Par Laurence Nardon
- IFRI
Auteur
Laurence Nardon est responsable du programme "États-Unis" au sein de l'Institut français des Relations internationales.
Les hydrocarbures non-conventionnels bouleversent le monde de l'énergie
Par Laurence Nardon
- IFRI
mercredi 15 mai 2013
Gaz de schiste, pétroles lourds ou en eaux profondes : les nouvelles exploitations supplantent les producteurs traditionnels comme la Russie ou le Moyen-Orient.
L'irruption depuis quelques années des hydrocarbures dits non-conventionnels dans l'approvisionnement en énergie des pays développés et émergents entraîne des bouleversements de première importance. C'est aux États-Unis que l'exploitation du gaz de schiste est la plus avancée. Ayant vu sa production passer de 20 a 200 milliards de m3 entre 2005 et 2010, le « shale gas » constitue aujourd'hui 30 % de la production de gaz américaine.
La production de pétrole non conventionnel (« Light Tight Oil » dans le Dakota du Nord, schistes bitumineux du Canada, gisements en eau profonde du Brésil, ...) augmente, elle aussi, dans toutes les Amériques, qui supplantent les pays de l'ex-URSS comme moteur de la production mondiale de pétrole dans les années 2010. Si le cours du pétrole n'a pas encore été affecté par cette production (voir article de L'Expansion), le prix du gaz a en revanche déjà chute sur le marché américain, où l'unité de base (BTU) coûtait 4 dollars fin 2012 contre 18 en Asie et 10 en Europe.
L'économie américaine dispose désormais d'un gaz produit très bon marche et sur place. Des pans entiers de l'industrie américaine sont donc en train de se renouveler voire de se rapatrier : c'est le cas des raffineries ; des industries pétrochimiques, qui produisent des matières plastiques, des textiles et des engrais ; et dans une moindre mesure de la métallurgie. Enfin, l'ensemble des transports routiers et même ferroviaires pourrait se mettre au GPL, ce qui les rendrait meilleur marché. Les hydrocarbures non conventionnels contribuent donc à la reprise économique américaine, dont les signes se multiplient au printemps 2013.
Cette nouvelle équation énergétique, qui clôt pour un bon moment le débat sur l'épuisement des ressources en énergie fossile dans le monde, retarde cependant le passage à une économie basée sur des énergies renouvelables. Or, comme le montre le film Gasland de Josh Fox, l'impact de la fracturation hydraulique et des autres techniques d'extraction sur l'environnement est dévastateur. C'est d'ailleurs parce que les producteurs américains ne paient pas les externalités de leur activité - effets sur l'eau, l'air et la santé publique - que le prix du gaz a tellement baissé. Les choix du prochain secrétaire à l'énergie et de la prochaine responsable de I'EPA nommés par le président Obama seront ici décisifs.
Le jeu de la Chine
Enfin, l'impact géopolitique d'une indépendance énergétique des États-Unis, prévue par certains experts pour 2020 reste à définir. Va-t-on assister à une modification des relations entre les États-Unis et les pays producteurs de pétrole - qu'il s'agisse des pays de l'OPEP ou des pays de l'ex-URSS ? L'Europe sera-t-elle affectée et comment ?
Un accord bilatéral datant de 1945 et renouvelé en 2005 visait à sécuriser les approvisionnements des États-Unis en pétrole saoudien. Mais les États-Unis importent de moins en moins de pétrole du Moyen-Orient. Qui plus est, produisant eux-mêmes des hydrocarbures, les États-Unis ont acquis un certain rôle dans la fixation du prix du pétrole. Mais cela ne veut pas dire que ceux-ci vont pouvoir se désintéresser de cette région. En effet, à l'inverse du gaz, le pétrole se transporte facilement et son cours s'établit pour le monde entier. Une crise au Moyen-Orient provoquerait une hausse des cours qui viendrait freiner l'économie américaine.
