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Hervé Grimaud : « le recyclage des lampes est une mission d’intérêt général


jeudi 10 janvier 2008

Créé en mai 2005, Récylum a la particularité d’être une société commerciale à but non lucratif dont la mission est de collecter et de recycler toutes les lampes à économie d’énergie et tubes fluorescents, moins consommateurs que les traditionnelles ampoules à incandescence (août 2007)


default text   M. Hervé Grimaud, vous avez fondé et vous dirigez Récylum, une société créée à la demande des producteurs de lampes, et dans un cadre légal. Pouvez-vous expliquez ce statut original ?


Récylum n’est pas une aventure entrepreneuriale classique, en ce sens  que nous avons été créés du fait de l’évolution de la réglementation, issue d’une directive européenne de 2003  transposée dans le droit national français en 2005. Cette réglementation impose à toutes les sociétés françaises qui mettent sur le marché des équipements électriques et électroniques, et, en ce qui nous concerne, des lampes à économie d’énergie et des tubes fluorescents, de se préoccuper, dès la vente du produit neuf, de la fin de vie de ce produit.
Le producteur – ou celui qui met la lampe sur le marché - peut assurer lui-même ce service de récupération et de recyclage, ce qui est illusoire pour un produit aussi diffus que les lampes qui se trouvent dans tous les foyers et entreprises. L’alternative pour le producteur est de mutualiser ses obligations de collecte et de recyclage au sein d’un éco-organisme. C’est pourquoi Récylum a été créé en mai 2005.
Nous sommes une société commerciale à but non lucratif. Nous n’avons le droit d’intervenir, pour le compte des producteurs, que dans le cadre d’un arrêté d’agrément accordé en 2006 par les pouvoirs publics, qui  nous interdit de faire des profits. Nous sommes financés par les producteurs, et tout l’argent que nous recevons est exclusivement  utilisé pour financer la filière et l’information des utilisateurs de lampe.

En fait, ces produits à économie d’énergie sont taxés au départ pour permettre votre financement …

Le terme de « taxe » est impropre, puisque cet argent ne vient pas abonder le budget de l’Etat.
Il s’agit d’une charge qui est supportée par les sociétés qui mettent sur le marché ces lampes. Cette charge, du fait de la loi, est obligatoirement répercutée, sans marge ni remise, sur l’utilisateur final.
Au moment de la mise sur le marché, c’est l’utilisateur, qu’il soit un professionnel ou un particulier, qui va payer un supplément de prix, lequel pré-finance la fin de vie de la lampe. Cette charge est collectée par le producteur et reversée intégralement à Récylum.

Comment s’exerce le contrôle de votre activité ?

Nous sommes sous un contrôle étroit des pouvoirs publics (ministère de l’écologie, ministère des finances, ministère des collectivités locales) et nous rendons compte régulièrement à ceux-ci mais aussi à une commission d’agrément, organisme représentatif du corps social, c’est-à-dire des collectivités locales, des associations de consommateurs, des associations de protection de l’ environnement, des industriels du recyclage , de la distribution grand public ou commerce de proximité.
En effet, cette filière, qui  est un service d’intérêt général, dans un marché administré, réglementé, doit se déployer dans une forme de consensus entre toutes les parties concernées.

Etes-vous le seul éco-organisme agréé ?

Le décret prévoit qu’il peut y avoir plusieurs eco-organismes pour chaque type de déchets. Pour les réfrigérateurs/téléviseurs/ordinateurs, il y en a trois qui ont été agréés :  Eco-Systemes, Ecologic et ERP (European Recycling Platform).
Pour les lampes, il n’y en qu’un. Je crois que le bon sens a prévalu. Les frais fixes liés à la collecte et à l’information sont très lourds. Il a paru évident aux pouvoirs publics et aux producteurs que cela faisait sens de mettre moyens financiers dans un seul outil, en l’occurrence Récylum.

