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Gaz de schiste en Europe : techniquement possible, économiquement incertain


mardi 18 novembre 2014

Une étude scientifique européenne vient démontrer l'absence de risque majeur lié à l'exploitation du gaz de schiste. Mais il y a une incertitude sur le potentiel réel des réserves en Europe et il n'est pas sûr que cette exploitation soit économiquement rentable.


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Le Conseil Européen des Académies des Sciences (European Academies Science Advisory Council, ou EASAC) vient de publier un rapport mettant en avant les avancées technologiques en matière de fracturation hydraulique et la robustesse du cadre réglementaire, démentant les risques communément associés au fracking par ses détracteurs. (?)

Pour l'EASAC, les dernières innovations en matière de fracking ont « considérablement réduit l'empreinte écologique de l'extraction du gaz de schiste ». Grâce à des techniques de forage horizontal, l'impact de l'extraction sur le terrain a été limité et l'exploitation dans des zones plus densément peuplées peut maintenant être faite sans risque. L'EASAC met également en avant que le cadre réglementaire européen et les législations nationales protègent déjà les citoyens des éventuels externalités négatives du fracking.

Une géologie moins favorable qu'aux Etats-Unis

Selon l'EASAC il n'y a donc aucune raison scientifique pour appuyer une interdiction de la fracturation hydraulique et de l'exploitation du gaz de schiste. Pour autant, cela ne veut pas dire qu'il y existe une motivation économique assez forte pour le que cette exploitation ait lieu à grande échelle.
Si, outre-Atlantique, le gaz de schiste a permis la relance économique, et que les Etats-Unis sont redevenus le premier producteur mondial d'hydrocarbures dès 2013, la situation sera différente en Europe. Selon le rapport de l'EASAC le potentiel est « incertain » car les réserves sont plus limitées et l'exploitation plus difficile et coûteuse.

Les formations rocheuses européennes sont « plus anciennes » et « plus fracturées » qu'en Amérique du Nord selon l'étude. La révolution du gaz de schiste américain a été rendue possible par des conditions géologiques favorables et l'existence de certaines infrastructures. L'absence de ces facteurs en Europe a des « conséquences sur la faisabilité technique et économique de l'extraction de gaz ».

Un potentiel incertain

Les réserves européennes de gaz de schiste sont mal connues, car le nombre de prospections effectuées est faible. Le pays ayant effectué le plus d'études sur le sujet est la Pologne. Varsovie a délivré 82 permis pour la prospection d'hydrocarbures non-conventionnels et 65 puits exploratoires sont déjà ouverts sur le territoire polonais.

Selon l'Agence américaine d'Information sur l'Energie (EIA), la Pologne serait le pays européen avec les plus grandes réserves de gaz de schiste, avec 4.190 milliards de mètres cubes. En comparaison, les réserves américaines ont été estimées à 16.000 milliards de mètres cubes. En conséquence, la Pologne essaye de pousser les autorités européennes vers une politique d'exploitation du gaz de schiste. L'EIA a estimé les réserves françaises à 3.880 milliards de mètres cubes, plaçant la France en seconde position en Europe, juste derrière la Pologne.

Nécessité de la transparence

En permettant une diversification des sources d'approvisionnement et une plus grande indépendance, l'EASAC rappelle dans son rapport que le gaz de schiste pourrait apporter « une contribution non négligeable à la sécurité énergétique ».

Si la fracturation hydraulique est autorisée à l'avenir, l'EASAC rappelle tout de même que des conditions de transparence devront être respectées par les entreprises pour assurer la sécurité et la paix sociale. Les entreprises devront publier les « résultats des analyses menées pour détecter toute contamination de l'eau ou fuite de gaz avant, pendant et après l'extraction » et « obtenir le consentement avant d'opérer, avec un engagement de toutes les parties prenantes dans un dialogue constructif ».

Note
L'EASAC est composé de représentants des Académies des Sciences des 28 Etats membres de l'Union européenne.
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1 commentaire(s)
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Commentaire par Gépé
mercredi 19 novembre 2014 06:58
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