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Sommet de Cancun : le Mexique mise sur le vert


jeudi 08 juillet 2010

Le Mexique, qui prépare le sommet climatique de Cancun, prévu en novembre prochain, veut se développer dans les énergies renouvelables. Parmi celles-ci, la géothermie. Reportage à Moralia, dans le centre du pays.


Des fumerolles blanches montent à travers les pins, sur ce haut-plateau de la Sierra Madre mexicaine. Situé à 80 kilomètres de la ville de Morelia, le site de Los Azufres porte bien son nom : l'odeur de soufre qui s'échappe du sol est entêtante. Dans une trouée de feuillages apparaissent des cheminées et des lacis de tuyaux argentés : voici la centrale de géothermie exploitée par l'électricien CFE, l'EDF mexicain. «Cette unité produit près de 200 mégawatts (Mw), c'est l'une des plus grosses centrales géothermiques au monde», commente Frédéric Sauze, directeur général d'Alstom Power Mexique, qui a fourni une partie des équipements - l'industriel français possède d'ailleurs une usine à Morelia, où sont fabriqués turbines, générateurs et systèmes de contrôles.

Propre, CO2 free, cette centrale géothermique fournit 40% de l'électricité consommée par la ville de Moralia - le reste vient des barrages hydrauliques. Comment fonctionne-t-elle ? Le procédé, simple, consiste à utiliser la chaleur naturelle de la Terre. On fore des puits, à plusieurs milliers de mètres de profondeur, jusqu'à ce que l'on atteigne des sources d'eau chaude.

En remontant, par pression, l'eau se transforme en vapeur. Celle-ci est nettoyée, puis séchée «pour éviter que l'humidité n'abîme les ailettes des turbines», précise Frédéric Sauze. La pression permet de faire tourner ces fameuses turbines, qui produisent de l'électricité, à la manière d'une dynamo de vélo. La vapeur passe ensuite dans un condenseur, puis dans une «tour réfrigérante » pour revenir à l'état liquide. « Près de 30% de l'eau extraite des sous-sols est réinjectée en fin de cycle», note Frédéric Sauze.
 
Un système vertueux, encore faut-il payer le ticket d'entrée - assez élevé : il faut investir 1000 à 1500 dollars par kilowatt, soit un chèque d'une quarantaine de millions de dollars pour une unité de 25 Mw. Mais le retour sur investissement est rapide - environ huit ans. «Au Mexique, le potentiel est important : 20 000 Mw, soit le quart de la production énergétique du pays», estime Frédéric Sauze. D'autres projets pourraient donc voir le jour. C'est en tout cas la volonté d'Alfredo Elias Ayub, le PDG de CFE, qui ne perd pas de vue l'objectif gouvernemental : 35% de la production électrique provenant des énergies renouvelables d'ici à 2040 (voir l'interview de la ministre de l'énergie mexicaine). «Nous ne construirons plus de centrales à charbon ou à fuel, dit-il. Au contraire, nous voulons montrer l'exemple - notamment lors du sommet climatique de Cancun, en novembre prochain.»
 
Charles Haquet, à Moralia
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