Participez aux débats sur l'énergie de demain
 - Rédacteur en chef de l'Usine à GES

Les délires de la géo-ingénierie


jeudi 05 avril 2012

Dans un essai décapant, le chercheur Bertrand Guillaume et le journaliste
Valéry Laramée de Tannenberg dénoncent la tentation de chercheurs et
d’entreprises de vouloir artificiellement refroidir le climat. Morceaux choisis.


Lire la dernière lettre de L'Usine à GES

La nouvelle a fait grand bruit. En septembre dernier, des chercheurs de quatre universités britanniques annoncent vouloir valider le concept du... volcan artificiel.

En 1991, les poussières émises lors de l'éruption du Pinatubo, obscurcissant le ciel, avaient rafraîchi de 0,5 °C le climat mondial durant quelques mois. Suivant ce modèle naturel, les scientifiques imaginent « refroidir le réchauffement » en injectant dans la stratosphère des sulfates, capteurs de chaleur solaire.

Pour démontrer la faisabilité de leur système, les chercheurs entendaient brumiser quelques dizaines de litres l'eau par heure, à moyenne altitude. L'étape suivante aurait consisté à mettre en batterie 64 tubes de 25 km de long, pour diffuser dans les hautes couches de l'atmosphère, un véritable fog soufré. Coût du projet : entre 50 et 500 milliards de livres pour disperser 2 millions de tonnes par an de sulfates et d'aérosols. Succès pas garanti.

Sous la pression de l'opinion publique, et notamment d'ETC Group, une ONG spécialisée dans la dénonciation de « dérives scientifiques », les hommes en blanc ont suspendu leur projet épicé. Pour combien de temps ?

Une histoire qui remonte loin

Car, la pression monte. De toutes parts, soulignent le chercheur Bertrand Guillaume (UTT, Dartmouth College) et Valéry Laramée de Tannenberg, collaborateur de L'usine à GES, des voix s'élèvent pour parer au manque de volonté politique d'abaisser les émissions de GES en s'appuyant sur les technologies les plus folles.

Comme souvent, la folie de certains chercheurs est aiguillonnée par le génie militaire. Le 10 novembre 1949, Andreï Vyshinsky, ambassadeur soviétique à l'ONU, stupéfie son auditoire : « L'Union soviétique n'utilise pas l'énergie atomique dans le but d'accumuler des bombes atomiques. Elle utilise l'énergie nucléaire pour dynamiser son économie domestique, en rasant des montagnes, en changeant le cours de fleuve, en irriguant des déserts, en traçant de nouvelles voies dans des régions fermées à l'homme. »

En pleine guerre froide, les Américains ne sont pas en reste. « Le 3 juillet 1972, The New York Times révèle que l'US Air Force, l'US Navy et la CIA provoquent, depuis la fin des années 1960, des pluies diluviennes sur la piste Hô Chi Minh, sur les radars nord vietnamiens mais aussi... sur les manifestations de bonzes hostiles au pouvoir sud-vietnamien », rappellent les auteurs.

Bombarder la lumière du soleil

Atom for Peace ; l'ensemencement des nuages : ces concepts, directement issus des laboratoires militaires, effraient autant qu'ils fascinent. En août 1997, Edward Teller, l'un des plus célèbres physiciens du moment développe l'idée du volcan artificiel : « Dans une communication commune avec ses confrères Lowell Wood et Roderick Hyde, l'un de ceux à qui on attribue la paternité de la bombe H, propose de prévenir le réchauffement de la planète en bombardant l'atmosphère de particules qui réfléchiraient la lumière incidente du soleil à peu de frais. Celui qui fut l'inspirateur du système de défense antimissile de Ronald Reagan, connu sous le nom de « Guerre des Étoiles », suggère d'utiliser à cet effet les canons de la Marine ou encore des avions de chasse. »

Mais les scientifiques purement « civils » sont aussi de la partie. Au début des années 1980, l'océanographe américain John Martin fait le lien entre concentration en fer de l'eau de mer et productivité du phytoplancton : « Il est alors convaincu de l'intérêt de cette découverte pour contrecarrer ce que l'on commence à appeler outre-Atlantique le "Global Warming" ». L'idée de ce spécialiste des traces métalliques dans les océans est assez simple. En provoquant des conditions favorables à leur éclosion, il est possible de créer des nuages de phytoplancton colossaux, lesquelles plantes marines microscopiques vont pomper le gaz carbonique de l'air grâce à la photosynthèse. "Donnez-moi un demi tanker de fer et je vous donnerai un âge glaciaire", résume-t-il. »

 Partant du principe que plus la surface terrestre est claire, plus elle renvoie de rayons solaires dans l'espace, deux chercheurs du très sérieux laboratoire Lawrence Berkeley imaginent aussi repeindre en blanc toutes les zones urbanisées : « Ainsi décolorées, les villes pourraient donc compenser 44 GtCO2, voire 57 GtCO2 si l'on y ajoute les bénéfices énergétiques imputables à l'abaissement du recours à la climatisation dans les logements blanchis. »

 Seule question : y aura-t-il assez de peinture blanche ?

En savoir plus
Réagissez à cet article
 (3) 
Nom *
Email *
Votre commentaire * (limités à 1500 caractères)
3 commentaire(s)
[1]
Commentaire par tartetatin
jeudi 05 avril 2012 22:28
Qui peut se dire chercheur et ignorer que l'atmosphère se réchauffe par convection ?
[2]
Commentaire par patrig k
vendredi 06 avril 2012 11:13
De la théologie religieuse à la théologie scientiste , il n'y avait que 3 siècles de décalage dans le temps ... Ils y sont parvenus ..

Ces théologiens sont pourtant bien en place à l'AIEA, et dans tout le lobby nucléaire, qui prétend pouvoir également réduire les GES en fabriquant des milliers de milliers de réacteurs nucléaires, dont les ressources sont pour l'instant limitées à 60 ans tout juste pour les 430 réacteurs actifs actuellement ..

Selon certains spécialistes, et pour que l'atome puisse etre en mesure de faire fondre ces GES, ce n'est pas moins de 6000 réacteurs qu'il faudrait mettre en chantier , ce avant 2020 2030 ( 333 réacteurs/an ! pour 30% de production EgPrimaire) ...

Avec quelle finance ? Quelle ressource, d'autant que les dernières prises de territoires du SAHARA par des rébellions Touaregs, remettent sérieusement en cause, les positions françaises au Sahara, et tordent les mensonges répétés depuis des décennies par le lobby d'Etat français ... Qui n'a rien de bien différent de ces scientistes atteinds de "folies" réparatrices innaccessibles et délirantes , tout simplement ...

Alors, si il y a lieu d'etre choqué par ces énergumènes ; que devrait on dire , des responsables politiques français qui s'évertuent de nous reservir de l'indépendance nucléaire à la française, fondée sur des pillages organisés depuis l'ére de la colonisation et la francAfrique toujours vivace ..
[3]
Commentaire par Jules
mardi 12 juin 2012 17:38
Valéry Laramée de Tannenberg et Volodia Opritchnik sont la même personne !!!
PARTICIPEZ !
Cet espace est le vôtre !
La chaîne Energie de LExpansion.com
vous ouvre ses colonnes. Partagez vos analyses !