Participez aux débats sur l'énergie de demain

Allemagne: relance du nucléaire ou simple report de la sortie?


mardi 14 septembre 2010

L'agenda énergétique est très chargé en Allemagne. Le 18 septembre, les anti-nucléaires vont manifester et le 28 le gouvernement va présenter sa nouvelle stratégie sur l'énergie. Et notamment la délicate transition entre le nucléaire et les énergies renouvelables.


Après plusieurs mois de débats, la coalition gouvernementale CDU/CSU-FDP a décidé le 6 septembre 2010 de prolonger la durée d'activité des centrales nucléaires allemandes de 12 ans en moyenne.

Selon la proposition du Ministère fédéral de l'économie (BMWi) et du Ministère fédéral de l'environnement (BMU) pour le concept énergétique allemand, un prolongement d'activité de 8 ans serait accordé aux centrales les plus anciennes et de 14 ans aux plus récentes, qui répondent à des normes techniques différentes.

Au sein de la majorité, l'avenir de l'énergie nucléaire faisait débat, en représentant l'entrave principale avant la présentation d'une nouvelle stratégie énergétique allemande par le cabinet des ministres, prévue le 28 septembre prochain.

Cette décision annonce "une révolution dans le domaine de l'approvisionnement énergétique", selon la chancelière Angela Merkel. En effet, après les élections parlementaires d'octobre 2009, la coalition avait décidé de revenir sur la loi de l'énergie nucléaire (Atomgesetz) et sur la décision de sortir du nucléaire civil, prise en 2002 par le gouvernement SPD-Verts de Gerhard Schröder.

Une énergie de transition

Désormais, la proposition des ministères allemands pour le concept énergétique allemand exprime clairement que le nucléaire doit servir, comme le charbon, de "technologie de transition" en attendant que les énergies renouvelables (EnR) arrivent à maturité. Il est ainsi prévu que le nucléaire reflue à mesure que les EnR progresseront : il ne sera exploité que pendant la durée "nécessaire" pour "parvenir à l'ère des énergies renouvelables", a souligné Angela Merkel.

L'objectif demeure la montée en puissance progressive des énergies éolienne, hydraulique et solaire, de la biomasse et de la géothermie ; elles ont fourni, en 2009, 10,4% de l'énergie et 16,3% de l'électricité consommées en Allemagne. Elles devraient être à l'origine de 60% de l'énergie et de 80% de l'électricité consommées en 2050. Dans cet objectif, le Gouvernement fédéral prévoit de continuer à soutenir leur développement et d'investir, notamment dans l'extension des réseaux et la mise en place de réseaux intelligents.

Des investissements pour les EnR

Par ailleurs, les quatre grands exploitants de centrales (E.ON, RWE, EnBW et Vattenfall) seront mis à contribution: en contrepartie des profits engrangés grâce à la prolongation de l'activité des centrales, ils devront s'acquitter d'un nouvel impôt sur le combustible, qui doit rapporter 2,3 milliards d'euros par an à l'Etat pendant une durée prévue de six ans ; ils devront par ailleurs investir massivement dans la sécurité des centrales (jusqu'à 500 millions d'euros par centrale) ; ils devront aussi investir une somme de l'ordre de 15 milliards d'euros dans le développement des EnR et l'efficacité énergétique. En outre, à partir de 2013, tous les profits réalisés via la vente de permis d'émission de dioxyde de carbone seront affectés au développement des EnR.

Le Ministre fédéral de l'économie et de la technologie, M. Rainer Brüderle a précisé dans sa déclaration que l'acceptation de la population est essentielle pour le Gouvernement fédéral, et que selon les sondages les plus récents, 73% des personnes interrogées ont affirmé être favorables à la prolongation d'activité des centrales nucléaires, à condition qu'une part importante des profits supplémentaires engendrés par les exploitants soit investie dans le développement des EnR.

Le cabinet des ministres se prononcera ainsi sur le concept énergétique allemand le 28 septembre 2010. Il n'a cependant pas encore été décidé si l'approbation du Conseil fédéral (Bundesrat) sera nécessaire pour ratifier la loi énergétique qui s'en dégagera ; la question est déterminante dans la mesure où la coalition gouvernementale a perdu la majorité au Bundesrat depuis les élections régionales en Rhénanie-du-Nord-Westphalie en mai 2010 et risque de voir sa proposition de loi énergétique refusée. Ainsi, la prolongation de durée de vie des centrales nucléaire décrétée est encore une décision politique du Gouvernement fédéral ; l'assise juridique demeure encore à instaurer, pour assurer la mise en application au niveau industriel.

Plus d'informations sur les "bulletins électroniques" , le service de veille des Services scientifiques des Ambassades de France dans le monde :
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/063/63989.htm
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/64352.htm

PARTICIPEZ !
Cet espace est le vôtre !
La chaîne Energie de LExpansion.com
vous ouvre ses colonnes. Partagez vos analyses !