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Ancien journaliste de presse écrite pendant 17 ans, spécialisé dans l'environnement, l'énergie et le climat. Aujourd'hui directeur des relations extérieures de CertiNergy,...

La transition énergétique peut permettre de gagner en compétitivité


jeudi 06 novembre 2014

Négocier son contrat de fourniture d'énergie, utiliser l'effacement, valoriser la chaleur, utiliser les certificats d'économies d'énergie : autant de moyens pour un industriel de réduire ses coûts.


A l'heure où sort le projet de loi « relatif à la transition énergétique pour une croissance verte », il faut voir cette transition comme une excellente opportunité de verdir l'économie, mais surtout de gagner en compétitivité.

Quatre solutions peuvent être déployées rapidement.

Maîtriser le coût de l"énergie

La première consiste à optimiser son contrat de fourniture d'énergie, en comparant les offres des différents fournisseurs, et à mener une stratégie d'achat à court et moyen termes. Les exemples de baisse de plus de 15 % du coût d'achat de l'énergie ne sont pas rares ces dernières années, tant pour le gaz que pour l'électricité. A plus forte raison si, comme c'est la tendance actuelle, l'industriel décide de s'unir entre plusieurs consommateurs via un groupement d'achat, pour ainsi négocier des « prix de gros » auprès des fournisseurs mis en concurrence. De nombreuses fédérations professionnelles sensibilisent leurs adhérents en ce sens.

Jouer sur l'effacement


Au-delà de l'optimisation de leur contrat de fourniture, les industriels peuvent recourir à l'effacement, c'est-à-dire l'arrêt momentané de chaînes de production ou de certains équipements fonctionnant à l'électricité. Vu du réseau électrique, qui doit faire coïncider en permanence offre et demande de courant, l'effacement s'avère moins coûteux que la mobilisation de puissance supplémentaire : une non-consommation coûte moins cher que la mise en route, pour quelques heures seulement, d'une centrale thermique de pointe. Les industriels acceptant ainsi de s'effacer momentanément du réseau en sont rémunérés : une source de recettes non négligeable, parfois chiffrée en centaines de milliers d'euros par an. 

Cette solution est de moins en moins réservée aux électro-intensifs, et gagne l'intérêt des petits consommateurs diffus. Mais elle suppose une forte expertise des réseaux et des marchés électriques, pouvant être confiée à un intermédiaire qualifié, chargé de détecter toutes les consommations effaçables, site par site : c'est le métier d'agrégateur d'effacement.


Récupérer les calories perdues


Troisième levier d'amélioration de la compétitivité qu'offre la transition énergétique : la récupération d'énergie perdue. Il s'agit de transformer en énergie ce qui, sur site, était jusqu'alors considéré comme un déchet ou un sous-produit fatal : eaux usées, déchets divers, matières organiques, déperditions de vapeur. Pour un investissement modique (tuyauterie, échangeurs de chaleur), il est judicieux de faire la chasse à toutes les calories perdues au cours du process industriel, puis d'en constituer une source d'énergie. Une énergie utilisable sur site, ou cessible, moyennant rémunération, à des utilisateurs voisins, sous forme de vapeur ou de froid. De quoi réduire sa dépendance au prix fluctuant des énergies acheminées de l'extérieur par le réseau.

Dans le même esprit, il est possible d'implanter une cogénération sur son site industriel, alimentée par exemple avec les déchets produits par l'usine elle-même.

Se faire accompagner par un expert

Enfin, les industriels peuvent bénéficier d'un accompagnement dans le déroulement d'un programme d'économies d'énergie.  Prévu par la directive européenne sur l'efficacité énergétique de 2012, ce dispositif est d'autant plus accessible qu'il est actuellement, et pour quelques mois encore, subventionné par l'Ademe et plusieurs aides régionales. Une fois l'audit réalisé, l'industriel définit un plan d'actions. Et s'il choisit de changer certains équipements pour en installer de plus sobres, il a la possibilité de percevoir immédiatement la valeur financière des économies d'énergie que ces appareils génèreront. 
C'est l'esprit des certificats d'économies d'énergie, des titres délivrés à la fin des travaux, et dotés d'une valeur marchande sur une bourse dédiée.
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2 commentaire(s)
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Commentaire par papijo
jeudi 06 novembre 2014 21:29
Quelques remarques: 1 - Vous croyez que les industriels n'ont jusqu'à aujourd'hui jamais essayé d'économiser l'énergie ou de valoriser leurs rejets ? Quand cela n'est pas fait, c'est tout simplement que ce n'est pas rentable, ou qu'il n'existe aucune industrie capable d'absorber l'énergie (chaleur) récupérée. Cette absence de débouchés "chaleur" est d'ailleurs la raison pour laquelle aussi peu de projets de cogénération voient le jour (Les projets aboutis représentent à peine quelques pour cent des puissances attendues dans les derniers appels d'offres) 2 - L'effacement, nous l'avons connu dans le temps (EJP: "Effacement des Jours de Pointe"). En échange d'un contrat avantageux le reste de l'année, l'industriel se déconnectait du réseau. Dans les cas que j'ai connus, il devait installer un groupe électrogène pour faire face à ces coupures. Cela ne marchera que si le gain sur le contrat permet de couvrir l'achat et le fonctionnement du groupe électrogène. Encore un coût caché des ENR à supporter par les consommateurs.

[Réponse de l'auteur]
Merci pour vos remarques. Sur l'effacement, le problème de l'amortissement du groupe électrogène devrait se régler avec le déploiement du marché de capacités, dont on attend qu'il donne une vraie valeur économique aux effacements de consommation, avec rémunération conséquente de l'industriel s'effaçant. Réponse en 2017.
[2]
Commentaire par Gépé
samedi 08 novembre 2014 08:32
C'est la base de la transition énergétique; comment justifier une dépense pour économiser l'énergie. Il faut nécessairement faire une comparaison entre cout du travail et prix de l'énergie. Les Allemands et les Suédois ne se posent pas de question; chez nous, il faut trouver des astuces pour justifier cette dépense. Tout serait plus simple si le cout du travail était plus faible et le prix de l'énergie plus élevé. La transition énergétique devrait aborder cet aspect économique en relation avec le pacte de compétitivité.
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