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Méthane : du grain à moudre pour la lutte contre le réchauffement climatique


jeudi 03 décembre 2009

Bernard Laponche soulignait récemment l’urgence d’engager des actions de réduction d'émissions de méthane d'ici 2030, en plus des actions indispensables sur le CO2. Benjamin Dessus, économiste, s'empare lui aussi du problème.


Les émissions anthropiques de méthane mondiales sont aujourd’hui de l’ordre de 350 M tonnes. L’agriculture en est la première responsable (38%), avec une prééminence de l’élevage. Viennent ensuite les fuites des systèmes énergétiques pour 33%, les émissions des décharges d’ordures ménagères (23%), enfin la déforestation et à la pratique des brûlis de savane (6%).

En fait, comme le montre bien une étude récente effectuée pour l’AFD (AFD, Réduire le méthane DT68 www. afd.fr), le potentiel de réduction des émissions de méthane accessible à horizon de 20 ans est de l’ordre de 30%, dont plus des deux tiers dans le secteur énergétique et la gestion des déchets ; il concerne l’ensemble des pays du monde. 

Il est donc possible d’engager à court terme des programmes ambitieux de réduction des émissions de CH4, la plupart du temps peu onéreux comme le montre l’exemple suivant .

Dans notre pays, la loi encourage les décharges contrôlées à récupérer le méthane. L’amélioration du rendement de récupération de ce procédé et sa généralisation avant 2015 à l’ensemble des décharges françaises permettrait d’éviter la plus grosse part des émissions importantes qu’elle génèrent encore (300kt). La comparaison d’un tel programme avec un programme qui peut légitimement se targuer d’économiser du CO2 comme la construction de centrales nucléaires EPR de 1500 MW, en lieu et place de centrales à gaz ou à charbon, est tout à fait éclairante : le programme méthane produirait, pour les 40 ans qui viennent,  des effets bénéfiques sur le climat du même ordre qu’un programme de 4 EPR.

Cet exemple, parmi d’autres (la récupération du grisou des mines, la méthanisation des lisiers et des fumiers, la chasse aux fuites de méthane des puits de pétrole et de gaz, une meilleure gestion hydrique des rizières,  etc.) montre que de tels types de programmes de réduction de méthane à faible coût économique et rapides à mettre en œuvre pourraient contribuer de façon efficace à réduire la très forte contrainte temporelle qui pèse sur les réductions de CO2, du fait des mesures structurelles lentes à mettre en place qu’elles impliquent  :  

- Dans les pays industrialisés où la contrainte de division par 4 des émissions de GES à l’horizon 2050 est considérable, toute action d’envergure sur le CH4 permettrait de desserrer la contrainte temporelle très forte qui pèse sur les réductions de CO2.  

- Dans les PED et les pays émergents, la recherche d’un découplage rapide de la croissance des émissions de méthane et de celle du PIB constituerait une opportunité majeure sur le chemin d’une maîtrise de la croissance de leurs émissions de GES à moyen terme.  

Dans l’urgence actuelle, il serait donc bien dommage de s’en priver !

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