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Après une première expérience de deux ans dans le secteur de l'énergie, Romain Lavielle est actuellement consultant dans l'unité de compétences Energies&Environnement de Sia Partners.

Comment financer les villes "intelligentes" ?


vendredi 15 mars 2013

Les "smart cities" se construisent peu à peu partout dans le monde, en s'appuyant sur les nouvelles technologies de l'information. Mais qui doit payer ?


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Alors que les villes n'occupent aujourd'hui que 2 % de la surface du globe, elles abritent 52 % de la population mondiale, consomment 75 % de l'énergie produite et produisent 80 % des émissions de CO2 ! Et ce phénomène de concentration massive dans les villes s'accélère : notre planète comptera 6,3 milliards de citadins en 2050, pour « seulement » 3,4 aujourd'hui1.

Pour surmonter les défis, les organismes publics innovants comptent s'appuyer sur le concept de « smart city » et façonner leurs villes en s'appuyant sur les nouvelles technologies d'information et de communication (NTIC) pour rendre leurs infrastructures et services-clés plus flexibles, interactifs, et efficaces, en un mot, plus « intelligents », dans un environnement social et environnemental durable.
 (...)
Le potentiel du marché des smart cities, est estimé à 15 milliards d'euros en 2020. Une large gamme d'innovations visant à limiter la consommation en énergie, les émissions de gaz à effet de serre et à promouvoir l'efficacité énergétique au sein des villes intelligentes voit ainsi le jour. L'exemple de Masdar City (Emirats Arabes Unis), dont l'objectif est de disposer d'un bilan carbone nul en 2025, est à cet égard éloquent.

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D'autres exemples fleurissent aux quatre coins du monde : 250 000 compteurs intelligents électricité et eau sont installés à Malte; le centre Crystal de Londres, modèle d'efficacité énergétique, bénéficie de la collecte des eaux de pluie, du chauffage solaire et d'une gestion énergétique automatisée; Stockholm et Milan ont mis en place un péage urbain par badge électronique pour limiter la circulation aux heures de pointe...

Des modèles économiques variés mais complémentaires

La disparité de l'existant de ces smart cities rendrait utopique la conception d'un modèle économique applicable à toutes ces villes. Quoi de commun en effet entre le projet pharaonique de Songdo (Corée du Sud), bâtie de toute pièce pour devenir un carrefour commercial asiatique, et les townships de Ghaziabad (Inde) qui composent avec leurs problèmes de santé et de salubrité ? Entre Rio de Janeiro, très attractive pour les investisseurs mais minée par sa délinquance et ses glissements de terrain, et Stockholm, dont l'environnement économique et social favorise la création d'un éco-quartier énergétiquement indépendant ? Les arbitrages des élus en fonction de l'existant et de leur vision de la ville intelligente sont donc primordiaux quant à la sélection des technologies jugées capables d'améliorer la qualité de vie de leurs citoyens. Les modèles économiques choisis pour financer les NTIC sont donc, eux aussi, spécifiques à chaque cas.

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Si les municipalités financent en partie leur projet de smart city grâce aux leviers classiques que sont l'emprunt et l'impôt, leur endettement et l'importance des investissements à consentir les poussent à se pencher vers des modes de financement complémentaires. Certaines banques régionales (Banque Asiatique de Développement, Banque Interaméricaine de Développement...) apportent ainsi un soutien financier aux smart cities-pilotes. La majeure partie du projet de Malaga est par exemple à la charge du Fonds Européen de Développement Régional.

Mais le levier le plus prisé des municipalités reste de très loin le partenariat public-privé: de 1999 à 2009, plus de 1 400 PPP représentant 350 milliards de dollars ont été signés au sein de l'Union européenne pour promouvoir le développement des villes intelligentes. Ils permettent aux municipalités de profiter des capacités d'investissement et du capital intellectuel et technologique des entreprises. JC Decaux a ainsi lancé à Lyon en 2005 le concept du vélo en libre-service, aujourd'hui déployé dans 67 villes et dix pays; la municipalité perçoit les recettes des locations de vélos et une redevance en échange de la mise à disposition d'espaces publicitaires que JCDecaux loue. Les deux parties partagent ainsi les risques comme les bénéfices du déploiement de ces nouvelles technologies.

Par ailleurs, cette introduction de NTIC dans nos vies donne aux municipalités accès à des données qu'elles peuvent commercialiser pour rembourser tout ou partie de leur mise initiale. L'entreprise publique Transport for London met ainsi à disposition de ses partenaires les affluences et les horaires de ses lignes de métro, train, et bus ; l'exploitation de ces informations permet de mieux valoriser les emplacements publicitaires de chaque station, d'affiner la valorisation des biens immobiliers selon leur situation géographique ou bien de développer des applications calculant l'itinéraire le plus rapide. Cela n'est pas sans rappeler l'intérêt des données collectées par les capteurs intelligents et l'adaptation des offres proposées des fournisseurs d'énergie selon le profil du client.

Enfin, la ville peut valoriser auprès des investisseurs le rayonnement qu'elle offre auprès de ses administrés. L'avènement du Vélo'V à Lyon a offert à JCDecaux une caisse de résonnance et des retombées commerciales immenses (avec plus de 200 millions de locations enregistrées pour ses vélos en libre-service. Les villes offrent un marché aux entreprises, qui en retour dynamisent leur économie en créant des emplois; le petit frère parisien du Vélo'V, le Vélib', génère ainsi 365 emplois.

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1 commentaire(s)
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Commentaire par un physicien
lundi 18 mars 2013 09:23
Enfin une application convaincante des NTIC : le vélo !
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