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 - Rédacteur en chef de l'Usine à GES

L’oméga 3, c’est bon aussi pour le climat


mardi 12 février 2013

En remettant les vaches à l’herbe, une association d’éleveurs produit non seulement un lait à haute valeur
nutritionnelle mais aussi des crédits carbone. Une démarche unique au monde.


La dernière lettre de L'Usine à GES

Depuis des décennies, les scientifiques savent que la nourriture donnée aux vaches influe sur la qualité nutritionnelle du lait et la production de rots de méthane des ruminants. Au terme d'une quinzaine d'années de recherches, les chercheurs
de l'Inra et les éleveurs du groupement Bleu-Blanc-Coeur (BBC) ont mis au point une méthode révolutionnaire pour tirer pleinement parti de ce mécanisme naturel.

En ne nourrissant les vaches que d'herbe (à 80 %) et de graines de lin, de colza et de lupin, chercheurs et paysans ont réduit la production de graisses saturées et accru le taux d'acide gras oméga 3 dans le lait. « Le lait ainsi produit est d'une
bien meilleure qualité nutritionnelle que les laits habituels. Cinq études cliniques sur l'homme l'ont démontré », résume Nathalie Kerhoas, directrice générale de BBC. Bon pour l'homme, le lait BBC s'avère également bon pour le climat.

Pour schématiser, le retour des vaches à l'herbe réduit, lors de la digestion, leur production de méthane, gaz à effet de serre 25 fois plus puissant que le CO2. « Les vaches qui mangent de l'ensilage d'herbe et des graines produisent entre 15 % et 20 % de méthane en moins. De ce fait, elles conservent plus d'énergie pour elles. Elles sont donc en meilleure santé, plus fertiles, plus productives et voient moins souvent le vétérinaire », s'enthousiasme Jean-Pierre Pasquet, éleveur à Châtillon-en-Vendelais.

Autant de bénéfices, validés par le programme national nutrition santé, auraient normalement suffi aux 5 000 producteurs regroupés dans BBC. Pas à Nathalie Kerhoas. « Nous avons souhaité valoriser les efforts de nos adhérents », explique-telle. Sur fonds propres l'association entreprend de faire valider par le Centre interprofessionnel technique d'études de la pollution atmosphérique (Citepa) le calcul de l'allégement de l'empreinte méthane du « retour à l'herbe ».

Un projet validé par l'ONU

Nantie de données certifiées, BBC se lance dans une aventure autrement plus audacieuse : faire reconnaître son menu bovin comme un moyen efficace de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Après des mois de démarches, elle obtient que le ministère de l'Écologie et l'ONU accréditent le projet au printemps dernier, dans le cadre de la mise en oeuvre conjointe (MOC), l'un des mécanismes du protocole de Kyoto. Cette année, BBC devrait donc recevoir 25 068 unités de réduction d'émissions. Baptisée « Éco-Méthane », cette opération devrait être renouvelée ces prochaines années.
Reste à savoir comment utiliser les crédits carbone dont le prix sur les marchés n'est pas au zénith. En plus de chercher des acheteurs, la directrice de BBC entend surtout convaincre les fournisseurs des 500 éleveurs « bas méthane » d'accepter
des URE en paiement de leurs produits. « Nous souhaitons mettre en place une économie du carbone positive », avance-t-elle. « Pour la première fois, nous sommes au coeur d'une démarche environnementale et nous ne la subissons pas », conclut Jean-Pierre Pasquet.
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