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Christophe Plebois, 30 ans, est un passionné des technologies nouvelles. Responsable du développement durable dans une grande entreprise, il croit en une évolution qui prend en compte les progrès technologiques...

Le permafrost va accélérer le réchauffement climatique


vendredi 30 mars 2012

Le climat n'avait vraiment pas besoin de ça : le gaz contenu dans les sols gelés des régions arctiques pourrait bien accélérer de manière significative le réchauffement de la planète.




Le pergélisol, plus connu sous le mot anglais de permafrost, correspond au sous sol gelé des régions arctiques, principalement en Sibérie et au nord du Canada.

Avec une surface totale de 19 millions de km2 (soit 20% de l'hémisphère nord), il renfermerait 1700 milliards de tonnes de carbone organique provenant de la dégradation de végétaux et d'organismes vivants piégés par la glace durant des milliers d'années. Sous l'effet du réchauffement climatique en cours et de l'action des bactéries et des microbes, ce carbone fossile se libère du sol dans l'atmosphère sous forme de méthane, un des principal gaz a effet de serre avec un impact 25 fois plus important que le gaz carbonique. Une réaction en chaîne a ainsi lieu : le réchauffement climatique actuel libère le méthane des sols gelés qui amplifient d'autant plus le réchauffement.


Une menace majeure


En août dernier, le ministère russe des affaires d'urgence avait déjà alerté sur le dégel du pergélisol en annonçant que sa superficie globale pourrait diminuer de 30% d'ici 2050 : une véritable menace pour l'environnement quand on sait la quantité considérable de méthane qui serait ainsi déversée. Katey Walter Anthony, une scientifique américaine, est arrivée a des conclusions similaires en allant observer le phénomène sur place à deux reprises : partie en l'an 2000 observer les lacs de Sibérie elle n'avait quasiment vu aucune émission de méthane dans l'atmosphère, contrairement à son second voyage, en 2011, où elle assistera à des éruptions massives de gaz provenant des lacs. Une évolution soudaine qui l'a poussé à alerter la communauté scientifique.



Un collectif pour alerter


Si l'impact du pergélisol est aujourd'hui confirmé par une majorité de scientifiques, il n'a jusqu'ici, et assez étonnement étant donné les répercussions possibles, jamais été réellement pris en compte dans les perspectives d'évolution climatique. Edward A. G. Schuur et Benjamin Abbott, deux scientifiques américains ont enquêtés auprès des principaux experts mondiaux afin d'obtenir leur avis sur la situation. Les résultats de cette enquête a montré qu'un large consensus émergeait pour dire que le risque posait par pergélisol sur le réchauffement climatique était largement sous estimé. Leurs prévisions étant comprises entre 30 à 60 gigatonnes de carbone (GtC) dégazées d'ici à 2040, et entre 232 et 380 GtC d'ici 2100 : soit près d'un tiers des émissions dites « classiques ». Considérable donc. Leurs analyses montrent que le pergélisol pourrait relâcher autant de carbone que la déforestation, ce qui en ferait le second plus gros émetteur de gaz a effet de serre juste derrière la combustion des hydrocarbures. L'industrialisation restant en effet le premier facteur d'émission de gaz a effet de serre même si des solutions commencent à émerger notamment en terme d'efficacité énergétique.


Dans cet optique un collectif d'expert s'est mis en place afin de « produire, rassembler et évaluer » les données relatives aux pergélisol et son évolution sur le climat. Lancé récemment sous le nom de projet PAGE 21 (Permafrost in the Arctic and its Global Effects in the 21st Century), financé par l'union européenne il rassemble 18 institutions de recherche. Un des objectifs principaux de PAGE 21 sera d'intégrer pour la première fois ces données dans le cinquième rapport GIEC (groupe d'experts internationaux sur l'évolution du climat), principal étude sur l'évolution climatique qui devrait paraître en 2014 et dont les précédentes éditions n'avaient pas pris en compte le pergélisol.


Des incertitudes subsistent


Si il semble aujourd'hui difficile de nier son impact, des incertitudes subsistent. Première incertitude, la profondeur sous laquelle est piégée le carbone dans le pergélisol : alors que les premières simulations prenaient exclusivement le premier mètre d'épaisseur, les scientifiques se sont aperçus que le carbone pouvait être enfoui bien plus profondément, les sédiments pouvant en effet avoir été déposés depuis des dizaines de milliers d'années. Ces nouvelles données ont ainsi rendu les premières prévisions beaucoup trop optimistes, le nombre de tonnes de gaz carbonique enfoui étant vraisemblablement bien plus important. Seconde incertitude : la manière dont ces hydrocarbures s''échapperont de la fonte du pergélisol. Deux possibilités : sous forme de méthane donc soit sous forme de gaz carbonique. La présence de bactéries et d'oxygène influerait sur le type de gaz : plus il y' en aurait, plus la probabilité d'avoir du gaz carbonique serait importante. Sachant que le méthane a un impact 25 fois plus important que le gaz carbonique, la proportion de chacun de ces deux gaz dans la composition du mélange émis du pergélisol aura un impact évident.


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3 commentaire(s)
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Commentaire par climatosceptique ;-)
dimanche 01 avril 2012 17:49
"les sédiments pouvant en effet avoir été déposés depuis des dizaines de milliers d'années"
je vous rappelle que la Russie a été sous des km de glaces jusqu'il y a 11500 ans. C
[2]
Commentaire par florentb
mardi 03 avril 2012 11:44
On étudie le problème, on crée des commissions, on fait des colloques. Ensuite, on réfléchira pour... peut-être, prendre des mesures. Enfin, disons qu'on en parlera.
Ceux qui alertent ne sont pas ceux qui prennent les décisions mais il y a pire, c'est que tout le monde, j'entends le grand public, se fiche de ce sujet, Ecologie politique en tête.
Il vous suffit d'écouter pour le voir....
[3]
Commentaire par laetitia
mercredi 11 avril 2012 14:11
Bonjour, voici une pétition pour que le réchauffement climatique ne soit pas le grand oublié des débats dans la présidentielle et qu’il ai une vraie place dans le programme du futur président !

http://www.mesopinions.com/N-oubliez-pas-le-r%C3%A9chauffement-climatique-petition-petitions-93c1f2df1df63111f293a929975fba6b.html

Vous pouvez aller signer la pétition cela ne prend que quelques secondes.
Bonne journée !
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Christophe Plebois, 30 ans, est un passionné des technologies nouvelles. Responsable du développement durable dans une grande entreprise, il croit en une évolution qui prend en compte les progrès technologiques...

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