Par Yves Leers
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Yves Leers collabore à L'Usine à Ges. Ancien jounaliste à l'AFP, où il fut longtemps responsable de la rubrique "Environnement", il a également été porte-parole de l'ADEME.
Réveillon: combien de C02 en fêtant la nouvelle année?
Par Yves Leers
jeudi 30 décembre 2010
Un "label carbone" a fait son apparition sur des bouteilles de vin blanc néo-zélandais, et d'huile d'olive. Une pratique susceptible de se développer et qui pourrait pénaliser les vins qui voyagent beaucoup, donc leurs exportateurs.
Quelle devait être l'empreinte carbone des grands vins de Bordeaux qui faisaient le tour du monde à bord de navires pour se bonifier ? Tangage et roulis des voiliers accéléraient, dit-on, le vieillissement.
Aujourd'hui, les vins traversant la planète vont trop vite
pour se bonifier, mais leur contenu carbone est, lui, très lourd.
Conscient de ce problème, un producteur néo-zélandais a décidé d'informer les consommateurs, en 2011, sur le poids en carbone de son Sauvignon blanc, le Mobius Marlborough.
La New Zealand Wine Company (NZWC) a ainsi obtenu le « Carbon Reduction Label » délivré par le Britannique Carbon Trust avec l'ONG australienne environnementale Planet Ark.
Le label est représenté par l'empreinte noire d'un pied sur fond blanc estampillé «CO2» qui orne aussi une huile d'olive australienne.
Opération vérité
Premiers destinataires de cette opération vérité, qui est aussi une belle campagne de communication, et une « première viticole » : les consommateurs australiens, qui peuvent désormais lire sur la bouteille qu'un
verre de Mobius blanc représente 190 g de CO2 chez eux contre 140 g en Nouvelle-Zélande, soit l'équivalent d'environ 5 km en voiture. La bouteille de 75 cl pèse donc 840 grammes dans son pays de production
contre 1,140 kilo de carbone en Australie, plutôt du côté de Sydney que sur la côte occidentale de l'île-continent.
Et que dire de la même bouteille débouchée en Europe ? Deux ou trois kilos de CO2 voire davantage selon le mode de transport... Un étiquetage du Mobius importé en France est prévu en 2011, à titre expérimental. La NZWC est confiante sur les résultats «compte tenu de ses pratiques environnementales». Une adaptation est prévue pour chaque marché à l'export.
Verre contre PET
Selon Carbon Trust, l'empreinte carbone qui a permis de délivrer le label porte sur toute la durée de vie du produit et la totalité de ses émissions de gaz à effet de serre, de la production (dont l'utilisation ou non d'engrais
et de pesticides, le vin n'étant pas bio) jusqu'à la distribution du produit (transport, réfrigération, etc.) ; sans oublier le devenir de l'emballage une fois devenu déchet.
La bouteille est toujours en verre mais pour combien de temps ? Une société de Cambridge, Green Bottle, expérimente ainsi une bouteille en PET (Polyéthylène téréphtalate) plus léger en poids mais pas en carbone dans la mesure où il s'agit d'un dérivé de pétrole raffiné. Et tout se complique puisque le sort du déchet ne dépend plus du producteur mais de la législation du pays où la bouteille sera débouchée voire de
« l'éco civisme » du consommateur.
Toujours en partenariat avec Planet Ark, une huile d'olive australienne - ALDI - a précédé le Sauvignon blanc : ses bouteilles portent depuis 2009 le Carbon-label.com du Carbon Trust, indiquant que l'empreinte carbone de 10 cl d'huile est de 320 gr de CO2, soit le total des GES émis lors sa vie, y compris la production, l'usage et la fin de
vie. Soit une empreinte de plus de 3 kg/CO2 par litre. Le mode de transport n'est pas précisé mais il est peu probable que l'huile d'olive australienne soit exportée en Grèce...
C'est la première fois que Carbon Trust - agence officielle dont le rôle est d'aider les entreprises britanniques à réduire leurs émissions de GES - certifie un vin et une huile d'olive. Carbon Trust évalue les émissions de GES de produits dont les ventes représentent 2,5 milliards d'euros par an dans 19 pays.