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De formation scientifique (docteur es-chimie-biochimie) et de gestion (Executive-MBA HEC), Eric Fromant a travaillé dix ans au sein du CEN (Comité européen de normalisation) et a été dirigeant de plusieurs...

Copenhague : un accord avec tous les pays, sinon rien


lundi 07 décembre 2009

Les pays développés consomment des matières premières énergétiques que les pays en développement leur vendent : la balance semble équitable. Pourtant, s'ils ne s'entendent pas sur le climat, Copenhague sera un échec.


sinon
Dans La société du risque, Ulrich Beck a écrit cette phrase fondamentale : "Nous n'échangeons pas seulement des biens, nous échangeons aussi des maux". Lorsqu' un grand distributeur de l'ameublement importe des fauteuils de Chine, il importe effectivement des biens, mais lorsque ces fauteuils provoquent une maladie de peau à 250 personnes, c'est bien aussi un mal qui
a fait l'objet de la transaction.

Ce double échange a d'abord été invisible, mais par le triple jeu de la croissance des échanges, de celle des enjeux (conséquence des volumes) et de la prise de conscience environnementale, les exemples se multiplient et se transforment en images significatives. Elles le sont de l'absence de frontière pour les émissions gazeuses (on estime qu'un gaz polluant fait le tour de la terre en un an), comme pour l'absence de contrôle dans les choix technologiques de chaque pays. Elles le deviennent in fine pour le caractère dérisoire des décisions prises isolément : que valent, pour la planète, les économies de déplacements en voiture par les Français quand la Chine met 1 million de voitures supplémentaires sur les routes dans le seul mois de septembre 2009, que valent les efforts français de protection de la qualité de l'air de la cote méditerranéenne quand souffle le Sirocco apportant les fumées d'usines algériennes d'incinération qui seraient déclarées hors normes en France ?

Oui, les meilleurs choix technologiques peuvent être plus chers, non, tous les pays ne sont pas au même niveau. Mais dans la croissance exceptionnelle de la Chine, n'y a-t-il pas une place possible pour l'intégration d'une composante environnementale ? Dans les luxueux investissements à Dubaï, ne vaudrait-il mieux pas éviter de construire une station de ski artificielle sous serre ? L'Etat algérien n'a aucune dette grâce à la manne pétrolière : les meilleures technologiques lui sont donc accessibles. Les négociations de Copenhague ne peuvent pas ressembler aux négociations diplomatiques habituelles, celles ou celui qui perd génère un gain pour l'autre. Sur l'environnement, sur le gâchis des ressources, tout le monde perd !

Si le maître mot du développement durable est bien "transversalité", chaque Français doit soutenir le chef de l'Etat en exercice dès lors qu'il promeut le principe d'une taxe carbone à l'échelle de l'UE. Si la taxe carbone française n'est pas encore ce qu'elle devrait être, une taxe sur tous les produits en fonction de leur contenu carboné, la première pierre est posée avec son principe et le projet, soutenu conjointement par la France et l'Allemagne, d'une taxe carbone aux frontières de l'UE.Aujourd'hui, les pays dits développés sont endettés, avec des perspectives de croissance pour le moins hypothétiques. Les pays dits émergents, et clairement émergés en termes de consommation des ressources de la planète et de pollution, ne sont pas endettés et ont des perspectives de croissance forte. Certains ont un revenu assuré pour longtemps grâce à la manne des matières premières qu'ils détiennent.

Les cartes sont donc globalement réparties de manière équitable bien que de natures différentes. Le succès de Copenhague existera ou non si chaque pays joue le jeu. Si un manque à l'appel, ce sera l'échec, quel que puisse être la raison qu'il invoquera.

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