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 - Docteur en Sciences de la Terre et de l'Environnement

Auteur
Stefano Bonelli est Docteur en Environnement et expert climatique.Ingénieur de l’Ecole Polytechnique de Milan et Docteur en Sciences de la Terre et de l’Environnement (Ph.D),...

Les climato-sceptiques contre le GIEC


lundi 01 février 2010

Une petite phrase sur la fonte des glaciers himalayens dans un rapport de 900 pages a déclenché la polémique entre les "climato-scpetiques" et les experts du GIEC. Le point de vue du climatologue Stefano Bonelli


Le Groupe intergouvernemental d'experts sur le climat (Giec), voit sa crédibilité contestée par une série de polémiques. Dernière en date: la découverte de projections qui seraient erronées sur la fonte des glaciers himalayens. Dans un rapport publié en 2007 ( qui avait valu au Giec le prix Nobel de la Paix), les experts faisaient état d'une très probable disparition de ces glaciers d'ici 2035, si le réchauffement de l'atmosphère se poursuivait sur le rythme. Des prévisions capitales, notamment pour la Chine et l'Inde, deux pays alimentés en eau par la fonte saisonnière de ces glaciers.

La polémique récente sur la fonte des glaciers himalayens remet-elle en cause la fiabilité des prévisions du GIEC ?


Non, absolument pas. Le rapport du GIEC de 2007, celui dont il question aujourd’hui, est un document de 900 pages. La déclaration qui est cœur de la polémique, est issue d'une phrase de la dernière partie de ce dossier. Une phrase sur 900 pages ! Dire que «les petits glaciers de l’Himalaya oriental pourraient disparaître en 2035» n'est pas vraiment une scientifique sûre et vérifiée. Par contre, toutes les données de la première partie du rapport, qui attestent de la fonte des glaciers dûe au réchauffement climatique, sont réelles et ont fait l’objet d’une vérification par un collège de scientifiques (des glaciologues), selon la procédure en vigueur applicable aux publications scientifiques. L’arbre ne doit pas cacher la forêt.

Au-delà de la discussion des termes scientifiques, cette polémique enfle également à cause de l’obtention, par l’Institut des Energie et Ressources Indiennes de Rajendra Pachauri (Président du GIEC), d’un fonds de 2,5 millions d’euros alloué par l’Union Européenne, suite à ces fameuses déclarations. Pensez-vous que le GIEC puisse «trafiquer » ses résultats pour obtenir des subventions ?

Cette question ne relève plus de la science, elle dépasse mon domaine de compréhension. Mais, ne nous trompons pas de combat : le réchauffement climatique de cause anthropique existe, et cela même sans les conclusions du GIEC. Un rapport de l’UNEP de 2008 fait état, lui aussi, de la fonte des glaciers au niveau mondial, et ce en se basant sur des données précises collectées depuis plus de 30 ans !  Bilan : tous les glaciers sont en fonte. Le GIEC a juste surestimé la rapidité du processus.

Ce « glaciergate » comme le surnomment nos confrères anglo-saxons, s’ajoute malheureusement au « climategate » de décembre 2009, affaire des emails de climatologues piratés à quelques jours de Copenhague. Pensez-vous que cette succession d’évènements donnent raison aux climato-sceptiques aux yeux de l’opinion publique ?

Les climato-sceptiques jouent leur rôle d’agitateurs. Ils instrumentalisent une phrase pour tenter d’en faire une contre-vérité. Ils ne sont pas dangereux, sauf si, justement, les médias se font le relai de leur pensée conspirationniste.

Pourtant, le Sunday Times, qui s’en prend assez violemment aux scientifiques du GIEC, est un média  sérieux…

Ils font leur boulot, mais ne doivent pas omettre de replacer ces infos dans leur contexte. Les impacts locaux du réchauffement climatique sont très difficiles à cerner, en raison justement des caractéristiques locales, comme l’existence d’un microclimat. Prendre un phrase telle quelle, sans la mettre en perspective n’a pas de sens.

Si ces déclarations datent d’il y a plus de deux ans, pourquoi n’ont-elles pas été misent en cause avant ?

Comme je vous l’expliquais précédemment, cette polémique est née d’une phrase, qui je l’imagine, était plutôt passée inaperçue avant que tout le monde ne s’empare des questions climatiques. Mais, au final, je trouve ce fait plutôt encourageant, car il stimule le débat et peut, comme c’est le cas aujourd’hui, amener la communauté scientifique à reconnaître ses erreurs. Personne ne peut reprocher aux citoyens de s’emparer des questions climatiques.

Vous êtes donc optimiste pour Mexico...

Pour parvenir au résultat escompté : faire baisser la température terrestre de 2°C d'ici 2020, il faudra plus débattre sur les actions à entreprendre pour y arriver, que sur le fond, c'est-à-dire sur l'éventualité d'un accord. Pour moi, les solutions sont simples : passer au renouvelable, effectuer des transferts de technologies massifs dans les pays en développement, bref, changer de mode de vie de façon collective.


6 commentaire(s)
[1]
Commentaire par Pollux
lundi 01 février 2010 11:21
Les propos de Monsieur Bonelli sont à l'image du GIEC : bien peu scientifiques. A la question d'un possible conflit d'intérêt touchant les membres du bureau du GIEC (Pachauri), celui-ci de botter en touche en affirmant qu'il n'y pas lieu de douter de l'origine anthropique du réchauffement observé. En voulant refermer le débat avec l'argument éculé des "théories du complot", votre journaliste de lui rappeler que ces éléments ont été mis en évidence par des journalistes de la presse britannique ayant mené enquête. En refusant toute remise en question (incertitudes), il valide les critiques des scientifiques qui doutent que la climatologie soit une science. (lire l'article du physicien Serge Galam paru sur www.causeur.fr intitulé "Il faut que Copenhague échoue ! Non, la climatologie n’est pas une science")
[2]
Commentaire par LeBoss
lundi 01 février 2010 13:25
Le rapport de 2007 du GIEC, prix Nobel, dont vous parlez, dit que «tous les glaciers Himalayens auront disparus en 2035 et même avant avec une forte probabilité. La superficie des ces glaciers passerait de 500000 km² à 100000 km² ».
Hors les glaciers himalayens font 33000 Km² de superficie, soit 15 fois moins.

