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Crise financière ou crise écologique : faut-il choisir ?


vendredi 17 avril 2009

Les énergie renouvelables sont gourmandes en investissemeents très lourds et en argent frais. Leur développement risque d'être sacrifié sur l'autel de la crise financière. Une erreur magistrale !


Cet article a gagné un 2eme prix au Concours étudiant Energies et Avenir organisé par SIA-Conseil, L'Expansion et RTE.

Face à la prise de conscience de la dégradation de l’environnement du début des années 2000, les dirigeants européens ont approuvé dès mars 2007 un paquet « énergie-climat », où ils se sont engagés à réduire leurs émissions de CO2, améliorer les économies d’énergie et augmenter la part des énergies renouvelables pour tenter de résoudre la crise écologique. Il ne s’agit plus de développer tout azimut, mais de se diriger vers un développement durable, où les avancées économiques sont pondérées par des contraintes écologiques.

Aujourd’hui, une nouvelle crise s’invite dans les débats : une crise économique. Le secteur des énergies renouvelables, financé à 80% par emprunt auprès des banques en période de raréfaction du crédit, est touché de plein fouet. Cette seconde crise est-elle un obstacle à la résolution de la crise écologique ? Faut-il choisir entre la résolution de l’une ou de l’autre ?
 
Les Etats sont face à des choix stratégiques délicats. En matière d’énergie, une réorientation vers les énergies sûres et durables est évidemment nécessaire. Mais les gouvernements peinent à trouver le mix-énergétique qui combinera respect de l’environnement et rentabilité. Ces hésitations se retrouvent dans la diversité des choix stratégiques d’un pays à l’autre. La production d’électricité française provient à 77% des centrales nucléaires, alors que celle de son voisin allemand est constituée de 22% de charbon, 29% de lignite et 31% de nucléaire. Même si sur le long terme, les énergies renouvelables polluent moins que les énergies classiques telles que le pétrole, elles ont néanmoins leur part de pollution : les cellules photovoltaïques demandent des produits chimiques polluants (le silicium), la biomasse produit des gaz nocifs pour l’atmosphère, l’hydraulique détruit des écosystèmes. Le choix des énergies alternatives n’est pas évident.

De plus, elles nécessitent des investissements à hauteur de milliers de milliards de dollars. Selon le Programme des Nations Unies pour l’Environnement, les investissements en matière d’énergies propres devraient atteindre 1 900 milliards de dollars d’ici 2020. Dans un contexte de crise financière, les dirigeants tardent donc à donner des axes forts pour un développement durable. Or de nouveaux moyens de financement ont déjà vu le jour et fonctionnent. Sur le plan international, dix pays industrialisés se sont engagés le 26 septembre 2008 à financer pour 6,1 milliards de dollars deux nouveaux fonds d’investissements climatiques institués par la Banque mondiale. Individuellement, les gouvernements disposent de multiples leviers, comme les normes réglementaires dont le coût vient s’imputer dans les prix de revient des producteurs, le levier fiscal ou encore le système de marchés de permis d’émission et son principe de « pollueur-payeur ». Les résolutions des deux crises ne s’opposent donc pas fondamentalement.

Cela implique une réorganisation globale du secteur énergétique. Une reconversion industrielle génèrerait de nouvelles sources de travail : si aujourd’hui les emplois sont plus importants du côté de la production, une reconversion les orienteraient vers la maintenance, l’entretien, la réparation, le recyclage. Plusieurs exemples attestent de son intérêt économique. Certaines provinces de Chine comme celle du Guangdong réalisent une reconversion de ses entreprises au profit de secteurs plus prometteurs et durables. De même, aux Etats-Unis dans l’Iowa, les villes anciennement industrielles se sont reconverties dans les énergies renouvelables créant des milliers d’emplois. Le marché des énergies propres a un potentiel gigantesque. Pour Daniel M. Kammen, directeur du Laboratoire des énergies renouvelables de l’université de Californie à Berkeley, l’éolien pourrait créer plus de trois millions d’emplois d’ici à 2030, le solaire et les agro-carburants près de cinq millions d’emplois aux Etats-Unis. Moyennant des nouvelles méthodes de financement et une impulsion étatique claire, une relance de l’économie par un développement durable est donc possible.

Les énergies propres nécessitent des investissements colossaux, mais qui en valent sûrement la peine tant d’un point de vue écologique que d’un point de vue économique. En combinant de bonnes orientations économiques et des choix énergétiques clairvoyants, les gouvernements n’ont plus que jamais l’opportunité de résoudre deux problématiques fondamentales pour l’avenir de la planète et de l’Humanité.


La production d'énergie en France en 2007


 
(1) Fioul lourd, fioul domestique et coke de pétrole - (2) Chiffres de 2002 - (3) D'après BP Statistical Review - (4) 1 tep = 11.628 kWh ou1 tep = 7,33 barils de pétrole - (5) Dépend du lieu de production  - (6) Charbon composé de 50 à 60% de carbone

Livres

- Anne Levèvre-Balleydier, L’après-pétrole, lorsque les puits seront à sec, Larousse
- E. Arnaud, A. Berger, C. De Perthuis, Le développement durable, Nathan

Articles de périodiques

- Valérie Rivière, Stratégies des entreprises et matières premières, Espace Prépas n°120
- Mylène Peron, Les droits à polluer, Espace Prépas n°120
- A. Lacroix, M. Legros, M. Eltchaninoff, Un autre monde est-il possible ?, Philosophie Magazine, n°1
- Guillaume Duval, Une dépendance croissante, Alternatives Economiques, n°245
- Johann Hari, La seule vraie priorité, The Independent, extrait du Courrier International, n°945
- P. S. Goodman, Dans l’Iowa, l’industrie mute, extrait du Courrier International, n°945
- J. Rifkin, Une nouvelle filière industrielle, extrait du Courrier International, n°945
- Weronika Zarachowicz, Et si l'écologie “profitait” de la crise financière ?, Télérama n° 3069, 9 novembre 2008
- Laurence Caramel, Pavan Sukhdek veut mettre un prix sur les services rendus par la nature, Le monde, 01 janvier 2009
- Christine Llejoux, Retournement de situation pour les valeurs vertes, La tribune, 31 décembre 2008

Sites Internet

- Ministère de l’écologie, de l’Energie, du Développement, Durable et de l’Aménagement du territoire, Bilan des énergies et matières première, Octobre 2008, 101p
- Syndicat des énergies Renouvelables, France Energie Eolienne, Le développement de l’éolien dans le monde, septembre 2008, 2p
- Direction Générale de l’Energie et des Transports, France, Fiche descriptive sur l’Energie Renouvelable, 23 janvier 2008, 4p
- DGEMP (Direction Générale de l’Energie et des Matières Premières)-DIDEME (Direction de la Demande et des Marchés Energétiques), La valorisation énergétique produite par l'incinération des ordures ménagères
- Christophe-Alexandre Paillard, L'Allemagne, la Russie et l'énergie, 19 mars 2007, 8p
- Jean-Luc Bennahmias, Le plan "Energie-Climat" de l'Union européenne, 23 décembre 2008

Conférence/Entretien

- Conférence de Pierre Sigonney, TOTAL et le futur énergétique, décembre 2008
- Entretien avec M. Hayes, Caisse des Dépôts et Consignations, décembre 2008


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