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 - Physicien nucléaire, MMConsulting

Auteur
Polytechnicien, ancien ingénieur de l'armement, Michel Mabile a exercé dans des secteurs très variés : nucléaire, robotique, biomédical, spatial, aéronautique... Ancien membre du Comité national...

Fukushima : voici les questions à poser!


mercredi 13 avril 2011

Quelles leçons tirer de Fukushima? Sans accabler les responsables japonais confrontés à un accident exceptionnel, il faut commencer à poser quelques questions.




 L'accident de la centrale nucléaire de Fukushima a réveillé les peurs du nucléaire.

Mais que s'est-il réellement passé à la centrale Daiichi de Fukushima ? Les autorités japonaises, TEPCO l'exploitant en tête, ont été avares d'informations. Il est possible que cette attitude soit imputable à la situation totalement exceptionnelle rencontrée, saturant les capacités de communication et d'information. On ne peut à ce stade que se poser des questions. La réponse à ces questions sera essentielle pour remettre en perspective le déroulement des évènements et replacer cet accident dans son contexte.

Mais on peut raisonnablement s'interroger :

--- Pourquoi les moyens de groupes électrogènes de secours ont-ils été défaillants apparemment dès la première heure suivant l'accident ? Pourquoi l'exploitant n'avait-il pas tenu compte de l'avis de l'autorité japonaise de sureté nucléaire qui avait émis des doutes sur le degré d'entretien de ces machines ?
·
--- Pourquoi l'exploitant n'a-t-il pas pris la décision de faire parvenir par des moyens héliportés lourds des groupes de secours mobiles ? Des hélicoptères russes sont susceptibles de transporter près de 30 tonnes, ce qui aurait permis de rétablir l'alimentation électrique rapidement. Ce rétablissement aurait permis au moins de disposer des informations sur l'état des réacteurs (température, pression, niveaux d'eau,...). Il a fallu attendre plus de 12 jours pour permettre cette réalimentation. Pourquoi ?

--- L'accident s'est rapidement aggravé faute de refroidissement des cœurs. Il a fallu deux jours pour que les opérateurs entreprennent de refroidir avec de l'eau de mer. Pourquoi une telle attente ? Que se serait-il passé et l'ampleur de l'accident aurait-t-elle pu être moindre si ce refroidissement à l'eau de mer avait entrepris plus tôt ?

--- L'accident a dégénéré en catastrophe lorsque des explosions d'hydrogène se sont produites lors des dégazages des enceintes de confinement des réacteurs 1 et 3. Ce risque était connu et des recommandations avaient été faites aux exploitants, après l'accident de Three Mile Island en 1979, de mettre en place des systèmes de dégazage d'urgence à l'air libre pour prévenir tout risque d'explosion au travers de filtres à sable. Les réacteurs de Fukushima disposaient-ils de ce dispositif ? Si oui, il semble qu'ils n'ont pas été mis en œuvre et que le dégazage a été effectué vers l'enceinte supérieure abritant la piscine de stockage des combustibles usés. Or, l'on sait que le risque d'explosion de l'hydrogène se produit principalement en milieu confiné. Pourquoi le dégazage n'a-t-il pas été fait à l'aire libre ?

--- Le refroidissement étant sans doute rendu difficile du fait de la détérioration des moyens normaux de pompage, il fallait recourir à des palliatifs. Pourquoi avoir attendu 11 jours pour acheminer sur le site - par voie terrestre - des groupes motopompes qui ont permis, enfin, de juguler la crise ? Ce délai était sans doute indispensable pour rétablir les voies d'accès pour des camions, mais n'était-il pas doute possible de les acheminer par voie aérienne ou maritime ?

--- Il était évident que l'arrosage des réacteurs endommagés créerait un volume rapidement incontrôlable d'effluents plus ou moins radioactifs. Pourquoi ne pas avoir pris la décision plus tôt d'acheminer des citernes mobiles vers le site? Pourquoi avoir attendu le 6 avril pour accepter l'offre russe et américaine de barges mobiles ? Ceci aurait sans doute limité les rejets incontrôlés dans l'océan, les niveaux d'eau contaminée restant limités dans les sous-sols.

--- Des experts de tous pays se sont proposé pour conseiller l'exploitant ou pour offrir des moyens de traitement de crise (robots d'inspection notamment). Pourquoi avoir refusé ces moyens pendant plusieurs jours ?

Cette liste de question n'est pas exhaustive. Mais la réponse à ces questions sera essentielle pour comprendre pourquoi un accident hors normes s'est transformé en catastrophe semblant à un moment incontrôlable. Il faudra en tirer toutes les conséquences. Cet accident démontre une fois de plus, après Three Mile Island et Tchernobyl que le facteur humain reste un des éléments essentiels de la sûreté nucléaire. Il démontre également que le traitement de situations exceptionnelles nécessite le recours à des moyens exceptionnels et rend indispensable la coopération internationale.

N'oublions pas non plus que 6 raffineries ont été détruites ou gravement endommagées lors du tsunami, répandant dans la nature des produits hautement cancérigènes (benzène, toluène, xylène...). Qui en parle ? Les conséquences sanitaires et sur la vie des populations ou la faune maritime seront-elles plus limitées ?


  Le site de MMConsulting

1 commentaire(s)
[1]
Commentaire par Boum !
lundi 18 avril 2011 21:25
Bonjour,

j'ai un tuyau pour vous:

pourquoi ne pas poser vos questions en commentaires sur ce sujet ?
http://energie.lexpansion.com/energie-nucleaire/fukushima-une-bonne-nouvelle-pour-le-nucleaire-_a-32-5927.html

Je cite:
"Fukushima est peut-être une bonne nouvelle pour le nucléaire."

Aucun doute que vous auriez des réponses à toutes vos questions.



Ou pas.





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