Un autre acteur à prendre en compte dans les relations entre États-Unis et Moyen-Orient est la Chine, qui est en train de devenir le premier client de l'Arabie saoudite pour le pétrole. La priorité de la Chine est la sécurisation de ses routes d'approvisionnement, qui passent par l'Océan indien. La manne chinoise n'étant pas encore suffisamment perfectionnée, ces routes sont aujourd'hui de facto protégées par les États-Unis. On évoque fréquemment la dépendance financière et économique qui s'est établie entre les deux pays - la Chine détient une grande partie de la dette américaine, mais son économie dépend des importations américaines. Le pétrole saoudien constitue un facteur de vulnérabilité de la Chine vis-à-vis des États-Unis, qui doit être pris en compte.
Pour leur part, la Russie et l'Europe devraient être diversement impactées par la production de gaz de schiste aux États-Unis. Pouvant acheter dans les années à venir du gaz qatari, dont la production était prévue au départ pour les États-Unis, et pouvant également importer du gaz américain (à condition de construire des terminaux pour gaz naturel liquéfié dans ses ports), l'Europe peut être amenée à diversifier davantage ses approvisionnements, réduisant ainsi sa dépendance au gaz russe.
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4 commentaire(s)
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Commentaire par patrig k
vendredi 17 mai 2013 15:18
Extrait : L?avenir des gaz de schiste et le sens de l?Histoire
" 14 mars 2013, par Matthieu Auzanneau
[ ....//.... La Chine fait partie, avec l'Ukraine, la Pologne, l'Algérie et peut-être demain l'Allemagne, des pays où l'on attend une nouvelle ruée vers les hydrocarbures de schiste. Mais les réalités bêtement géologiques sont en train d'y doucher les optimismes, constate l'agence Reuters. Rappel : un ancien directeur stratégie du groupe Total, Pierre-René Bauquis, tranchait l'an dernier dans Le Monde : "Si on trouve dix ou vingt cas analogues au Dakota
du Nord sur la planète, cela ne rehaussera le pic [pétrolier] que d'environ 5 millions de barils par jour, et n'en reculera la date que de quatre à cinq ans." ...//... ]
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Commentaire par Roberton
samedi 18 mai 2013 16:02
J´ai trouvé un très bon commentaire qui s´applique a merveille à cet article:
Il est clair aussi que le fait de s'intéresser aux gaz et pétrole de roche mère signifie qu'on commence à gratter le fond des tiroirs: je ne vois pas pourquoi en plein boom pétrolier on commencerait à faire des puits compliqués, de courtes durées de vie, demandant des attentions particulières et donc très cher par rapport à ce qui en sort. Alors la notion de pic oil qui a été décriée par tout le monde qui veut se cacher la face devant une crise qui va être mondiale, est bien réel; Hubert n'avait qu'un tord, c'est de l'annoncer un peu tôt, en se focalisant sur les États Unis; il y a eu un pic oil des huiles conventionnelles, il y en aura un autre après le boom des ultras profonds et de la ruée vers le gaz de schistes; l'AIE l'a prévu pour dans dix douze ans; et après il y aura des illuminations et des pics pour les rêveurs de l'exploitation des hydrates et pour finir un autre pour les cinglés du pétrole abiotique. En attendant l'UE est à l'aube de l'éclatement, son économie s'effondre, le chômage s'étend, et son avance technologique s'effondre, sa recherche aussi; quand il faudra vraiment songer aux énergies renouvelables, le vieux continent sera mourant.
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Commentaire par Hervé
mardi 21 mai 2013 20:24
@ Roberton D'accord avec vous sur le début de votre commentaire, mais pour rappel, l'Allemagne a pas mal "songé" aux énergies renouvelables et pour quel résultat!. La priorité des priorité, c'est avant tout la maitrise de la conso, en agissant la ou on a un ratio cout / économie intéressant. Le reste doit rester au stade de démonstrateur.
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Commentaire par hennequincaroline
samedi 01 juin 2013 15:21
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