Auteur
Aileen Ionescu-Somers is Deputy
Director of the Forum for Corporate Sustainability Management (CSM),
at IMD, a world renowned business school in Switzerland. CSM is an applied research
platform focused...
Les entreprises chinoises face à leur responsabilité climatique
mardi 01 décembre 2009
La Chine, en vue de Copenhague, se dit prête à réduire son intensité carbonique de 40 à 45% d'ici à 2020. Mais, transformer les paroles en actes s’avère souvent difficile. Saura-t-elle relever le défi ?
Le premier Ministre Chinois a déclaré hier être « décidé à faire avancer la conférence de Copenhague dans la bonne direction (...) dans le cadre d’un système de responsabilités communes mais différenciées ». Car la Chine, même devenue l’un des états qui pollue le plus, demeure encore loin derrières les pays développés en matière d’émissions de GES. Si elle admet vouloir apprendre des Européens, qui sont, selon elle, à la pointe sur les technologies d’efficacité environnementales, le chemin pourrait être plus compliqué que prévu…
Les recherches menées par le Forum for Corporate Sustainability Management (CSM), à l’IMD, une école de gestion parmi les plus réputées dans le monde entier, donnent un aperçu intéressant de la capacité des entreprises chinoises à affronter ce formidable défi.
CSM est un centre de recherche et d'apprentissage partenaire d'en entreprises mondiales. Il y a 6 ans, ce centre avait réalisé une étude en collaboration avec l'Université des Sciences et Technologies de Chine, sur la perception des cadres chinois de la gestion environnementale et sur leur sensibilité aux menaces environnementales. Bien que les cadres chinois aient admis que leurs entreprises avaient des impacts significatifs sur l’environnement, ils estimaient que la performance environnementale pouvait aller à l'encontre de la croissance économique et de la création d'emplois. La sensibilisation à l'environnement était elle-même considérée inadéquate à cause d’un manque d'expertise technique, qui, d’après eux, empêchait l'intégration de critères environnementaux dans le processus des chaînes de valeur en entreprise. En outre, ces cadres considéraient que la formation du personnel n'évoluait pas assez rapidement pour remédier à ces facteurs. Il y avait ainsi beaucoup d'ambiguïté autour de l'application de ces règles environnementales, en raison de facteurs multiples : protectionnisme, menaces de perte d'emploi. Un climat général de "laissez allez" régnait à l'égard de la conformité environnementale -souvent dû à un double sentiment d'inertie et d'impuissance- en raison d'obstacles économiques et politiques au progrès.
En 2008, le CSM a travaillé sur la stratégie du WWF Climate Savers, un groupement de sociétés de divers secteurs, qui se sont réunies en 2000 pour se focaliser sur la création d’inventaires d’émissions CO2 et d’objectifs de réduction atteindre. Le but initial était de créer un nombre limité d’entreprises «modèles» -au moins une dans chaque industrie- qui travailleraient sur des objectifs écologiques ambitieux. L'espoir étant que d’autres compagnies commenceraient à suivre ces « leaders».
Ce qui est intéressant mais non surprenant, est le fait que les mêmes problèmes identifiés par l’IMD dans ses recherches sur les entreprises chinoises sont actuellement intensément ressentis par le WWF. Trop peu d'entreprises chinoises sont pionnières ou leaders dans l’action sur les changements climatiques. Pourtant, cela ne signifie pas qu'il n'y ai pas d’action. En 2006, un projet de recherche de l’IMD sur les chaînes d'approvisionnement durables avait démontré que, surtout dans les économies en développement, les entreprises nouvellement créées pouvaient saisir des opportunités pour faire de grands pas technologiques (leapfrogging). Tandis qu’en Europe ou aux Etats-Unis, où ces technologies ce sont développées depuis longtemps, les entreprises conservent leurs actifs trop longtemps par rapport à ce qui serait bon pour résoudre le challenge du réchauffement climatique.
Comme l'IMD l'avait identifié il y a six ans, le WWF est de plus en plus préoccupé par le manque d’avancement des entreprises chinoises vers une «économie propre». Ces entreprises publiques ont tendance à être moins proactives que les entreprises privées dans l'introduction de nouvelles technologies, ou à la réalisation de refontes profondes des systèmes d'entreprise.
Les entreprises chinoises seront-elles capables et désireuses d'appliquer et de commercialiser, à grande échelle, des technologies actuellement ou prochainement disponibles destinées à stabiliser le changement climatique? Rien n'est moins sûr.