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Un réseau électrique intelligent pour moins de CO2


lundi 03 mai 2010

Dans le contexte actuel du réchauffement climatique, d’un marché de l’électricité libéralisé, d’une dépendance élevée en énergie fossile et d’une demande croissante d’électricité, la production d’énergie à partir de sources renouvelables est une sérieuse opportunité.


D’après les prévisions de l’Agence International de l’Energie (IEA), la part des productions d’énergies renouvelables en Europe atteindra les 26 % en 2030. Dès lors, quelles sont les solutions à adopter pour intégrer ce mode de production dans le réseau électrique et ainsi décarboner notre production d’électricité ?

En effet, une grande part de la production d’électricité à partir d’énergies renouvelables crée de nouveaux défis pour le réseau électrique. Tout d’abord, ces sources dépendent énormément des conditions climatiques et ont dès lors une production intermittente et difficilement prévisible, ceci est illustré sur le graphique de la vitesse du vent mesurée sur un site éolien belge. Cette caractéristique crée donc des difficultés d’un point de vue de la planification des groupes de production, puisqu’une centrale thermique classique ne peut démarrer instantanément pour subvenir à un manque soudain de puissance. Ensuite, les énergies renouvelables sont souvent décentralisées et intégrées au réseau de distribution : 95% des parcs éoliens français ainsi que la quasi-totalité de la production photovoltaïque sont raccordés au réseau électrique de distribution.

Or le réseau de distribution actuel n’a pas été conçu pour intégrer une grande part de production : celui-ci a été pensé dans les années 50 pour transporter un flux de puissance provenant de centralesélectriques vers le consommateur. Le concept du réseau électrique doit donc être entièrement révisé.

L’intelligence du réseau repose sur les communications

La solution proposée par les ingénieurs est le concept de « Smart Grid » ou « réseau intelligent ». Cette idée englobe des notions très diverses mais entre autre, des techniques permettant de faciliter l’introduction des productions décentralisées et intermittentes. Les problèmes de prévision de la production sont illustrés sur le graphique ci-dessus. Nous constatons que la prévision météorologique est un facteur crucial pour gérer la production d’énergie renouvelable. Malheureusement, ces prévisions ne sont pas parfaites et des erreurs peuvent fausser la planification.Pour pallier à cette difficulté, il faut augmenter l’observabilité de la production décentralisée et du réseau de distribution. En effet, l’installation de dispositifs de mesure permettrait d’améliorer la connaissance de la production d’un site et d’en surveiller la qualité de l’électricité fournie au consommateur (concept de «power quality »). Puis, grâce à une automatisation et une maîtrise accrue du réseau électrique et de la production décentralisée, nous pourrions reconfigurer le réseau en temps réel pour éviter des disfonctionnements majeurs. Il serait alors aussi possible d’améliorer la coordination des productions renouvelables avec les centrales de réserves et les techniques de stockage d’énergie (concept de «Virtual Power Plant»).

Nous constatons donc que le développement technique du « Smart Grid » nécessite l’utilisation d’un vaste réseau de télécommunication, une amélioration de l’instrumentation de mesures, des prévisions météorologiques et de contrôle du réseau électrique. Une gestion centralisée du réseau électrique permettra alors d’augmenter la sécurité, l’efficacité et la fiabilité du réseau. Cette centralisation est déjà en marche, citons par exemple le regroupement des gestionnaires de réseau anglais, belge et français dans le projet CORESO.

Un dispositif coûteux aux retombées nombreuses

Comme toutes évolutions majeures, le réseau intelligent aura un coût non négligeable. L’IEA prédit un investissement de 500 milliards d’euros pour moderniser l’infrastructure vieillissante du réseau électrique européen. Les retombées d’un tel dispositif seront nombreuses. Ce type de production créera de nouveaux métiers locaux et une activité économique accrue dans le domaine de l’énergie électrique, mais aussi, conduira à une réduction de nos émissions de gaz à effet de serre.

Vous pourrez également retrouver les articles des neuf lauréats du Concours sur le Blog Energies & Environnement de Sia Conseil, ainsi que le témoignage de deux lauréats du concours sur le blog de RTE : www.audeladeslignes.com

1 commentaire(s)
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Commentaire par pro eole
lundi 03 mai 2010 09:44
Le "smart grid" est, avec raison, décidement, LE SUJET du moment.

La France, le réseau français, est au coeur du dispositif, une récente étude européenne le démontre (et en même temps, elle valorise notre potentiel éolien).

Croyez-vous un instant que la France pourra faire ce nouveau réseau en empêchant toute implantation éolienne ?

Certains, sous influence, pensent que oui.

RTE se trompe, tous ces prix pour ces études brillantes ne servent à rien, les accords entre pays que vous citez ne serviront à rien, ce pour quoi on modifie le réseau (ex l'éolien) est un "épiphénomène"(dixit un Député important).

"Peanuts", l'éolien ?

Pourquoi faire évoluer le réseau, alors ?

L'AIE se trompe.

Nos Députés n'écoutent qu'un seul expert

Et c'est Jean Louis Butré

Expert, oui,en manipulation.

Je partage votre désarroi.

Le débat Grenelle II aurait pu s'ouvrir, magnifiquement, avec comme symbole porteur les "smart grid" : tous ensemble, quelle énergie on met dans les réseaux.

Non, la presse, unanime, ne parle QUE de la mort "planifiée" de l'éolien.

Qui gâche la fête ?


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