Par Cyril Cortina
Auteur
Cyril Cortina est Directeur Energie et Utilities chez Logica Management Consulting
Ecologie : les Français conscients mais pas prêts à payer
Par Cyril Cortina
samedi 27 juin 2009
Les Français sont conscients des nécessités écologiques, sont plutôt contents d'eux dans ce domaine, mais...ne sont pas prêts à mettre la main au portefeuille
Les Français approuvent le développement d’une économie verte, mais ne sont pas encore prêts à en payer le prix.
C’est ce que révèle une enquête menée par Logica Management Consulting et TNS SOFRES en avril 2009, auprès de 1.000 personnes, à l’aube des négociations pour le sommet de Copenhague. Dédiée à l’économie verte, cette étude se penche sur la maîtrise de l’énergie, les énergies renouvelables et la maitrise des gaz à effet de serre.
95% des personnes interrogées considèrent que la protection de l’environnement est prioritaire par rapport au développement économique et doit être l’affaire de tous, sorte de «contrat naturel»(1) entre États, industriels et citoyens. Le sujet est passé totalement dans le grand public : plus de 80% des Français ont entendu parler du Grenelle de l’Environnement – même si seulement 1 Français sur 10 déclare en connaître les principales décisions – et assurent connaître les notions de gaz à effets de serre (à 87%) ou d’étiquettes économie d’énergie présentes sur les équipements électroménagers (à 82%).
Pas étonnant que 96% des Français interrogés déclarent réaliser des gestes simples et immédiats pour préserver l’environnement : faire des économies d’électricité pour 74% d’entre eux (utilisation des plages creuses, programmes économiques, ampoules basse consommation …), de chauffage (40%), ou utiliser le moins possible la voiture au profit des transports en commun pour 73% des personnes interrogées.
Pas étonnant non plus que les Français se considèrent comme les champions européens : pour 18% des personnes interrogées, la France est le pays le plus en avance en matière de politique de maîtrise de l’énergie (MDE) devant l’Allemagne ou la Suède. Résultats certes surprenants si l’on considère l’efficacité énergétique ou les énergies renouvelables : en Suède, les énergies renouvelables sont utilisées pour chauffer 50% des habitations, équipées de compteurs intelligents permettant un suivi de son profil de consommation ; 80% des 5 GW produits à partir de solaire photovoltaïque en Europe provient d’Allemagne où l’on compte 1,5 M emplois liés à l’environnement, soit plus que l’industrie automobile.
Résultats moins surprenants si l’on considère la maîtrise du CO2, le parc nucléaire français permettant à notre pays d’émettre deux fois moins de CO2 que son voisin d’Outre-Rhin.
Au-delà des annonces de façade, tout n’est pas toutefois rose. Les Français ne veulent pas être les seuls à investir dans un potentiel relais de croissance verte, d’autant plus en période de difficulté économique. Si 75% des Français se considèrent bien informés sur les différents moyens financiers mis à leur disposition pour réduire leur consommation énergétique (bonus / malus écologique, crédit d’impôt Développement Durable, éco-prêt à taux zéro), seulement 1 Français sur 3 se déclare intéressé ou concerné par ces incitations fiscales.
Que faire alors pour aider les Français à mettre davantage la main à la pâte ou au porte-monnaie ?
Deux signaux assurément à creuser pour Copenhague si l’on veut atteindre les objectifs de 3x20 dans maintenant un peu plus de 10 ans (soit la durée de construction d’une centrale nucléaire).
Tout d’abord, l’investissement : il faut accélérer les investissements publics et privés autour des trois piliers de l’économie verte. Ces investissements sont nécessaires pour, d’une part, réduire les coûts de production des énergies renouvelables pour les rendre au plus tôt compétitifs et d’autre part, enclencher les nécessaires ajustements sur les réseaux électriques pour prendre en compte cette énergie répartie et décentralisée.
En parallèle, le signal prix est à prendre à considération pour encourager les consommateurs : il faut envisager des mesures plus contraignantes autour des prix du carbone et de l’énergie que nous voulons consommer demain. Une mesure qui entraînera le développement de systèmes Cap and Trade, l’instauration de taxes carbone ou des tarifs de l’énergie plus contraignants en périodes de pointe.
(1)Le contrat naturel, Michel Serres