Si l’on se place du côté d’une entreprise qui fait le choix d’installations à économie d’énergie,  comment cela fonctionne-t-il ? Vous venez chercher les lampes usagées ?

Il ne faut pas oublier que le décret a un objectif unique qui est purement environnemental. Il faut donc avoir des conditions de collecte et d’élimination dont le bilan environnemental soit positif. Si nous allions chercher les lampes dès qu’une d’elles est hors d’usage, le véhicule qui irait la chercher polluerait plus qu’elle ! L’objectif est donc de massifier, de faire en sorte qu’on déplace un véhicule à condition qu’une certaine quantité de lampes soit rassemblée sur un point.
Nous mettons donc des containers de collecte, qui sont  spécifiques car les lampes ne doivent pas être brisées, à disposition de tous les détenteurs qui ont la capacité de remplir un container d’un mètre cube en quelques mois. Nous les fournissons gratuitement aux déchetteries et aux sociétés. Nous avons beaucoup de containers chez les industriels, dans les PME, notamment celles impliquées dans les installations électriques.  Egalement dans les commerces importants qui eux même vendent des lampes. Ces derniers ont  en effet une obligation de  reprise « un pour un » des produits puisque vous pouvez rapporter une lampe usagée quand vous en achetez une neuve.

Avec quels moyens convoyez-vous ces containers vers les centres de recyclage ?

Nous n’avons pas de moyens propres, nous faisons appel à des prestataires de services.
Nous avons sous-traité la logistique de la façon la plus rationnelle pour diminuer son impact  environnemental. Nous avons divisé la France en huit zones plus les DOM. Chaque zone a été confiée à un collecteur de déchets qui dispose personnellement des moyens adaptés.
 
Et nous confions les lampes collectées à des opérateurs spécialistes du recyclage des lampes.
Récylum couvre tout le territoire français et nous avons l’obligation d’apporter ce service dans les mêmes conditions économiques à tous les détenteurs de France et des DOM.

Quels sont les techniques de recyclage ?

IIl existe plusieurs techniques. L’une consiste à tout broyer puis à trier les composants. Une autre consiste à  démonter la lampe avec des machines automatisées. On récupère les connexions électriques, on vide les poudres fluorescentes, et on broie donc un verre « propre ». Ces deux techniques permettent de récupérer plus 80 pc de verre qui est totalement recyclé pour fabriquer de nouveaux tubes, ou des abrasifs,  ou des isolants. Les parties métalliques (aluminium, cuivre) sont entièrement recyclées dans la filière métal. Le mercure, présent en très faible quantité, est récupéré dans la filière mercure.
Seule une très faible partie, que représentent les poudres fluorescentes, ne peut pas être recyclée et est enfouie, après neutralisation.
 
Quelles sont les économies réalisées avec les ampoules basse consommation ?

L’ampoule à incandescence  est un non-sens énergétique puisque plus de 95 pc de l’énergie injectée fournit de la chaleur, pas de la lumière. C’est un gaspillage énorme. Ce n’est pas le cas de la lampe à économie d’énergie, qui génère cinq fois plus de lumière pour une même consommation.

Une deuxième économie, qui est loin d‘être négligeable pour les entreprises, vient du fait que la durée de vie de ces lampes est dix fois supérieure à celle de l’ampoule à incandescence. L’entrepreneur fait donc des économies sur le budget de maintenance, avec moins d’interventions. Cela est très sensible dans l’éclairage de villes ou des locaux industriels. Il peut y avoir un investissement au départ pour adapter le système d’éclairage mais le retour sur investissement est rapide.

Et en matière de bilan énergétique global ?

Des chiffres ont été donnés par des organismes indépendants. Il y a un fort consensus pour dire que si tout le monde utilisait des lampes à économies d’énergie sur la planète, c’est la moitié de l’objectif de Kyoto qui serait atteint. Si en France, tout le monde le faisait, c’est plus d’une centrale nucléaire qui serait économisée en termes de production électrique.


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