pour la réussite de la filière : les hommes. Comment disposer des compétences et, donc, des ressources humaines nécessaires pour mener à bien la construction et l’exploitation de nombreux sites nucléaires ?

En avons-nous réellement besoin ? Est-il nécessaire de construire de nouvelles installations nucléaires ? La réponse n’est plus française ; la Chine et l’Inde représentent  sur les 15 prochaines années, à elles seules, 50% de la croissance en besoins énergétiques et ces pays ont d’ores et déjà opté pour la construction de nouvelles installations de production.

Le débat n’est donc pas de savoir s’il y aura, à l’avenir, une filière nucléaire : elle se développera. Le débat n’est pas de juger de la qualité de naissance de l’EPR, une technologie dérivée des actuelles centrales PWR en activité en France et dans de nombreux pays. L’EPR ne fait que renforcer la capacité à maîtriser la sûreté, la productivité et l’utilisation des ressources en uranium : il se développera.

L’enjeu est ailleurs. Aujourd’hui, la filière nucléaire manque cruellement de compétences humaines ; les difficultés rencontrées par l’ensemble des acteurs sur les projets actuels le démontrent. A l’heure où, chez EDF, les vagues de départs à la retraite vont concerner plusieurs milliers de personnes, et où, chez AREVA, on sort d’une traversée du désert de près de 10 ans, les projets nucléaires (EPR chinois, finlandais, français et anglais ; GBII ; ITER…) redémarrent dans un contexte où finance, budgets, responsabilités juridiques et contractuelles ont pris le pas sur l’expérience et le savoir-faire.

Certes, les réponses existent. Les embauches croisées, qui consistent à transférer des hommes d’expérience d’une entreprise à l’autre, et les programmes de formation accélérés en sont des exemples. Nous savons pourtant déjà qu’elles ne permettront pas de fournir des solutions à la hauteur du défi. Il est nécessaire de former – en 10 ans – plusieurs milliers, peut-être plusieurs dizaines de milliers d’ouvriers, techniciens et ingénieurs aux métiers du nucléaire.
 
A l’heure des Etats Généraux de l’Industrie, sous la responsabilité de Christian Estrosi, Ministre de l’Industrie, où la réflexion sur les filières industrielles est –enfin- remise au goût du jour, cette question du besoin de compétences doit être abordée. Les solutions passent nécessairement par la promotion du secteur auprès des jeunes, qui, depuis dix ans, ont privilégié les carrières commerciales et financières, et par l’intégration, dans l’économie, du coût de création de ces filières d’excellence.




4 commentaire(s)
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Commentaire par Didier
lundi 28 décembre 2009 08:38
Ce n'est pas a Abou Dhabi qu'ils trouveront du travail tous ces ingenieurs et techniciens! Surtout que les russes, chinois et coreens proposent leurs reacteurs certes rustiques mais a prix casses!
On note aussi encore une fois que la penurie de main d'oeuvre qualifiee est subie plutot que geree. Il s'agit surtout de remplacer la generation des baby-boomers d'apres guerre.
[2]
Commentaire par Stéphane Lhomme
lundi 28 décembre 2009 18:21
Bel exercice de méthode coué pour essayer de maintenir le mythe de la "renaissance" du nucléaire. Or, la plupart des projets nucléaires dans le monde sont annulés (AfSud, Ontario, Texas, Alabama, Missouri, Bulgarie, Turquie, etc), ou n'auront pas lieu (Italie), ou alors de façon marginale (Grande-Bretagne, USA).

L'Inde manque cruellement d'argent pour cette industrie ruineuse. La Chine, hélas, est disposée à mettre un peu d'argent dans le nucléaire qui restera de toute façon une énergie marginale dan ce pays : au mieux 8% de l'électricité produite, de quoi couvrir... 1% de la consommation d'énergie en Chine !

Reste quelques rares pays ayant du cash, comme Abou Dhabi mais, dans le nucléaire, les belles annonces ne se concrétisent pas souvent...

La part du nucléaire dans l'électricité mondiale est passée sous les 14% (après être montée jusqu'à 18% il y a quelques années). Le nucléaire est une énergie archaïque et en déclin. La plus belle démonstration en est apportée par l'EPR, le plus mauvais réacteur de l'Histoire, et le plus cher !
[3]
Commentaire par Seck
mardi 29 décembre 2009 13:24
Messieurs les industriels du nucléaire,

Il y a longtemps que toutes les options énergies de toutes les écoles d'ingénieurs sont pleines et réservées aux premiers de promotions tant elles sont demandées. Les hommes et femmes sont là et sont pour la plupart motivés par le nucléaire ou des entreprises à bonne image, comme EDF, AREVA ou GDF Suez. Il faut cependant se donner la peine de venir les chercher.

Vous avez besoin d'hommes? Lancez des plans de communications et de recrutements à la hauteur de vos ambitions! Orange l'a déjà bien compris avec son programme "jeune talent" qui existe aussi dans d'autres entreprises.

Signé : un jeune diplômé, toujours déçu d'entendre que les entreprises manquent de jeunes alors qu'eux n'attendent que ça
[4]
Commentaire par steeves
mercredi 30 décembre 2009 20:02
besoin d'ingénieurs d'accord mais de medecins specialiste du cancer du sang et de la thiroide certainement davantage :en 2020 ,90% de la population mourra d'un cancer ,on en est a 60% mais tout va bien !
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Vice-président exécutif d'Assystem, groupe d'ingénierie spécialisé dans le nucléaire, Stéphane Aubarbier, ingénieur Insa Lyon, est également administrateur du SYNTEC Ingénierie depuis 2008.

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