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Jean-Pierre Pervès est diplômé de l'Ecole Nationale Supérieure d'Arts et Métiers, ainsi que de l'Institut National des Sciences et Techniques Nucléaire. Il a réalisé l'ensemble de sa carrière au Commissariat...
Fukushima : le travail spectaculaire des spécialistes japonais
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jeudi 13 novembre 2014
Le traitement de la centrale sinistrée Fukushima a franchi une étape importante : tous les éléments radioactifs de la piscine nr4 ont été retirés, en avance sur le planning, avec des moyens très lourds.
Tokyo Electric Power (TEPCO) vient de réussir une étape importante dans le démantèlement de la centrale de Fukushima-Daiichi : l'électricien vient de retirer avec deux mois d'avance tous les 1 331 assemblages de combustible usé qui se trouvaient dans la piscine numéro 4.
Suite au tsunami qui a frappé le Japon le 11 mars 2011, le réacteur « 4 » de la centrale nucléaire de Fukushima, qui était à l'arrêt et déchargé de son combustible à ce moment-là, a été fortement ébranlé par une explosion d'hydrogène.
L'explosion a entraîné la destruction du hall supérieur du réacteur et la chute d'une multitude de débris dans la piscine de refroidissement des éléments combustibles usés située dans ce hall (donc au dessus du réacteur).
Dans la piscine, se trouvaient 1 331 éléments, dont 548 éléments fraîchement déchargé du dernier coeur. La puissance résiduelle était alors encore importante, de quelques mégawattheures.
Face à une forte incertitude sur la résistance de la piscine en cas de réplique sismique et au risque de nouveaux dégagements de substances radioactives, TEPCO a alors considéré que l'évacuation des combustibles usés de cette piscine était prioritaire et s'est engagé à la réaliser avant fin 2014.
Avant de commencer à retirer les combustibles, il a été décidé de sécuriser en urgence le génie civil du bâtiment en injectant du béton dans les zones fragilisées. En outre, un projet spectaculaire de construction d'un nouveau hall de confinement et de manutention des combustibles a parallèlement été engagé : compte tenu de la fragilisation des structures d'origine il a été décidé de bâtir un nouveau bâtiment reposant sur un nouveau radier, indépendant et capable de supporter un hall de confinement et de manutention en surplomb du bâtiment du réacteur.
Ce hall est porté par une gigantesque structure en acier dimensionnée pour résister aux séismes sans peser sur le bâtiment existant. Ce projet a été réalisé dans un délai remarquablement court de 2 ans.
En novembre 2013, le hall avec tout son équipement (confinement, manutention de charges lourdes) était opérationnel et le déchargement des combustibles pouvait être engagé.
Le 5 novembre 2014 le dernier des 1 331 combustibles usés a été évacué, soit deux mois avant l'objectif fixé dans le calendrier, ce qui est remarquable.
Ces transferts ont mobilisé 62 mouvements de châteaux de transferts blindés pesant des dizaines de tonnes, plus d'un par semaine.
L'expérience ainsi acquise, précieuse et convaincante, pourra être prise en compte pour les projets d'évacuation des piscines des réacteurs 1 à 3 [2], avant que le démantèlement de ces derniers puisse être engagé, avec en particulier les opérations complexes de récupération des débris des trois coeurs.
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[Réponse de l'auteur]
Bonjour, il n'est pas question pour moi minimiser la "faute" japonaise, qui est indiscutable et de sous-estimer la gravité environnementale de l'accident et le démantèlement très complexe qui va s'étendre sur des décennies. Mais, contrairement à ce qui avait été constaté à Tchernobyl, force est de constater que le Japon a mis en oeuvre un programme considérable sur le site. Ce que montre l'article est qu'un projet difficile, l'évacuation des combustibles de la piscine du réacteur N° 4, prioritaire car celle ci avait été fortement ébranlée par l'explosion hydrogène, projet que TEPCO s'était engagé en 2011 à terminer avant fin 2014, a été effectivement achevé en novembre 2014. Quand un travail est bien accompli il faut savoir le dire, tout en restant vigilant sur ce qui reste à faire. Il faut aussi respecter l'engagement de ceux qui sont sur le terrain .