Et ces glaciers ne fondent pas de façon dramatique et même certains et non des moindres avancent. Cf : MoEF Discussion paper, V.K. Raina, Ministère de l’environnement et des forets).

Ces deux « erreurs » concernent les besoins en eau, donc la survie de 1,3 milliards d’individus, un humain sur six.

Or ce ne sont pas des « erreurs » :

Dans une interview avec The Mail, le Dr Lal, « co-ordinating » auteur principal du chapitre du rapport sur l'Asie, a déclaré: « (la fonte des glaciers himalayens) est liée à plusieurs pays de cette région et à leurs ressources en eau. Nous avons pensé que si nous pouvions le mettre en lumière, ça aurait un impact sur les décideurs et les politiciens pour les encourager à prendre des mesures concrètes. «C’est important pour la région, donc nous avons pensé que nous devrions le mettre».

Il s’agit donc d’une fraude scientifique VOLONTAIRE pour mettre la trouille au ventre du monde et mobiliser des trillons de dollars aux « accords » de Copenhague et d’ailleurs.

« La plus grande arnaque scientifique d’une génération » titrait à la une le Telegraph du 29 nov. 2009.
[3]
Commentaire par Débat
lundi 01 février 2010 18:20
La démocratie est un luxe que nous avons la chance de pouvoir nous payer grâce au développement économique basé sur le progrès technologique, alors préservons la par une information objective.
Dans cette interview, sont relatés les propos d’un scientifique qui exprime un point de vue, mais qui perd sa crédibilité quand il dit :
« Les climato-sceptiques jouent leur rôle d’agitateurs. Ils instrumentalisent une phrase pour tenter d’en faire une contre-vérité. Ils ne sont pas dangereux, sauf si, justement, les médias se font le relai de leur pensée conspirationniste»
Ces propos ne sont pas dignes de la profession, des scientifiques tout autant respectables, à l’exemple de Vincent Courtillot, (qualifié de climato-sceptique, trop rarement interviewé) expriment parfaitement que la science n’avance que parce qu’il y a des contradicteurs. Un débat fermé n’est plus de la science.
En outre, sur le plan économique, les conséquences de cette culpabilité que l’on veut nous imposer au travers d’un soit disant réchauffement climatique justifient la nécessité d’un réel débat scientifique. En effet, trop d’intérêts économiques sont en jeux depuis des années ajoutés à la pression de verts (anciens rouges anticapitalistes) pour émettre des doutes sur l’objectivité des travaux du GIEC (IPCC pour les anglophones). De leur coté les sceptiques sont muselés par les médias, ils ont de rares occasions de s’exprimer et seulement depuis peu de temps. A votre dispositions pour des références.
[4]
Commentaire par Olivier - ObjectifTerre
mardi 02 février 2010 02:29
Bonjour Stefano,

John Beddington, conseiller scientifique en chef du gouvernement britannique et directeur du bureau gouvernemental pour la science :

"L'impact du réchauffement a été exagéré par certains scientifiques et il y a un besoin urgent de positions plus honnêtes à propos des incertitudes concernant le taux du changement climatique (...) Nous avons un problème de communication à propos des incertitudes. Il y a véritablement un problème à ce sujet (...) "

http://www.timesonline.co.uk/tol/news/environment/article7003622.ece

Qu'en pensez-vous ?

Olivier
[5]
Commentaire par Olivier - ObjectifTerre
mardi 02 février 2010 02:43
Stefano a écrit : "Comme je vous l’expliquais précédemment, cette polémique est née d’une phrase, qui je l’imagine, était plutôt passée inaperçue"

Passons de votre imagination aux faits :

Dans une interview pour l'AFP, Georg Kaser, glaciologue autrichien qui a contribué à la rédaction du rapport du GIEC a qualifé l'erreur d'"énorme" et a indiqué qu'il avait signalé cette erreur majeure dès 2006 aux responsables du GIEC, mais que les responsables du GIEC ont refusé de corriger, et l'erreur est ainsi présente dans le rapport AR4 du GIEC publié en 2007. Pourquoi ce signalement n'a-t-il pas trouvé écho ? Y-a-t-il eu une intention délibérée de faire peur et de mettre la Chine et l'Inde sous pression ?

Le coordinateur du chapitre Asie du rapport du GIEC, Dr Murari Lal. a déclaré il y a quelques jours :

"[La question des glaciers himalayens] implique de nombreux pays asiatiques [dont l'Inde et la Chine] et leurs ressources en eau douce. Nous avons pensé que si nous pouvions mettre en relief cette question, nous pourrions influencer les acteurs économiques et politiques et les encourager à passer à l'action concrète [pour réduire les émissions de CO2]. C'est une question importante pour la région asiatique, donc on a pensé qu'on pouvait l'exploiter."
http://www.dailymail.co.uk/news/article-1245636/Glacier-scientists-says-knew-data-verified.html
[6]
Commentaire par reglisse
samedi 27 février 2010 18:04
Il y a des gens qui "croient" à tout mais n'en" savent" pas plus
des gens qui ne "croient" à rien mais n'en "savent" pas plus
des qui voient des complots partout
sont pour rien et contre tout
et j'en passe
Que d'idéologies consternantes!
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