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Climat : 2020, on y est, mais 2050 ça sera dur !!


mardi 24 février 2009

Réduire de 20% nos emissions de CO2 d'ici 2020 paraît possible. Les objectifs pour 2050 sont très ambitieux...à moins d'une révolution de nos comportements. Débattons en maintenant !!


Une contribution d'Olivier Carles

Depuis 4 ans, une déferlante médiatique a permis de porter à la connaissance de (presque) tous, l’existence d’une nouvelle donnée fondatrice : le climat à la nausée. Mieux et plus récemment, on voit l’émergence de politiques ambitieuses. Le thème est pris de plus en plus au sérieux par ceux qui nous dirigent. Dans le monde, aux Etats Unies, en Europe, et aussi en France.

En parallèle, les scientifiques continuent d’apporter de nouvelles observations : pour ces derniers mois on a constaté des cheminées de bulles de méthane en mer de Sibérie et en Arctique, on a mesuré que l’océan austral absorberait beaucoup moins de CO2 que prévu, on évoque la disparition des glaciers Andins pour 2030. Que ces remontées d’informations constituent un amalgame malheureux qui occulte d’autres éléments rassurants ou bien soient représentatives d’une tendance lourde, à la limite cela importe peu. Le train des mesures politiques est en marche pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et il ne semble pas prêt de s’arrêter.

Quels objectifs pour ces mesures ?

A notre échelle, la France à gravé dans le marbre de la loi (en 2005 et 2008), 2 objectifs pour 2 dates : -20% pour 2020 et une division par quatre pour 2050. Le premier devient palpable pour les élus : à peine 2 mandats électoraux pour être en 2020. Quel élu ne rêve pas de faire 2 mandats ? On est bien dans le concret. Le second est plus vague. On peut espérer qu’en majorité ceux qui vivront en 2050 ne sont pas déjà nés. Cet objectif là se reporte facilement sur nos enfants, voire nos petits enfants.

Et pourtant il sera bien nécessaire de passer de l’un à l’autre. Par exemple en suivant la progression suivante : réduction de 20% pour 2020 amenant nos émissions à 80 U en 2020 (base 100 U en 1990), puis -30 % pour 2030 nous portant à 56 U, puis -40% pour 2040 pour rejoindre 33 U et finalement réduire d’encore 25% dans la dernière décennie pour enfin atteindre l’objectif de la division par 4 : 25 U émises en 2050 contre 100 U aujourd’hui.

A bien y regarder, tous ces objectifs successifs sont très ambitieux.

Finalement, pour nous tous (non scientifiques), il n’est peut être plus temps de s’interroger et de débattre si on vote « pour » ou « contre » le changement climatique. Des engagements chiffrés de réduction sont là. Et il convient plus sûrement de vérifier qu’on saura s’adapter, non pas au climat qui change, mais à cette contrainte « carbone » qui pèsera chaque jour un peu plus sur notre mode de vie. Elle nous contraindra tant que les émissions de GES ne seront pas dans la cible des objectifs fixés. Ceci s’adresse à chacun de nous – consommateurs, acteurs économiques et sociaux, élus locaux.

Y a-t-il un risque de casse de notre dynamisme économique et sociale ?

Si les objectifs sont ambitieux, les solutions sont également presque toutes là.

Les émissions agricoles : moins de viande bovine dans son assiette, moins de bétail à nourrir avec pléthore de céréales industrielles et on réduira sans encombre les émissions de méthane (les fameux rots / pets de vache) et de protoxyde d’azote (issues des engrais azotés nécessaires à la croissance des céréales). La mutation de notre agriculture est une nécessité, la crise de la vache folle a décimée 1/3 du cheptel britannique en 1996, et l’Angleterre existe encore.

Les émissions du bâtiment et du tertiaire : au pire, on coupe le gaz et on met 2 pulls. Cela n’empêche pas les gens de se voir (lien social), ni de travailler (activité économique). Le cas échéant, on améliorera l’isolation du local qu’on occupe et le confort reviendra.

Les émissions du transport : là pour le coup, c’est le plus délicat. En cas de forte contrainte appliquée à l’usage de l’automobile et du camion (taxe carbone, crise économique, prix du pétrole élevé, péage urbain obligatoire dans les agglomérations…la liste du possible d’ici 2020 est longue), alors deux approches sont possibles : soit on a choisi d’adapter son modèle de mobilité pour qu’il fonctionne efficacement (presque) sans véhicule thermique, et il conservera son dynamisme économique et social, soit on repousse l’échéance, et l’activité se nécrosera lorsque la contrainte viendra : la fréquentation des aspirateurs à voitures (les grands centres commerciaux), en a fait les frais au printemps dernier lorsque le baril était à 140 $. Mais là également, des solutions existent.

Spécifiquement sur le thème des transports, avant d’essayer de chiffrer combien un projet de transport en commun fera gagner de CO2, il faudrait sans doute renverser l’équation, et réfléchir à combien de PIB et de dynamisme social il permettra de préserver si les moteurs thermiques (et ses dérivés) sont contraints dans les ordres de grandeurs détaillés plus haut.

Pour conclure, il devient urgent de nous mettre à l’abri de cette contrainte, et en premier lieu sur celle appliquée à la mobilité. Dans un monde meilleur, les bailleurs sociaux développeraient des offres « logement HLM + 1 part de voiture partagée », les transporteurs s’associeraient avec les compagnies autoroutières pour créer des fuseaux de traction électrique par trolley pour les poids lourds, les communes donneraient l’avantage aux modes doux et au covoiturage, et rendrait la liberté au plus grand nombre de pouvoir choisir de vivre sans (posséder de) voiture. Voila des pistes dont il faudra bien débattre prochainement.

Photo Andrey Kiselev - Fotolia.com
1 commentaire(s)
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Commentaire par Serge
mardi 24 février 2009 15:32
Manger des légumes, en claquant des dents avec deux pulls. La conversation toute l’année avec ses voisins de palier car on ne voyage plus, les engueulades pour se partager la voiture collective, des queues interminables aux péages urbains et aux « trolleys » collectifs des autoroutes. Les théoriciens de la décroissance nous promettent un monde exaltant, qui rappelle un peu l’Union soviétique de la grande époque. Le pied !
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