Auteur
David Jellison est responsable de l'activité Water chez GE Energy pour l'Europe de l'Ouest.Michel Mercusot est Directeur de l’activité
Water chez GE Energy.
Les politiques au secours de l'eau
lundi 22 mars 2010
L'eau se raréfie de manière croissante. Partant de ce constat accablant, deux responsables de GE Energy encouragent pouvoirs publics et industriels à investir dans des solutions de réutilisation de cette denrée rare et précieuse. Leur point de vue dans cette tribune exclusive.
Les chiffres sont éloquents. Selon le Programme de Développement des Nations Unies, plus d'un milliard d’individus, soit environ un sixième de la population mondiale, n'a pas accès à l'eau potable et deux milliards ne disposent pas d‘installations sanitaires satisfaisantes. Au niveau européen, 11 % de la population est touchée par des problèmes de pénurie d'eau. Si les comportements liés à la consommation d’eau ne changent pas, deux tiers des habitants de la planète manqueront cruellement d’eau d’ici 2025. Il est grand temps d’agir !
Pour inverser immédiatement et efficacement cette tendance, nous préconisons la mise en place généralisée de mesures de réutilisation de l'eau. Les grands groupes industriels, les acteurs du système éducatif et les responsables politiques du monde entier doivent travailler ensemble et mettre en oeuvre les réglementations politiques, technologiques et fiscales nécessaires pour assurer, à l'avenir, un approvisionnement satisfaisant de l'eau propre.
Grâce à des technologies adaptées, nous pouvons collaborer aux actions menées par la Commission européenne promouvant la prise en compte des stratégies liées à l’eau dans la politique environnementale et dans celle qui favorise l'efficacité des ressources. Dans le cadre des initiatives mondiales pour promouvoir les mesures d’efficacité énergétique liées à l’approvisionnement en eau, nous sommes convaincus que la réutilisation de l'eau doit être considérée comme une contribution à la réduction des déchets ou bien comme une contribution à une meilleure efficacité du processus.
L'eau est utilisée par la plupart des secteurs industriels – production, exploitation minière, forage du pétrole et du gaz et production de l'électricité. Au niveau mondial, près de 20 pourcent des ressources d'eau douce (rivières, lacs, etc.) sont prélevées à des fins industrielles. En Europe, 11 % du prélèvement total d'eau est destiné à l'industrie tandis que 44 % est voué à la production d'énergie, 24 % à l'agriculture et 21 % à l'approvisionnement d'eau publique.
En France, la production d’énergie prélève 59% du volume total d’eau, l’irrigation en prélève 15% et le secteur industriel n’en prélève que 9%. Les besoins en eau potable engendrent un prélèvement de 18% du volume total d’eau2.
L’utilisation des technologies et systèmes existants permettent aux sites industriels de capturer, purifier et réutiliser leurs eaux usées, ce qui constitue une démarche efficace. L'eau peut également être réutilisée dans d’autres domaines comme l'irrigation agricole et paysagère, l'alimentation des nappes souterraines mais également le chauffage et le refroidissement, permettant ainsi de réduire considérablement la demande d'eau douce. En ville, la réutilisation de l'eau permet à la population demoins s’approvisionner en eau à partir des nappes souterraines et des eaux de surface, de réduire ainsi l’impact sur les écosystèmes fragiles et de permettre aux nappes de se remplir à nouveau.
Alors que les technologies permettant de réduire la consommation d'eau douce existent, leur utilisation présente encore peu d’intérêt, dès lors, qu’en Europe, il revient moins cher de prélever l'eau d'une rivière ou d'un puits plutôt que de la traiter et de la réutiliser. En Europe, seuls 2,4% de l’eau prélevée dans un effluent sont réutilisés.
Pour encourager la mise en place de ces technologies, il est indispensable que les Etats mènent des politiques incitatives et coopèrent avec les industriels, à l’image de Singapour qui a créé un fonds visant à financer jusqu'à 50 % des frais d’installation des sites de recyclage d'eau. En Europe, la directive-cadre établie par l'Union européenne prévoit d’inclure une politique de tarification de l’eau à compter de 2010. Elle encouragera les États membres à reconsidérer leur consommation d'eau courante et permettra la mise en place de projets de réutilisation de l'eau. En Estonie, plusieurs mesures ont été prises, comme la suppression des subventions - révélant ainsi le prix réel de l'eau -, la meilleure gestion de l'eau et l'application de dispositifs sanitaires plus modernes. Cela a entraîné une réduction de la consommation de plus de 50 % depuis les 15 dernières années.
La mise en place d'un cadre tarifaire au niveau national et de mesures de gestion de l’eau permettraient à l'Europe de garantir un accès à l'eau à sa population. L’implantation de mesures financières incitatives en faveur du recyclage et de la réutilisation de l'eau sont aussi des étapes essentielles pour y parvenir.
Résoudre les problèmes de l'eau dans le monde sera un travail de longue haleine. Les élus, les industriels, les universités, les organismes à but non-lucratif et les municipalités du monde entier doivent se mobiliser pour définir comment valoriser, utiliser et réutiliser l'eau.
La Journée mondiale de l'eau nous rappelle que la raréfaction de l’eau est un problème majeur pour lequel nous nous devons d’agir maintenant.
Notre avenir en dépend.
Voir le site de GE Energy
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1 commentaire(s)
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Commentaire par Egal
jeudi 25 mars 2010 18:57
Je ne crois pas que vos chiffres soient exacts sur les prélèvements : 59 % de l'eau prélevée pour l'énergie ! Quelle eau ? Celle des barrages, des tours de refroidissement des centrales ? Mais une énorme proportion retourne au fleuve ou à la rivière. Cela mérite des précisions.
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