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Krach sur les quotas de CO2


mercredi 10 février 2010

Comment les marchés du carbone européens peuvent-ils avoir trop de quotas pour 2009, alors que les émissions réelles ne sont pas encore connues ? Pour Alexia Tilly, ces résultats s'expliquent par un savant mélange de spéculation et de bon calendrier...


Les frimas hivernaux sont théoriquement de nature à soutenir les cours de C02. En Pologne, un pays qui produit 90 % de son électricité au charbon, les centrales thermiques alimentées au lignite tournent à plein régime, avec leur lot d’émissions carbonées. Pourtant sur Bluenext, les quotas ont dégringolé jusqu’à 12,17 euros en début d’année, avant de revenir vers les 13 euros fin janvier. À l’heure des bilans, puisque les industriels sont actuellement en train de comptabiliser leurs émissions, le quota devient une denrée abondante. À la Deutsche Bank, Mark Lewis a revu, début janvier, ses prévisions : le surplus annuel de quotas devrait atteindre 260 millions de tonnes (contre 115 millions de tonnes initialement prévues), sur un total de 2,08 milliards de quotas annuels.

Même les Espagnols…

«On est en train de se rendre compte que le marché a trop de quotas pour 2009, alors que les émissions réelles ne devraient pas être connues avant fin février. Même les électriciens espagnols et allemands, gros acheteurs de quotas d’ordinaire, devraient n’avoir qu’un recours modéré au marché pour se mettre en conformité», affirme le trader d’un groupe électricien allemand. Les quelques 12 000 sites industriels européens participant au marché de quotas ont jusqu’au mois d’avril pour rendre le nombre de quotas correspondant à leurs émissions ; ce qui devrait être relativement indolore. Pour la France, les émissions de CO2 devraient atteindre 124 millions de tonnes si l’on en croit les prévisions de la Société Générale, alors que les industriels ont 130 millions de quotas en leur possession. Soit un cadeau de quelque 70 millions d’euros au cours actuels, si les quotas étaient immédiatement monétisés.

Spéculation ou lendemains qui chantent ?

Mais à l’étonnement général, les industriels ne se délestent pas de leurs surplus. Le recul des cours constaté sur le marché se fait dans des volumes modestes qui trahissent plus des mouvements de spéculation que de vrais transferts massifs de quotas. ArcelorMittal ou Total préfèrent visiblement conserver leurs allocations pour des périodes d’activité plus fastes de leurs hauts-fourneaux et autres raffineries. Une façon de spéculer sur le futur, qui limite la chute des cours aujourd’hui. Mais tout changement de stratégie pourrait accentuer la pression sur les cours, qui sont susceptibles de sombrer vers les 9 euros selon un trader. Le mouvement de recul des cours constaté depuis l’échec de Copenhague vient aussi démontrer que les éléments fondamentaux, déjà bien fragiles, ne sont pas seuls en cause : le sentiment du marché joue beaucoup. Ainsi, les cours des quotas se sont effondrés de 6 % en deux séances lors de l’élection d’un sénateur républicain dans le Massachussets, qui pourrait remettre en cause la proposition de loi américaine sur la proposition de loi américaine sur le climat et surtout, son projet de marché carbone.

Tableau des prix

Prix moyens mensuels €

Prix au 25.01.10 €

Quotas européens Blue Next

Marché spot

 

 

Quotas européens EEX

Marché spot

12,83

12,94

Livraison déc 2009

Livraison déc 2011

Livraison déc 2012

13,17

 

 

13,69

 

14,48 

13,36

 

 

13,83

 

14,59 

Crédits ONU (MDP)

Unités de réduction certifiées d’émissions

11,61

11,91

RGGI

2,25

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