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Après une carrière d'enseignante en mathématiques, Catherine Gouhier a créé ily a 20 ans un cabinet de consultant en environnement électromagnétique. Depuis 2005, elle est responsable du Bureau Technique...
Le CRIIREM : "notre enquête doit être prise en compte par RTE"
lundi 09 mars 2009
Après avoir conduit des enquêtes de terrain dans plusieurs coins de France, le CRIIREM est convaincu des dangers potentiels des lignes haute tension pour la santé
Vous avez relevé une proportion de malaises divers plus forte dans les populations proches des lignes que dans celles plus éloignées. Cette association vous paraît-elle significative et que demandez vous à RTE (Réseau de Transport d’Electricité) ?
Les effets signalés nous paraissent tout à fait significatifs. L’étude va d’ailleurs se poursuivre sur cet aspect spécifique de la santé des individus. Nous avions envoyé des questionnaires à chaque famille, sur tous les effets potentiels des champs électromagnétiques (sur les animaux, les installations électriques domestiques, sur la santé). Nous allons continuer de travailler sur ce point de la santé. Nous sommes repartis pour 6 ou 7 mois de travail et nous rendrons publics les résultats, bien sûr.
Nous demandons à RTE de prendre en compte d’ores et déjà les conclusions de la première étude et de modifier en conséquence les installations, aussi bien sur la centaine de kilomètres de lignes qui restent à poser, que sur celles déjà en place et dont la puissance doit être renforcée. RTE doit faire rentrer le paramètre "santé" dans ses critères. Il faut que le volet électromagnétique rentre dans ses études d’impact, afin que les populations proches ne soient pas exposées à des champs au dessus des normes.
Quelle est pour vous le seuil à ne pas dépasser ? Et pour cela à quelle distance faut-il être de la ligne? Le corridor de 100 mètres (50 mètres de chaque côté) prôné par certains vous paraît-il une bonne distance ?
Nous pensons que les champs doivent être en dessous de 0,4 micro Tesla. Si on légifère, il faut par sécurité mentionner un chiffre de moitié, donc disons autour de 0,2 – 0,25. Quant à la distance, elle dépend bien sûr de la puissance de la ligne, de son voltage et de son ampérage. Mais disons que pour une ligne de 400.00 volts, qui a forcément une puissance importante donc un ampérage potentiel élevé, il faut être à au moins 300 mètres de la ligne pour rester à coup sûr en dessous du seuil.
Donc nous demandons une nouvelle réglementation qui concerne non pas la distance mais le niveau d’exposition.
Pensez-vous que l’enfouissement des lignes est une bonne solution ?
L’enfouissement des lignes a une incidence sur les champs mais ce n’est cependant pas la solution idéale. Cela réduit la largeur du corridor de sécurité, mais on peut avoir un champ supérieur si on se trouve juste au dessus. Car alors votre corps se trouve à 2m – 2m50 au dessus de la ligne, alors que vous êtes à 20m en dessous dans le cas d’une ligne aérienne. A Elancourt, où des portions on été enfouies, on voit aussi que le champ peut être très fort aux points de raccordement.
Certains mettent en cause la validité scientifique de vos études, notamment celle du Cotentin. Que répondez-vous ?
Notre enquête dans le Cotentin n’est pas une étude scientifique, c’est une « enquête citoyenne », avec toutes ses limites. Malgré les financements de collectivités, nous n’avions pas les moyens de mettre en place une réelle enquête épidémiologique comme pourrait le faire l’Etat. Mais nos procédés et la récolte des questions ont été extrêmement encadrés, les méthodes de calcul sont connues dans les milieux statistiques et nous avons travaillé avec l’Université du Maine. On a utilisé trois méthodes de calcul différentes et on est arrivé au même résultat. Pour nous la convergence des résultats a été une grande satisfaction.
Et que pensez-vous des études de RTE ? Une enquête conduite avec l’INSERM est en cours …
Comment peut-on juger indépendantes les études faites par les pollueurs ? Quant à l’enquête avec l’INSERM, on verra les conclusions. Mais il y a déjà eu –comme dans le domaine de la téléphonie- des études dont les résultats ne sortent jamais…
Des laboratoires ont établi une association –mais pas une relation causale évidente- entre les champs et la leucémie infantile. Qu’en pensez-vous ? Et que pensez-vous de l’absence de financement de recherches sur cette question ?
Je pratique les mesures depuis une vingtaine d’années. J’ai été confrontée à ce genre de pathologie, car j’ai fait des mesures sur des lieux où des enfants étaient victimes et décédaient de ces pathologies. Depuis les conclusions du rapport Draper, il est évident que c’est un risque potentiel qu’on ne peut écarter. Il faut continuer à chercher.
Le drame en France c’est que l’on considère que l’innocuité est évidente, donc on ne cherche plus. On met en place des protocoles d’études, comme récemment avec une étude de Supelec, où l’on veut bien regarder à quel niveau de champ vous êtes exposé mais sans faire de lien avec votre santé. C’est inadmissible.
Photo © KingJ - Fotolia.com
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2 commentaire(s)
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Commentaire par Alain Richard
lundi 09 mars 2009 21:36
Je note avec intérêt que vous reconnaissez le caractère non scientifique de votre "enquête citoyenne". Les statistiques sur les effets potentiels sur la santé sont particulièrement vagues. "irritabilité", "état depressif", etc... En outre, je m'étonne que vous donniez en premier le "taux d'augmentation entre la population concernée et la population non concernée". Cela permet d'inscrire le pourcentage impressionnant de 99% devant le mot sombre "état depressif" alors que ce sont justement les réponses les plus faibles (15 et 9%).
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Commentaire par Alain Richard
mercredi 11 mars 2009 11:22
Ce que je retire de votre étude, c'est le besoin de financer de nouvelles études vraiment scientifiques et, si je comprends bien, ce n'est plus tellement la tendance.
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