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Par Anne Kurasiak
Auteur
Anne Kurasiak, 24 ans, est élève de l'école des Mines Paristech, mastère spécialisé OSE (Optimisation des Systèmes Energétiques).
Le citoyen au coeur de la maîtrise des flux électriques
Par Anne Kurasiak
mardi 26 février 2013
Malgré les obstacles, nous assistons à l'émergence d'un consom'acteur : c'est à dire un citoyen conscient des enjeux environnementaux et sensible au "signal prix" de l'énergie.
Cet article a remporté le 8eme prix du concours "Génération Energies", décerné par L'Expansion, SIA-Partners et RTE.Anne Kurasiak, 24 ans, est élève de l'école des Mines Paristech, mastère spécialisé OSE (Optimisation des Systèmes Energétiques).
La raréfaction des ressources fossiles, l'impérieuse nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre, la crise économique et financière sont autant de facteurs qu'il est urgent de considérer afin de changer nos habitudes de consommation. Les choix de consommation influencent la production mais celle-ci étant moins aisée à maîtriser, la tendance consiste à passer du pilotage de l'offre à celui de la demande. Mais comment susciter chez le consommateur un intérêt pour l'énergie, et notamment pour celle qu'il ne consomme pas ? Un nouveau consommateur voit donc le jour, un citoyen éclairé, responsable, capable d'agir sur sa consommation énergétique, en un mot : le consom'acteur.
Prêt au changement ? Mais par où commencer ?
Devenir consom'acteur requiert une prise de conscience, une mutation des comportements ainsi qu'une volonté de participer activement à son nouveau mode de consommation.
En 2011, 9 Français sur 10 étaient prêts à faire des efforts pour limiter les problèmes écologiques :
Figure 1 - La disposition des Français à modifier leur comportement
Une grande partie des Français est donc disposée à faire des efforts, mais à quel prix ? Sont-ils prêts à améliorer l'isolation de leur logement ou à moderniser leur système de chauffage pour réaliser des économies d'énergies sachant que ce sont des investissements très lourds? Probablement pas dans l'immédiat. Cependant, des outils visant à motiver un nouveau comportement du citoyen émergent : les compteurs intelligents.
Des outils déjà mis en place
La modification des infrastructures pour intégrer les compteurs intelligents, la nécessité d'investir dans de nouveaux équipements feront inévitablement augmenter les prix de l'électricité. Chez les particuliers par exemple, l'électricité représentait 48% (1) des dépenses énergétiques en 2006. Le citoyen commence donc plus que jamais à les surveiller et les progrès sont tels que le consommateur final peut d'ores et déjà adapter sa consommation. En effet, avec les progrès technologiques, de nombreux systèmes d'information et de gestion ont été mis en place pour intégrer l'action des usagers. On parvient donc progressivement à confectionner des outils simples, visibles et compréhensibles afin que le consommateur modifie son profil de consommation énergétique.
Il faut maintenant parvenir à susciter chez le con-sommateur des comportements vertueux pour économiser l'énergie.
Un stimulus pour le nouveau consommateur : le projet Grid-Teams
L'entreprise GridPocket composée de 4 personnes a réalisé un projet test à Cannes dans les Alpes-Maritimes quant à l'utilisation des compteurs intelligents. Dans le département des Alpes-Maritimes, 90% de l'électricité consommée n'est pas produite sur place, ce qui induit d'importants problèmes d'approvisionnement lors des pics de consommation et pendant les périodes hivernales où la demande en électricité est particulièrement forte (en 2009, 31% (2) du chauffage était assuré par des équipements électriques en France). Ce projet a permis de mettre en évidence l'impact du facteur humain sur le profil de consommation énergétique dans la région Provence Alpes Côte d'Azur. Pour mener à bien ce projet, 30 foyers volontaires résidant dans des appartements de la ville de Cannes ont été équipés de compteurs intelligents avec un dispositif de contrôle de consommation électrique et d'une application web leur permettant d'obtenir des informations sur leur consommation énergétique en temps réel.
Ce compteur transmet les niveaux de la consommation en énergie primaire par période et selon la tarification, les économies d'énergies générées ou encore la courbe de charge électrique.
