- Rédacteur en chef de l'Usine à GES
Transition énergétique : la loi n'est pas vraiment efficace
- Rédacteur en chef de l'Usine à GES
vendredi 05 décembre 2014
La loi sur la transition énergétique est un succès politique. mais en ce qui concerne les moyens de réduire les émissions de gaz à effet de serre, il y a des interrogations sur leur efficacité.
L'adoption par l'Assemblée nationale du projet de loi sur la transition énergétique et la croissance verte (PLTECV) est sans conteste un succès à mettre au crédit de la ministre chargée de l'Énergie.
Et, si le texte issu du débat national de 2013 ne devrait pas être promulgué avant le printemps prochain, la France peut d'ores et déjà s'enorgueillir d'une stratégie carbone pour les décennies à venir. Ce qui est heureux pour le pays hôte du sommet de décembre 2015, à l'issue duquel pourrait être conclu un accord mondial sur le climat.
Succès politique, donc, le PLTECV nous donne-t-il les outils pour décarboner notre société ? Pas forcément.
- L'économiste Alain Granjean regrette qu'aucun plan d'actions ne permette d'atteindre les grands objectifs fixés : -40 % de GES entre 1990 et 2030, réduction d'un tiers de la consommation d'énergies fossiles entre 2012 et 2030.
- Le climatologue François-Marie Bréon dénonce l'impossibilité de baisser les émissions de gaz carbonique si l'on réduit la taille du parc nucléaire. « Je ne comprends pas comment l'on peut imaginer abattre de 40 % les émissions de gaz à effet de serre, entre 1990 et 2030, en réduisant d'un tiers la part du nucléaire » , s'interroge le directeur adjoint du Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE).
- Sa cons...ur du LSCE, Valérie Masson-Delmotte, pointe d'autres insuffisances : « En l'état, ni pour la partie logement, ni pour la partie transport, ni pour la partie agriculture, ni pour la partie industrie, je ne vois de mesures aptes à apporter une telle diminution. »
- Ancien patron du programme Ecodev, l'économiste Benjamin Dessus souligne que le texte ne s'attaque pas non plus aux émissions fugitives de méthane des décharges, des méthaniseurs (1 000 doivent être construits d'ici à 2020 !) et des réseaux de distribution de gaz naturel. Navrant si l'on garde à l'esprit que le pouvoir de réchauffement du CH4 est 70 fois plus important, sur 20 ans, que celui du CO2.
Les sénateurs, qui commenceront l'examen du PLTECV dans les premières semaines de 2015, seraient bien inspirés de donner un peu plus d'efficacité au projet de loi Royal. Faute de quoi, l'accord de Paris risque de n'être qu'un catalogue de voeux pieux.
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3 commentaire(s)
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Commentaire par un physicien
vendredi 05 décembre 2014 09:30
" je ne vois de mesures aptes à apporter une telle diminution"
"Je ne comprends pas comment l'on peut imaginer abattre de 40 % les émissions de gaz à effet de serre, entre 1990 et 2030, en réduisant d'un tiers la part du nucléaire"
"aucun plan d'actions..."
"...ne s'attaque pas non plus aux émissions fugitives de méthane..."
Succès politique, donc
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Commentaire par Monnier
vendredi 05 décembre 2014 12:20
En dehors du fait que les émissions de CO2 n'ont pas grand chose à voir avec le climat, le baratin sur la réduction à 50% de la part du nucléaire dans la production d'électricité française n'est rien d'autre qu'une tromperie d'un parti rose tout autant pro-nucléaire que le parti bleu d'en face.
--- Lire ici => Transition énergétique : l'ambiguïté nucléaire
--- On attend toujours le plan de fermeture des 24 réacteurs nucléaires les plus anciens ou les plus dangereux.
--- Et aussi le plan de développement et de mise en oeuvre de toutes les énergies renouvelables produisant de l'électricité, le plan de réduction de la consommation électrique (efficacité, sobriété), le stockage inter-saisonnier de la chaleur solaire.
--- Mais ne vous inquiétez pas (pour ceux qui y croient), après une baisse temporaire des prix du pétrole pour des raisons géopolitiques, le pétrole redeviendra suffisamment "trop cher" pour en réduire la consommation car c'est l'une des principales causes des émissions de CO2.
--- Nota : malgré l'augmentation du taux de CO2 atmosphérique, la température mondiale n'a pas augmenté depuis l'an 2000 ou même 1996-1997.
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Commentaire par Gépé
samedi 06 décembre 2014 07:57
Il faudra bien un jour que les économistes comprennent que pour réussir la transition énergétique, il faut obligatoirement diminuer le cout des travaux en réduisant le cout du travail et augmenter le prix de l'énergie pour améliorer la rentabilité de ces travaux. Cela correspond à basculer la fiscalité du travail sur la fiscalité énergétique, comme le propose Nicolas Hulot et à appliquer la note n°6 du conseil d'analyse économique. Plus on attend, plus la situation se dégradera.
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