La consommation « idéale » de chaque foyer a été préalablement étudiée. Ainsi, les participants peuvent contrôler leur consommation énergétique, la comparer avec les autres usagers et obtenir des avantages : les EcoTrocks. Les EcoTrocks sont attribués à chaque fin de semaine en fonction de l'effort énergétique consenti par le foyer. Ils peuvent être échangés contre de nombreux cadeaux (des billets pour des spectacles, pour les îles de Lérins, des tickets de bus,..), ce qui encouragera les usagers à modifier leur comportement consumériste grâce à un nouveau réseau qui s'apparentera fortement à un réseau social.
Figure 2 - Interface "Gridteams" pour les consommateurs
Une solution à grande échelle
Le projet démonstrateur GridTeams n'arrivant à son terme que dans les prochains mois, il n'est donc pas possible à ce jour de tirer des conclusions sur les effets des incitations tels que les EcoTrocks. Cependant, il faut déjà noter que 75% des usagers ont activement participé au projet et 50% ont échangé les EcoTrocks.
A ses débuts, l'entreprise américaine OPOWER a installé dans 35 000 foyers (3) des compteurs intelligents permet-tant d'informer les usagers de leurs consommations énergétiques. En 1 an, ils ont pu économiser 1 GWh soit 28,5 kWh par foyer.
En France, la consommation énergétique annuelle d'un foyer est estimée à environ 18,6 MWh (4) alors qu'aux Etats-Unis elle s'élève à 26,2 MWh (5) soit 30% de plus qu'en France.
D'ici 2020, 35 millions de compteurs intelligents Linky proposés par ERDF seront mis en place. On peut donc, avec prudence, estimer les futures économies d'énergies entre 5 et 15% (6) pour les meilleures pratiques. Après un moratoire, le processus est aujourd'hui lancé et on peut donc espérer une évolution rapide de la technologie afin de passer d'un consommateur « passif » à un consommateur «actif».
Un éco-citoyen en marche...
Malgré les entraves liées aux manques d'informations, aux habitudes bien ancrées des consommateurs, il semblerait que nous assistons progressive-ment à l'émergence d'un consom'acteur. La prise de conscience croissante des enjeux énergétiques et environnementaux ainsi que l'augmentation tendancielle des prix de l'énergie est de nature à inciter les consommateurs finaux à devenir plus responsables.
Ce nouvel acteur pourrait d'ailleurs contribuer à l'objectif européen de diminution de 20% de la consommation d'énergie primaire de la France d'ici 2020.
NOTES
(1) http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=ip1176®_id=0
(2) http://ecocitoyens.ademe.fr/mon-habitation/construire/chauffage-climatisation/chauffage-electrique
(3) http://opower.com/products/energy-reporting
(4) http://ecovillelejeu.com/educateur/documents/SourcesDonnees.pdf
(5) http://www.eia.gov/consumption/residential/data/2009/index.cfm?view=consumption#end-use-by-fuel
(6) « Le compteur Linky », Analyse des bénéfices pour l'environnement, Ademe, Novembre 2011
SOURCES
* Commissariat général au développement du-rable n°139, Le point sur les Français et l'énergie Août 2012
* Energie et développement durable, Numéro 38 Mai-Juin 2012
* Le consomm'acteur/Introduction : Vers l'émergence d'un consomm'acteur, SMART GRIDS-CRE, Avril 2012
* Projet Grid-Teams, Filip Gluszak, Septembre 2010
* Sociologie de l'énergie : Le dilemme du con-sommateur : contribuer à la maîtrise de la de-mande d'énergie tout en continuant de con-sommer, Marie-Christine Zélem, N°608 Revue de l'énergie/ Juillet-Août 2012
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2 commentaire(s)
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Commentaire par Gépé001
mercredi 27 février 2013 13:15
Oui, le prix de l'énergie est déterminant pour agir sur la consommation.Mais le prix de l'énergie doit être associé au cout du travail et de ce fait a une influence sur la macroéconomie:il faut associer travail et énergie au financement des charges sociales affectant actuellement seulement le travail,ce qui favorise le chomage.
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Commentaire par noirdz
mercredi 27 février 2013 17:15
Pour répondre au commentaire précédent, il me semble que le prix de l'énergie intègre le coût d'exploitation de l'amont à l'aval de la chaine énergétique et donc indirectement le coût du travail. Le financement des charges sociales doit donc être indirectement répercuté sur le coût de l'énergie.
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